Le HuffPost/AFP | Publication: 02/06/2014 09h59 CEST
UMP - Les prises de bec se poursuivent à l'UMP, alors que certains sarkozystes contestent la légitimité du trio Fillon-Juppé-Raffarin. Après les attaques de Claude Guéant et de Nadine Morano, c'est un filloniste convaincu, le député UMP Bernard Debré qui s'est chargé de riposter ce lundi 2 juin.
"Je vais vous dire très franchement, je ne veux pas être grossier mais ils commencent à nous ennuyer, j'allais dire à nous emmerder", a déclaré l'ancien ministre sur RFI. Avant de régler ses comptes avec les deux proches de Nicolas Sarkozy.
Nadine Morano, "qu'elle se contente d'être députée européen, elle n'avait aucun titre à l'être si ce n'est que c'était une récompense parce qu'elle avait été battue, alors on la met là-bas, elle commence à nous casser les pieds". Et Claude Guéant? "Il n'est rien. Il a été très proche de Nicolas Sarkozy, très bien, mais il s'est fait battre aux élections législatives. Tout ceux qui ont été battus nous donnent des leçons", a-t-il poursuivi.
Les sarkozystes dénoncent "l'auto-désignation" du triumvirat
Claude Guéant avait qualifié ce dimanche 1er juin sur Itélé et Europe1 (avec Le Monde) d'"irrégulière" "l'auto-désignation" de la troïka en remplacement de Jean-François Copé.
La troïka "a la légitimité de ce qu'ils ont marqué le mouvement par les fonctions qu'ils ont exercées. Mais sur un plan juridique, cette auto-désignation n'a rien à voir avec les statuts". En fonction de ceux-ci, d'après Claude Guéant, c'est au vice-président délégué du parti, Luc Châtel, de prendre la tête de l'UMP en remplacement de Jean-François Copé, qui a annoncé sa démission mardi, une démission effective le 15 juin.
Cette nouvelle gouvernance est "irrégulière au regard des statuts de l'UMP", a-t-il encore répété. Pour lui, il faut donc "un chef incontesté, complètement légitime" et que l'UMP "se mette en état de faire tout son travail". Il a proposé la constitution d'un "shadow cabinet" à l'UMP "comme au Royaume-Uni".
Même raisonnement pour l'eurodéputée Nadine Morano. "Je ne peux cautionner la sortie de crise qui s'est dessinée, tout simplement parce qu'elle n'est en rien conforme à nos statuts", affirmait-elle ce week-end au journal Le Parisien Dimanche.
Pour Nadine Morano, comme pour Claude Guéant, "c'est le vice-président, Luc Chatel, qui doit assurer l'intérim jusqu'au congrès. C'est la seule voie juridique possible."
Affrontements sur fond de retour de Sarkozy
Mais ce raisonnement est battu en brèche par les partisans de la direction intérimaire. "La totalité du staff de la direction de l'UMP a démissionné. Quand Madame Nadine Morano nous dit il fallait mettre Luc Chatel.... Mais il a démissionné !", s'étrangle Bernard Debré.
Sur RMC, le député UMP de la Marne Benoist Apparu, proche d'Alain Juppé, a usé du même argument que Bernard Debré: "il n'y a plus de vice-président puisque toute la direction de l'UMP, Luc Chatel compris, a démissionné."
Ces affrontements par médias interposés interviennent alors que Nicolas Sarkozy réfléchit de plus en plus ouvertement à un retour politique qui passerait par la présidence de l'UMP. Interrogée sur le fait que le triumvirat pourrait chercher à contrer un éventuel retour de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano se montre catégorique: "si Nicolas Sarkozy souhaite revenir, rien ne le bloquera!"
"Il est tellement désiré et attendu par nos militants qui voient notre parti sans chef et maintenant sans ligne politique claire", souligne Nadine Morano qui assure que Nicolas Sarkozy est "excédé par tout ce qui se passe."
Guéant, lui, est partagé sur un éventuel retour de Sarkozy. "Si je pense à l'éventuel destin présidentiel que pour ma part je souhaite, ce n'est pas forcément un avantage. Mais il y a un sujet important: recréer une opposition crédible, et je vois mal qui d'autre que lui peut être ce chef", a-t-il dit.
A la fin de l'année, Claude Guéant voit-il son ancien patron à la tête de l'UMP ? "C'est une éventualité", selon lui.
L'ancien président devrait-il passer par des primaires pour être le candidat de l'UMP en 2017 à la présidentielle ? "Il est tellement soutenu et restera tellement soutenu que c'est pas la peine de provoquer des primaires artificielles qui vont provoquer des tensions", d'après l'ancien secrétaire général de l'Elysée.