Le Monde.fr | 06.05.2014 à 19h59 • Mis à jour le 07.05.2014 à 10h44 | Par Laurence Caramel
Maison détruites par l'ouragan Sandy à Seaside Heights, dans le New Jersey.
Aucun Etats-unien ne doit se sentir à l’abri des effets du changement climatique, dont tout indique qu’ils vont s’amplifier au cours des prochaines décennies, selon les conclusions de l’Evaluation climatique nationale, remise mardi 6 mai, à Barack Obama. Cette somme de quelque treize cents pages a mobilisé plus de trois cents scientifiques et experts pendant quatre ans. Le président américain s’est saisi de ce diagnostic inquiétant pour une nouvelle fois appeler « à agir d’urgence contre le changement climatique. »
Vagues de chaleur, inondations et ouragans plus fréquents dans les régions du Nord-Est, sécheresses et pénuries d’eau dans le Sud-Est, baisse des rendements agricoles dans les Grandes Plaines, fonte des glaciers dans l'Alaska, côtes rongées par la montée du niveau de la mer en Louisiane et en Floride, etc., sont les manifestations déjà visibles du réchauffement, écrivent les experts, mettant les Américains « face à leurs choix ».
« L’ampleur du changement climatique dans les prochaines décennies dépend en premier lieu des émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines. Si aucune mesure n’est prise, l’impact du réchauffement sera de plus en plus sévère sur le fonctionnement de l’économie, le mode de vie et les écosystèmes », insistent-ils en dessinant de possibles options pour infléchir le cours de ce scénario. Parmi elles, figure de façon consensuelle l'élimination progressive des énergies fossiles. Sauf à disposer de méthodes de captage de leurs émissions suffisamment efficaces pour en prevenir les effets sur le réchauffement de l'atmosphère.
PÉNURIE D'ÉNERGIE ?
Secteur après secteur, région après région, les scientifiques égrènent les exemples des chocs petits et grands qui pourraient affecter les Etats-Unis. A commencer par leurs capacités à satisfaire la demande en énergie et notamment celle aujourd’hui assurée par des complexes hydroélectriques. En particulier dans l’ouest du pays, où leur approvisionnement dépend d'un fonte saisonnière des neiges de moins en moins généreuse.
En Californie, la plupart des centrales thermiques sont exposées à la montée des eaux, et en Louisiane, c’est l’industrie pétrolière qui se trouve en première ligne face au recul des côtes. Le rapport mentionne en particulier le cas de la route numéro 1, dont la submersion pendant seulement trois mois coûterait 7,8 milliards de dollars (5,5 milliards d’euros) à l’économie américaine.
SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Les difficultés que traversent depuis quelques mois les agriculteurs californiens confrontés à la sécheresse pourraient n’être qu’un « avant-goût » de ce qui attend plus globalement les campagnes : « D’ici le milieu du siècle, les impacts négatifs du changement climatique sur les rendements pourraient toucher la plupart des cultures et de l’élevage » avertissent les scientifiques, qui redoutent les conséquences sur la sécurité alimentaire, y compris aux Etats-Unis.
Aucune des affirmations contenues dans le rapport n’est nouvelle puisque les scientifiques américains tels les experts du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont passé en revue des études existantes. Mais la synthèse qui en ressort dessine une réalité dont la plupart des Américains et des élus qui continuent à s’opposer à toute politique ambitieuse n’ont certainement pas conscience. Elle donne en tout cas de solides arguments à Barack Obama pour convaincre les plus récalcitrants de la nécessité d’agir.
Regarder la carte interactive des impacts du réchauffement climatique
http://splashurl.com/k4938mx
Carte des risques liés au réchauffement climatique.