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 "Perspective négative" : quand Moody's contredit le gouvernement a posteriori

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Petrus.m

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MessageSujet: "Perspective négative" : quand Moody's contredit le gouvernement a posteriori   "Perspective négative" : quand Moody's contredit le gouvernement a posteriori Icon_minitimeMar 14 Fév - 11:20

"Perspective négative" : quand Moody's contredit le gouvernement a posteriori

LEMONDE.FR | 14.02.12 | 11h53 • Mis à jour le 14.02.12 | 12h04

"Quand deux agences sur trois décident de maintenir le triple A de la France, certains journalistes ne s'intéressent qu'à la mauvaise nouvelle." C'était il y a moins d'un mois. Valérie Pécresse, ministre du budget et porte-parole du gouvernement, accusait notamment une partie de la presse d'instrumentaliser la dégradation de la note AAA de la France par l'agence de notation Standard&Poor's, vendredi 13 janvier.

A posteriori, l'argument est contredit : Moody's annonce, mardi 14 février, dans un communiqué qu'elle place la France sous "perspective négative". En clair, le AAA détenu par Paris auprès de cette agence pourrait être dégradé d'ici quelques semaines ou mois, en fonction de la conjoncture européenne et de l'évolution de la dette et de la balance commerciale de notre pays. Une décision qui était, sinon attendue, du moins du domaine du possible, dès janvier. Mais que le gouvernement avait préféré ignorer.

DU "TRÉSOR NATIONAL" AUX "DERNIÈRES INFORMATIONS"

La dégradation de la note française par Standard&Poor's avait plongé vendredi la majorité dans l'embarras. Durant plusieurs mois en effet, Nicolas Sarkozy avait fait du maintien de cette note une priorité, l'assimilant à un "trésor national", selon les mots d'un de ses conseillers, l'essayiste Alain Minc. Le 18 octobre, sur France 2, François Baroin, ministre de l'économie, jugeait ainsi que le maintien du triple A était "une condition nécessaire pour protéger notre modèle social".

Dans ce contexte, l'annonce de Standard&Poor's constituait un camouflet pour le gouvernement, même si celui-ci avait modifié son discours à mesure que se rapprochait la perspective d'une dégradation.

Preuve de la tension générée par la perte du triple A de Standard&Poor's, la vive réaction du chef de l'Etat, en marge d'un déplacement en Espagne, le 16 janvier. Interrogé par un journaliste de Reuters, le chef de l'Etat avait refusé de répondre à sa question sur la dégradation et ses conséquences sur la place de la France en Europe. Interrogé à quatre reprises, Nicolas Sarkozy avait à chaque fois coupé, renvoyant le journaliste au fait qu'il n'avait pas eu "les dernières informations".

UNE LECTURE FLATTEUSE

Ces "informations" étaient en fait une "opinion de crédit" de la seconde des trois agences de notation les plus reconnues, Moody's. Deux jours après la perte du triple A par Standard&Poor's, celle-ci rappelait sa position, à savoir qu'elle était, depuis novembre, en train d'examiner la note française en fonction de la conjoncture, et qu'elle rendrait une décision "au cours du premier semestre" sur l'éventualité d'un placement en perspective négative. En clair, Moody's annonçait essentiellement... n'avoir rien encore décidé de définitif.


La majorité s'est rapidement emparé de cette "opinion de crédit", quitte à en distordre quelque peu le sens. Il avait suffi d'une dépêche AFP titrée "Moody's confirme le triple A, examine la perspective", pour que le parti présidentiel publie une rafale de communiqués et se livre à une surenchère de réactions. Jean-François Copé fustigeait par exemple le "silence assourdissant" du PS sur cette nouvelle.

Autre argument, avancé cette fois par Nicolas Sarkozy, lors de son intervention télévisée du 30 janvier : "La grande agence de notation qui est Moody's, qui est le double de Standard&Poor's a confirmé le triple A de la France."

