Dopage : l'affaire des «Guignols» vire à l'incident diplomatique avec l'Espagne

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Dopage : l'affaire des «Guignols» vire à l'incident diplomatique avec l'Espagne

Publié le 10.02.2012, 20h18 | Mise à jour : 11.02.2012, 00h19


Rafael Nadal, le plein de dopage chez les Guignols de l'info : Canal récidive

L'humour des Guignols ne passe pas de l'autre côté des Pyrénées. Le sketch montrant l'idole espagnole Rafael Nadal en train d'uriner dans le réservoir de sa voiture avant de battre des records de vitesse sur la route, suggérant le dopage, a provoqué un tollé dans la péninsule ibérique. Quelques jours avant, les marionnettes de Canal+ avaient déjà raillé un autre sportif espagnol dans la tourmente, Alberto Contador suspendu deux ans pour dopage et déchu de son titre dans le Tour de France 2010.

En Espagne, médias, responsables sportifs et champions font front commun contre ce qu'ils appellent «les attaques des Français», assimilant les railleries des Guignols au sentiment de la population française. «Ce n'est pas une campagne contre moi, ni contre personne. C'est une campagne contre l'Espagne en général, et contre le sport espagnol», a affirmé jeudi Nadal, jamais contrôlé positif. Le récent finaliste de l'Open d'Australie est rejoint par le footballeur Sergio Ramos. «Je n'ai qu'une chose à dire : Gasol, Nadal, la Roja, Contador, on ne peut pas nous retirer nos victoires», a affirmé le défenseur champion du monde du Real Madrid.

Vidéo. Le sketch des Guignols sur Rafael Nadal



«Ce ne sont pas des marionnettes», s'indigne encore en Une vendredi le journal sportif Marca, affichant les photos des champions espagnols de toutes disciplines sportives et consacrant pas moins de huit pages à «la guerre des Guignols».

Un éditorial publié mercredi par le quotidien français Le Monde, intitulé «l'Espagne doit regarder le dopage en face», avait alimenté un ressentiment déjà vif à l'égard des Français depuis que, dans le même quotidien, l'ex-champion de tennis français Yannick Noah avait évoqué la «potion magique» espagnole.

Mais les marionnettes des «Guignols de l'info», sur la chaîne Canal+, ont fini de mettre le feu aux poudres. Nadal y apparaît plusieurs fois, notamment signant une pétition de soutien à Contador avec une seringue. «J'ai 15 litres de sang dans le frigo, et Viva Espana !», s'époumone Nadal. «Je suis plus chargé que Jeannie Longo» (NDLR: la cycliste française dont le mari et entraîneur vient d'être inculpé pour achat d'EPO), chante Casillas (NDLR : le portier de la roja), «On m'appelle le roi de l'EPO», entonne Gasol (NDLR : basketteur des Lakers), tandis que Contador proclame «Je roule avec du sang de taureau, et Viva Espana!».

Vidéo. Le sketch «Viva Espana»



«Réactions disproportionnées» pour Canal+

Après le mouvement sportif, le gouvernement espagnol s'est mêlé de l'affaire. Le ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia-Margallo a dénoncé jeudi des vidéos «d'un mauvais goût incroyable» et annoncé l'envoi d'une lettre au ministère français des Sports. Un autre courrier a été adressé au directeur de Canal+ «pour lui signifier notre mécontentement», a-t-il ajouté, ainsi qu'un communiqué à tous les médias français.

«Nous ne comprenons pas» ces attaques et «bien sûr nous allons défendre l'authenticité des victoires de nos sportifs», a affirmé la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, après le Conseil des ministres.

Vidéo. La porte-parole du gouvernement ne «comprend pas ces attaques»



Canal+ a jugé ces «réactions disproportionnées», rappelant que «les Guignols» est «une émission satirique qui depuis 20 ans caricature l'actualité française et internationale». Des sportifs tricolores comme Amélie Mauresmo caricaturée en bodybuildeuse ou Richard Virenque recouvert de seringues peuvent témoigner de l'acidité des marionnettes de la chaîne cryptée à leur égard.

Vidéo. Mauresmo et Virenque caricaturés



Reste que l'ambassadeur de France a dû s'expliquer dans les médias, louant les exploits des sportifs ibères comme ici dans le journal Marca où il a qualifié les sketchs en question de «stupidité».

«S'agissant des reproches faits à la France à l'occasion de ce qui a pu être dit ou fait par des médias français, on rappelle naturellement l'indépendance de la presse», a affirmé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères contraint de réagir pour «calmer les esprits».