WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Société
Amour coupable entre détenue et directeur de prison
Mis à jour le 15/02/2012 à 08:50 | publié le 14/02/2012 à 07:04
Emma A. entretenait une relation avec Florent Gonçalves, le directeur de la prison pour femmes de Versailles où elle était détenue.
Emma, l'«appât» de l'affaire Halimi, et l'ex-responsable de sa prison sont jugés mercredi. Emma A.
Le directeur de la maison d'arrêt des femmes de Versailles était amoureux, mais il n'en avait pas le droit. L'objet de sa flamme, Emma A., était en effet détenue dans son établissement pour sa participation, en tant qu'«appât», aux agissements criminels du «gang des barbares», ce qui lui avait valu une peine de neuf années de prison (lire l'encadré).
Ce mercredi, les amants du cachot se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Versailles. Florent Gonçalves, 43 ans en avril, mis au ban de l'administration pénitentiaire dont il fut l'un des éléments prometteurs, quitté par sa compagne, à la recherche d'un emploi, comparaît pour avoir fourni à Emma, qui aura bientôt 24 ans, des puces de téléphone portable, de l'argent, des avantages de toute sorte, et lui avoir adressé quelques missives enflammées. Il n'est pas poursuivi pour les deux relations intimes qu'elle a consenties dans les murs mêmes de la prison et qui ne relèvent pas du Code pénal. L'homme, défendu par Me Pascal Garbarini, encourt un an de prison et 15 000 euros d'amende.
Un troisième personnageUn troisième personnage est renvoyé en correctionnelle: Olivier P. Ce surveillant de 37 ans, qui entretenait une amitié très forte, mais apparemment chaste, avec Emma, a dénoncé les agissements de son supérieur. S'il ne s'était pas lui-même dangereusement rapproché de la jeune femme, au point de lui donner une autre puce et de lui écrire, on pourrait porter sa démarche au crédit d'un respect aveugle du règlement. Mais en l'espèce, lorsque ses motivations seront étudiées par le tribunal, se posera la question d'une forme de jalousie vis-à-vis du directeur.
M. Gonçalves, lui, affirme qu'il a fauté par passion. Il publie d'ailleurs un ouvrage (1) jeudi, comme s'il souhaitait que ses juges le lisent pendant leur délibéré - ce qui est parfois risqué. L'éditeur explique dans son argumentaire que «si Florent Gonçalves a tout perdu, c'est simplement pour la plus belle et la plus inexcusable des raisons: l'amour d'une femme».
L'auteur, lui, ne regrette rien. «Parfois, je me répétais machinalement que je faisais une connerie, écrit-il. Je savais que je mettais le doigt dans un engrenage, mais je n'imaginais pas qu'il allait me broyer.»
L'idylle entre la détenue et le directeur s'est nouée fin décembre 2009. En 2010, Florent Gonçalves, visiblement subjugué par la détenue - qui lui a envoyé une quantité assez significative de ce que l'ordonnance de renvoi qualifie de «photos de charme» - tente de contourner le huis clos du procès en appel du «gang des barbares» en excipant de sa qualité professionnelle, puis de faire remettre par un avocat un courrier à la jeune femme. Celle-ci avait été transférée à Fresnes pour la durée de l'audience, qui avait lieu à Créteil. Loin d'elle, Florent Gonçalves se morfondait. Même quand il a su qu'une enquête était en cours, il n'a pas pris de précaution pour dissimuler sa passion, entretenant des contacts avec l'entourage d'Emma.
Celle-ci est en liberté conditionnelle depuis septembre dernier. Son prénom iranien est «Yalda», un mot qui désigne aussi une fête zoroastrienne, célébrée le 21 décembre - la nuit la plus longue.
(1) «Défense d'aimer», Presses de la Cité, 227 pages, 18 €.
________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Ilan Halimi tué par les «barbares»
En janvier 2006, un jeune homme de confession juive, Ilan Halimi, est enlevé à Paris. Séquestré par ses ravisseurs, qui exigent une rançon, il est torturé trois semaines durant dans une cave à Bagneux (Hauts-de-Seine) puis laissé pour mort le long d'une voie ferrée. Il succombera à ses blessures.
L'enquête conduit à une bande - le «gang des barbares» - dirigée par un certain Youssouf Fofana, criminel sans scrupule professant un antisémitisme virulent. Les auteurs du rapt ont été condamnés en première instance et en appel, à l'issue de procès tenus à huis clos. Youssouf Fofana a écopé de la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans (la peine maximale). Emma A., mineure au moment des faits, a été sanctionnée par une peine de 9 années de prison ; elle avait été l'un des «appâts» recrutés par le gang pour piéger des proies potentielles. C'est elle qui a charmé Ilan Halimi pour l'attirer dans le piège.