"RISQUES SIGNIFICATIFS"

L'argument, destiné à atténuer l'impact de la perte du triple A, n'aura duré que quelques semaines, le temps pour Moody's de rendre son verdict. Et de placer la France, aux côtés du Royaume-Uni et de l'Autriche, sous "perspective négative", tandis qu'elle dégrade six notations parmi les pays européens. En cause, "les risques financiers et macroéconomiques grandissants émanant de la crise de la zone euro", mais aussi l'endettement de la France et la crainte que le pays ne parvienne pas à le réduire.

L'agence explique sa décision "compte tenu de l'incertitude permanente concernant les conditions de financement dans les quelques trimestres à venir et son impact correspondant sur la qualité de la signature". Mais elle précise aussi que l'amplitude des déclassements est limitée en raison "de l'engagement des autorités européennes à préserver l'union monétaire et à mettre en œuvre toute réforme nécessaire au rétablissement de la confiance des marchés".

Quant à la France, Moody's la juge parmi "les plus faibles" des pays notés triple A du point de vue de son endettement, et estime que le gouvernement devra faire face à des '"risques significatifs" dans ses efforts de réduction des déficits. Cette fois, François Baroin, le ministre de l'économie, a dû "prendre acte" de la décision de l'agence. Mais il a assuré que "le gouvernement est déterminé à poursuivre son action au service de la croissance, de la compétitivité avec notamment la réforme de financement de la protection sociale, de l'emploi et de la réduction des déficits publics"
Samuel Laurent
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Petrus.m

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MessageSujet: Re: "Perspective négative" : quand Moody's contredit le gouvernement a posteriori   "Perspective négative" : quand Moody's contredit le gouvernement a posteriori Icon_minitimeMar 14 Fév - 11:30

Agences de notation : la lecture flatteuse de l'UMP

LEMONDE.FR | 17.01.12 | 18h32 • Mis à jour le 17.01.12 | 23h03

Contre-attaque. Après le choc politique déclenché par la décision de Standard and Poor's, vendredi 13 janvier, d'abaisser la notation financière de la France, l'UMP et le gouvernement ont fortement insisté sur la communication d'une autre agence : Moody's. Quitte à en faire une lecture flatteuse et partielle.

Tout commence lorsque l'AFP publie, lundi à 11h45, une dépêche titrée "Moody's confirme le triple A, examine la perspective". L'agence s'était donnée, fin octobre 2011, trois mois pour décider si elle conservait ou non à la France la note la plus élevée. Dès la publication de la dépêche, l'UMP réagit en masse. "De fait, la France maintient son triple A puisqu'on a maintenant deux agences sur trois qui le confirment", se réjouit Christian Jacob, cité par l'AFP.

Un communiqué publié lundi à la mi-journée par Jean-François Copé résume le ton adopté par le parti présidentiel : "Le contraste est saisissant. Les mauvaises nouvelles pour la France seraient-elles plus réjouissantes pour le PS que les bonnes ?" s'interroge le secrétaire général de l'UMP. "La réalité, c'est que deux agences sur trois maintiennent la note maximale de AAA à la France. Cela démontre que la France garde toute sa crédibilité financière". L'argument du "silence assourdissant" du PS est répété à l'envi à l'UMP, où les communiqués se succèdent : pas moins de onze sur la seule agence Moody's lundi.

Nicolas Sarkozy va plus loin. Affecté par la décision de Standard and Poor's, le chef de l'Etat, en déplacement en Espagne, réagit vivement à un journaliste qui l'interroge sur celle-ci sans mentionner Moody's, et le lui fait fortement savoir. Il souligne la différence entre les avis des agences de notation, par ailleurs régulièrement critiquées.

