Manifestation de soutien pour les journalistes d'Al-Jazira, le 4 février devant l'ambassade égyptienne de Nairobi, au Kenya.
Un tribunal égyptien a ajourné jeudi 20 février au 5 mars le procès des 20 journalistes du réseau satellitaire qatari Al-Jazira, accusés de fausses informations et de soutenir les islamistes. Le tribunal a indiqué qu'il écouterait les témoins de l'accusation et examinerait les preuves lors de la prochaine audience.
Seize d'entre eux, des Egyptiens, sont accusés d'appartenance à une « organisation terroriste » et soupçonnés d'avoir « porté atteinte à l'unité nationale et la paix sociale », a précisé le parquet.
Lire : L'Egypte va juger 20 journalistes d'Al-Jazira
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/29/l-egypte-va-juger-20-journalistes-d-al-jazira_4356489_3212.html
Les autres, quatre étrangers – deux Britanniques, un Australien et un Néerlandais – devront répondre de « collaboration avec [ces] Egyptiens en leur fournissant de l'argent, des équipements, des informations (…) et d'avoir diffusé de fausses nouvelles visant à informer le monde extérieur que le pays était en guerre civile ». Sur les 20 accusés, seuls huit sont détenus ; les autres sont recherchés par les autorités.
Ce procès s'est ouvert devant la cour criminelle du Caire alors que plusieurs ONG accusent les autorités, dirigées de facto par l'armée, de museler les médias. Les huit journalistes étaient présents dans la cage des accusés et ont plaidé non coupables.
SOUPÇONNÉS D'ÊTRE LIÉS AUX FRÈRES MUSULMANS
Le parquet n'a pas révélé l'identité de ceux qui se trouvent derrière les barreaux, mais trois journalistes d'Al-Jazira, l'Australien Peter Greste, l'Egypto-Canadien Mohamed Adel Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed, avaient été arrêtés le 29 décembre dans un hôtel du Caire. Le parquet les avait accusés d'entretenir des liens avec les Frères musulmans, considérés par les autorités comme une organisation terroriste.
Après la destitution du président Mohamed Morsi le 3 juillet par l'armée, les nouvelles autorités se sont lancées dans une sanglante répression contre ses partisans. Elles n'ont pas apprécié la façon dont Al-Jazira avait couvert ces événements, l'accusant de prendre fait et cause pour les Frères musulmans.
En les déclarant « terroristes », le gouvernement a de fait placé les centaines de milliers de membres de la confrérie sous le coup d'articles du code pénal qui prévoient la peine de mort pour ses dirigeants et cinq années de prison pour toute personne participant à leurs manifestations.