Le Monde.fr avec AFP | 27.04.2014 à 18h02 • Mis à jour le 28.04.2014 à 10h30
Dix-huit semi-remorques ont quitté la capitale en milieu de journée, sous protection d'un lourd dispositif militaire de la force d'interposition africaine en Centrafrique.
Environ 1 300 musulmans, qui se terraient en périphérie de la capitale centrafriquaine Bangui et étaient fréquemment attaqués par des milices à majorité chrétienne, sont partis en masse, dimanche 27 avril, escortés par la force africaine Misca à destination du nord du pays.
Dix-huit semi-remorques, chargés de biens, sur lesquels étaient assis les déplacés, ont quitté la capitale en milieu de journée, sous protection d'un lourd dispositif militaire de la force d'interposition africaine en Centrafrique.
Juste après leur départ, des centaines de jeunes, qui se tenaient en attente à quelques dizaines de mètres des camions, ont afflué sur le PK-12, le Point kilométrique 12, où vivaient les musulmans, pour piller la zone.
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UNE OPÉRATION « UNILATÉRALE », SELON BANGUI
Le gouvernement centrafricain a dénoncé une opération « unilatérale ». « Alors que le gouvernement n'avait pas encore notifié de décisions », suite à deux rencontres avec les organisations humanitaires, « grande a été sa surprise » de constater que ces dernières avaient décidé « unilatéralement » d'organiser cette opération.
Les relocalisations « effectuées à l'insu et contre le gré du gouvernement » sont « dommageables » et ne sont « pas de nature à entretenir un climat de confiance », souligne la ministre santé Marguerite Samba-Maliavo. Les forces internationales n'ont « pas vocation à participer aux opérations unilatérales de délocalisation des personnes déplacées », poursuit-elle, en référence aux militaires africains de la Misca qui ont encadré l'opération.
Centrafrique: les derniers musulmans espèrent pouvoir fuir Bangui
Une centaine en a été évacuée lundi, 1.300 y croupissent toujours sous la menace des milices anti-balaka: ces musulmans, quasiment les derniers de Bangui, terrés depuis des mois dans l'insalubre quartier PK-12, espèrent pouvoir bientôt fuir la capitale centrafricaine. Durée: 00:56
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Des femmes musulmanes attendent de trouver refuge dans la mosquée de Bouar.
VERS LES RÉGIONS DITES « ISLAMISÉES »
Les déplacements de population sont massifs en République centrafricaine. Des milliers de musulmans ont fui pour les régions dites « islamisées » du nord-est du pays, où ils vivent généralement chez des parents. Des dizaines de milliers d'autres ont gagné les pays frontaliers, Tchad et Cameroun notamment.
Le pays a connu plus d'une année de conflit interne, marqué par des violences intercommunautaires. Les anti-balaka, milices à majorité chrétienne, s'en prennent particulièrement aux populations musulmanes, disant venger les chrétiens des sévices que leur a infligés l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, quand elle était au pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014.