MOODY'S ANNONCE... QU'ELLE N'A RIEN DÉCIDÉ

Pourtant, la publication de Moody's est un peu plus complexe : en fait, l'agence a publié une "opinion de crédit", une forme de bilan d'étape. Dans ce texte, l'agence rappelle certes que la France bénéficie actuellement de la note la plus élevée, comme en octobre. Mais littéralement, elle ne la confirme pas pour autant. Elle indique surtout qu'elle examine toujours les fondamentaux économiques du pays et qu'elle prendra sa décision d'ici à la fin du premier trimestre, comme annoncé précédemment. Une décision qui pourrait être soit de conserver cette note, soit de passer notre pays sous perspective négative, c'est à dire d'ouvrir la voie à une dégradation.

En clair, Moody's n'avait pas l'intention de rendre un verdict définitif sur la notation de la France lundi. Elle ne '"maintient" donc pas la note, elle se contente de rappeler où en sont ses travaux sur la France. Et elle n'exclut pas un placement de notre pays sous perspective négative.

L'AGENCE MET EN GARDE CONTRE LA RIGUEUR

Sur le fond, dans sa note détaillée, l'agence souligne les atouts économiques de la France mais aussi les raisons de s'inquiéter : pour Moody's en effet, la France reste "sous pression" pour sa notation car elle est prise entre deux feux. "Le gouvernement français a moins de marge de manœuvre pour ramener ses comptes à l'équilibre aujourd'hui qu'en 2008", écrit l'agence, pour qui "après de multiples mesures économiques et financières de soutien à l'économie, le gouvernement [français] se trouve dans l'obligation de consolider ses finances publiques à un moment inopportun pour sa croissance".

Moody's constate en fait que la France est sur un chemin étroit : réduire ses déficits sans casser sa croissance. "Les mesures d'austérité fiscales prises, même si elles sont faites pour minimiser l'impact sur la croissance, vont entraîner une hausse de la pression fiscale déjà élevée", explique Moody's, qui se félicite par ailleurs de la volonté gouvernementale de réduire le déficit. Mais, ajoute l'agence, la hausse des impôts "pourrait peser sur la croissance". Elle s'inquiète également du fait que "des mesures similaires" d'austérité prises en Europe "constituent également des freins potentiels à la croissance".

Comme Standard and Poor's, donc, Moody's met en garde contre plusieurs éléments qui justifieraient une dégradation. Le fait de ne pas stabiliser les déficits, bien entendu, mais surtout "une aggravation de la crise européenne qui aurait des conséquences sur le déficit de l'Etat français, qui l'aménerait à soutenir plus fortement des états voisins de la zone euro ou qui augmenterait l'exposition de ses banques". Ce qui est un facteur plus externe qu'interne.
"CERTAINS SONT BONS, D'AUTRES UN PEU MOINS"

Lors de ses voeux, mardi 17 janvier, François Fillon a semblé prendre en compte la non-décision de Moody's. Et utilisé un autre argument. "Les agences de notations présentent leur diagnostic : certains sont bons, d'autres un peu moins. Aucun ne mérite d'être sous estimé ou dédramatisé" a estimé le premier ministre.

Une manière de noter que la France n'a été dégradée que par l'une des trois grandes agences financières, même si Fitch, la troisième agence, l'a placée sous "perspective négative", tout en indiquant que la dégradation n'aurait pas lieu en 2012.

Et le premier ministre d'ajouter : "Ce qui importe c'est la direction rigoureuse que la France s'est assigné par elle-même et pour elle-même." Moody's comme Standard and Poor's indiquent pourtant toutes deux que trop de rigueur risquerait de nuire à la croissance, et in fine d'aboutir au même résultat.

Dans l'Hémicycle, M. Fillon a usé d'un autre argument, affirmant que les trois agences "à leur manière, disent la même chose. Elles disent qu'il y a une très grande incertitude qui pèse sur l'économie européenne et il est donc parfaitement inutile de se jeter avec gourmandise sur leurs jugements pour leur faire dire ce qu'ils ne disent pas". Le conseil peut s'adresser visiblement tant à l'UMP qu'au PS.
Samuel Laurent avec Eric Nunès
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