Le Monde.fr avec AFP | 15.05.2014 à 08h03 • Mis à jour le 16.05.2014 à 07h36
Tombes creusées mercredi 14 mai à Manisa pour accueillir les dépouilles des ouvriers morts dans la mine de Soma.
De nouveaux cadavres ont été retirés dans la nuit de mercredi à jeudi d'une mine de l'ouest de la Turquie, où une explosion est survenue mardi. Le bilan est désormais de 282 morts, selon le gouvernement turc.
Il y aurait encore près de 90 mineurs coincés sous terre, mais leurs chances de survie sont presque nulles. « Nous n'avons pas retiré de mineurs vivants [du puits] ces douze dernières heures », a reconnu le ministre de l'énergie, Taner Yildiz. A Soma, où se trouve la mine, des haut-parleurs égrénaient les noms des 282 morts, tandis que les préparatifs pour leurs enterrements se poursuivaient.
LES MANIFESTATIONS CONTINUENT
Le drame, l'une des pires catastrophes industrielles en Turquie, a provoqué une forte réaction de colère contre le gouvernement, accusé de négligence et d'indifférence vis-à-vis du sort des travailleurs et des plus démunis en général.
De nouvelles manifestations ont eu lieu dans plusieurs grandes villes, jeudi, pour exiger la démission du gouvernement islamo-conservateur du premier ministre Recep Tayyip Erdogan. A Izmir, métropole située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Soma, la police est intervenue en tirant des gaz lacrymogènes pour disperser une foule de 20 000 manifestants.
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Quatre syndicats ont appelé à une grève nationale d'une journée pour protester contre la forte dégradation des conditions de sécurité qu'ils ont constatée depuis que les mines publiques, y compris celle de Soma, ont été concédées à des sociétés privées. Un des reproches qui est fait gouvernement est d'entretenir des liens étroits avec les magnats de l'industrie minière.
UNE PHOTO VIRALE MALVENUE
Yusuf Yerkel, conseiller du premier ministre turc, frappe un manifestant au sol lors de la visite de M. Erdogan à Soma, mercredi 14 mai. Yusuf Yerkel, conseiller du premier ministre turc, frappe un manifestant au sol lors de la visite de M. Erdogan à Soma, mercredi 14 mai. | REUTERS/STRINGER
La venue du premier ministre à Soma, mercredi, n'a fait qu'exacerber les tensions. Un cliché montrant l'un de ses conseillers donner un coup de pied à un protestataire a jeté de l'huile sur le feu.
M. Erdogan, qui devrait briguer la présidence en août prochain, a réussi à contenir un vaste mouvement de protestation en juin 2013 et l'AKP, son parti, a obtenu une large victoire aux municipales de mars dernier.
Mais sa gestion face à une catastrophe qui touche avant tout la classe ouvrière turque, de tradition conservatrice et qui constitue une part importante de son électorat, prouve à nouveau, selon ses opposants, qu'il est de plus en plus éloigné des préoccupations de la population.
Jeudi, c'est le président Abdullah Gül qui est arrivé à son tour sur le site de la catastrophe, accompagné notamment du président du Parlement, Cemil Ciçek. Pour éviter de nouveaux incidents, des véhicules de la gendarmerie ont établi des barrages bloquant l'accès à la mine en prévision de la visite.