Le Monde.fr | 06.05.2014 à 18h46 • Mis à jour le 07.05.2014 à 06h50 | Par Jean-Baptiste Chastand
Pierre Gattaz, en décembre 2013.
Le président du Medef n’aime pas les déclarations intempestives de sa prédecesseure, Laurence Parisot. Et il a décidé de le lui faire savoir très officiellement. Le Monde s’est procuré une lettre que Pierre Gattaz lui a envoyé lundi 5 mai pour lui demander de respecter « une obligation de réserve ». « J’ai été choqué (...) de certaines de vos prises de positions récentes sur des sujets que je portais au titre de notre institution », écrit-il à Mme Parisot, en lui demandant « à tout le moins » de veiller à ce que la mention « ancienne présidente du Medef » n’apparaisse pas lors de ses interventions médiatiques.
Depuis quelques semaines, l’ancienne patronne des patrons a multiplié les critiques sur les prises de positions de Pierre Gattaz. La dernière en date s’est faite par Twitter, le 15 avril, quand Mme Parisot a dénoncé « la logique esclavagiste » de ceux qui proposent « un salaire en dessous du smic », comme l’avait fait M. Gattaz quelques heures plus tôt. Une déclaration qui avait été reprise par tous les médias. En février, elle avait déjà défendu le maintien du régime des intermittents du spectacle dans une tribune aux Echos, alors que le Medef demandait officiellement sa suppression.
Lire : Smic : Parisot dénonce la « logique esclavagiste » de Gattaz
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Jusqu’ici, M. Gattaz avait plutôt choisi de ne pas commenter directement ces déclarations, laissant ses lieutenants le faire pour lui. Mais il a visiblement décidé de changer de stratégie. « Votre statut d’ancienne présidente du Medef et de présidente d’honneur vous impose, plus qu’à quiconque et comme à vos prédecesseurs, une obligation de réserve dans votre commentaire de l’action de notre institution », estime -t-il, avant de conclure qu’il est « toujours disposé à écouter [ses] remarques et conseils sur tous nos sujets, mais qu’il nous semblerait préférable que ces remarques se formulent en bilatéral plutôt que sur les ondes. »
Manuel Valls annonce que le smic ne sera pas remis en cause
Une semaine après son discours de politique générale, le premier ministre Manuel Valls a dévoilé, mercredi 16 avril, le détail du plan de 50 milliards d'euros d'économies, pendant du pacte de responsabilité et de solidarité voulu par François Hollande.Réagissant aux propos polémiques du patron du Medef Pierre Gattaz qui suggérait un salaire intermédiaire inférieur au smic, Manuel Valls a affirmé que ces économies " ne doivent pas remettre en cause notre modèle social et nos règles sociales et notamment le smic ".
Pas sûr que Mme Parisot, qui n’aime rien moins que concentrer l’attention des médias sur elle, accepte de respecter les demandes de son successeur. La vice-présidente de l’IFOP, qui avait tenté en février 2013 de changer les statuts du Medef pour faire un troisième mandat, n'a en effet jamais caché en privé son aversion pour M. Gattaz. Elle critique notamment régulièrement son opposition supposée aux vertus du dialogue social.
Dans les milieux patronaux, on la soupçonne de plus en plus de vouloir entrer en politique. « Elle a toujours été fascinée par la politique. Taper sur Pierre est pour elle une façon d’exister. Cette lettre est une bonne idée, mais à mon avis, elle n’en tiendra pas compte », lâche d’ailleurs, désabusé, un cadre du Medef.
Courrier P Gattaz L Parisot by duval2958
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