Le Monde.fr | 02.07.2014 à 03h36 • Mis à jour le 02.07.2014 à 10h30 | Par Claire Guélaud
La pauvreté a augmenté régulièrement depuis 2008 pour atteindre 14,3 % de la population en 2011, selon l'Insee.
La pauvreté a augmenté régulièrement depuis 2008 pour atteindre 14,3 % de la population en 2011 et cette hausse s'explique par les difficultés croissantes rencontrées par les personnes pauvres pour sortir de cet état.
Tels sont quelques-uns des principaux constats faits par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans l'édition 2014 de son rapport annuel sur « Les revenus et le patrimoine de ménages » publié mercredi 2 juillet.
Comme toujours avec ce genre de publication, les résultats présentés par l'Insee sont à la fois intéressants et frustrants puisqu'ils remontent à l'année 2011, une année de reprise confirmée avec une hausse du PIB de 2,1%, et puisque, depuis cette date, la croissance française est retombée (+ 0,3 % en 2012 et en 2013), ce qui ne peut manquer d'avoir eu un impact sur les revenus des ménages.Cet effet n'est pas connu pour l'instant. Mais rappelons qu'en 2011, avec une croissance de 2,1 %, le taux de pauvreté a augmenté de 0,3 point.
L'enquête Revenus fiscaux et sociaux révèle qu'en 2011, le niveau de vie médian des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine est de 19 550 euros, soit 1630 euros par mois, et qu'il est resté stable en euros constants, après avoir joué au yo-yo en 2010 (-0,5%) et 2009 (+ 0,4%). Avant la crise, entre 2004 et 2008, il avait augmenté de 1,8 % par an en moyenne. Les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 530 euros ; celui des 10 % les plus aisées est d'au moins 37 450 euros, soit 3,6 fois plus.
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REBOND DES REVENUS DU PATRIMOINE
Rappelons que le niveau de vie est l'ensemble des revenus (d'activité, de remplacement etc.) perçus par les ménages, nets des impôts directs et rapportés au nombre d'unités de consommation.
Contrairement à 2010 où pratiquement toutes les catégories de population avaient vu leur niveau de vie baisser, seuls les quatre premiers déciles ont été dans ce cas en 2011. A l'inverse, les quatre derniers ont augmenté. La plupart des indicateurs montrent une progression des inégalités qui atteignent leur plus haut niveau enregistré depuis 1996.
Cette augmentation est un peu plus forte en France que dans l'ensemble des pays de l'Union européenne. Une partie provient du dynamisme persistant des très hauts revenus (à partir de 93 000 euros pour les « aisés », entre 256 000 et 810 700 pour les 60.000 « très aisés » et au moins 810 700 euros pour les quelque 6 000 « plus aisés »). Leur redressement s'explique pour une large part par le rebond des revenus du patrimoine.
La pauvreté, de son côté, progresse chez les actifs en emploi (8 % sont pauvres) et chez les chômeurs (38,9 % sont pauvres). A l'inverse, les retraités sont les seuls à voir leur taux de pauvreté baisser de 0,7 à 9,3 %.
Autres information intéressante: d'une année à l'autre, la probabilité de rester pauvre est forte, deux pauvres sur trois en 2009 le restent en 2010. Les sorties de pauvreté sont en diminution et 30 % des personnes qui tombent dans la pauvreté y restent au moins trois ans. Enfin, si les cadres et les professions intermédiaires sortent en moyenne plus vite de la pauvreté, plus le temps passe, plus les différences entre catégories de population s'estompent.