Le président allemand, Christian Wulff, démissionne
LEMONDE.FR | 17.02.12 | 11h25 • Mis à jour le 17.02.12 | 13h51
Le président Christian Wulff, à Berlin, le 22 décembre 2011.AP/Markus Schreiber
Berlin, correspondance - Christian Wulff, président de la République fédérale d'Allemagne, a démissionné de ses fonctions, vendredi 17 février, peu après 11 heures. Le chef d'Etat, dont les fonctions sont principalement honorifiques, n'a pas pu résister à la pression qui s'était accumulée sur lui ces deux derniers mois. Mis en cause dans différentes affaires remontant à l'époque où il était ministre-président du Land de Basse-Saxe, soupçonné de prévarication, il a subi le dernier coup de semonce jeudi soir, quand le parquet de Hanovre, capitale de la Basse-Saxe, a requis contre lui la levée de son immunité présidentielle. Une première en Allemagne.
Vendredi, Christian Wulff est apparu devant les caméras en compagnie de sa femme, Bettina, qui a été très présente à ses côtés tout au long de son mandat. Dans son discours, il a déclaré qu'il estimait "ne plus disposer de la confiance nécessaire" pour exercer ses fonctions, et qu'en conséquence il "démissionn[ait] aujourd'hui afin d'ouvrir rapidement la voie pour la désignation d'un successeur". Il s'est dit certain que l'enquête menée contre lui aboutirait à son blanchiment total, tout en rappelant son bilan, essentiellement composé de ses déclarations en faveur d'une plus grande intégration de l'islam en Allemagne.
Cette démission met fin à deux mois d'un feuilleton médiatique autour du plus haut personnage de l'Etat. D'abord mis en cause dans la presse pour avoir profité d'un crédit à taux préférentiel pour l'achat de sa résidence principale, il avait livré des explications peu convaincantes, avant de s'illustrer par ses démêlés avec le puissant journal Bild Zeitung, quotidien le plus lu du pays. Dans un message laissé sur le répondeur du rédacteur en chef du quotidien, il avait tenté de faire pression afin d'empêcher la publication d'un article à son encontre. Depuis, des révélations d'affaires de plus en plus embarrassantes pour Christian Wulff s'étaient multipliées. Deux couvertures critiques de l'influent magazine Der Spiegel lui ont été consacrées en l'espace de deux mois.
C'est la deuxième démission en moins de deux ans d'un président de la République fédérale d'Allemagne, une fonction jugée par beaucoup de citoyens durablement entachée. En mai 2010, l'ancien président Horst Köhler avait quitté ses fonctions après un article critique sur ses déclarations concernant l'Afghanistan. Christian Wulff lui avait succédé à la fin juin 2010, au terme d'une élection très délicate.
Né en 1959, Christian Wulff a été le plus jeune président de la République allemand. Il devait incarner une certaine modernité et redorer l'honneur de la fonction. Sur cette dernière mission, il a échoué, au terme d'une vingtaine de mois seulement.
Pour Angela Merkel, l'affaire est sérieuse. C'est elle qui avait porté à bout de bras la candidature de Christian Wulff au sommet de l'Etat. La chancelière, qui s'est exprimée vendredi matin, a annoncé une réunion rapide des partenaires de la coalition conservatrice libérale (CDU, CSU et FDP) pour la désignation d'un candidat à la succession de M. Wulff. Elle a précisé que les discussions seraient menées conjointement avec les partis de l'opposition, le parti social-démocrate (SPD) et les Verts pour trouver un "candidat commun".
Selon les observateurs, la manœuvre est inédite, et habile politiquement. La chancelière accumule en effet les difficultés sur ce dossier : outre la faiblesse de son partenaire de coalition, les libéraux du FDP, son parti ne dispose plus de la majorité à la Chambre haute du Parlement, le Bundesrat. Or, le président de la République est élu par le Parlement réuni en Congrès. Cette volonté marquée d'ouverture laisse également toutes les portes ouvertes à un candidat compatible avec une future alliance du parti de la chancelière avec le SPD ou les Verts.
Cécile Boutelet
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Bonjour,
Puisque Sarkozy vante tant les vertus de la gestion allemande, voilà une idée à prendre. Bon nombre de politiques en France, porteurs de casseroles sont, toujours et encore aux manœuvres. S'ils avaient un peu de dignité, ils feraient comme le Président allemand, cela pourrait donner un peu de crédibilité à la classe politique française......
Amicalement
Pierre