Le HuffPost | Par Alexandre Boudet Publication: 10/02/2014 10h43 CET
IMMIGRATION - Ce n'est pas la première fois qu'il le dit. Mais au lendemain du référendum en Suisse, la prise de position de François Fillon prend encore plus de force. L'ancien Premier ministre trouve "parfaitement naturel" que le pays veuille diminuer le nombre d'étranger sur son territoire, comme l'ont décidé dimanche 50,3% des électeurs helvètes.
Sur RMC et BMFTV, François Fillon a répété qu'il souhaitait quelque chose d'équivalent aux frontières de la France ou de l'Europe. "Je souhaite un système qui permette de décider chaque année, en fonction de la capacité d'intégration du pays notamment son économie, le nombre de logements disponibles, combien d'étrangers on peu accueillir. (...) Que le Parlement le vote, dans un débat ouvert, changerait le discours sur l'immigration", veut croire François Fillon.
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Une proposition qui n'est pas sans rappeler les propos qu'il tenait durant la campagne pour la présidence de l'UMP, à l'automne 2012. "Je veux désormais que tous les ans, comme c'est le cas au Canada, ce soit le Parlement qui vote en toute transparence, année après année, le nombre total d'étrangers qu'on peut accueillir", lançait le député de Paris lors d'un meeting à la Baule.
François Fillon explique aujourd'hui sa position par le fait que selon lui, le trop grand nombre d'étrangers arrivant en France empêche leur bonne intégration. "Il y a un blocage de l'intégration lié au nombre d'étrangers qu'on accueille sur notre territoire", insiste l'ancien chef du gouvernement.
Quand Hollande promettait un débat annuel au Parlement
Il n'y a pas qu'à droite que cette proposition est faite. François Hollande lui-même, pendant sa campagne s'était montré favorable à un tel débat, concernant l'immigration économique. "Dans un contexte de croissance ralentie, je considère que l'immigration économique doit être limitée", expliquait le candidat socialiste en mars 2012, sur France2. "Il y a aura un débat au Parlement chaque année pour savoir quel est le volume de l'immigration", promettait-il alors.
Depuis son arrivée à l'Elysée, aucune loi n'a été votée pour instaurer un tel dispositif. En mai 2013, le Sénat a seulement organisé un débat sans vote autour de cette question de l'immigration.
En attendant d'éventuelles nouveautés, le gouvernement a réagi ce lundi à la consultation en Suisse. "C'est un signe préoccupant de repli sur soi", a déclaré le ministre de l'Intérieur Manuel Valls lors d'un déplacement en Moselle. Même élément de langage chez son collègue des Affaires étrangères. "C’est un vote préoccupant parce qu'il signifie que la Suisse veut se replier sur elle-même. C'est une mauvaise nouvelle à la fois pour l'Europe et pour les Suisses", a estimé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius sur RTL.
Pour lui, cette décision va obliger l'Europe à revoir sa politique d'échanges avec la confédération. "On va revoir nos relations avec la Suisse. Il y a depuis 1999 des accords avec la Suisse qui portent notamment sur la libre circulation des travailleurs et sur beaucoup d'autres éléments et il y a une clause dite de 'guillotine' qui fait que si l'un des éléments est mis en cause, tout tombe, donc ça veut dire qu'il va falloir renégocier", a appuyé le chef de la diplomatie française.
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Le Pen salue "le bon sens des Suisses"
Autre réaction attendue celle du Front national, qui milite de longue date pour réduire drastiquement l'immigration. Sans surprise, Marine Le Pen s'est enthousiasmé du résultat de ce référendum. "Les Suisses font preuve de beaucoup de bon sens, et j’aimerais bien qu’on les suive d’ailleurs", a expliqué la leader frontiste sur Europe 1.
"Les Suisses veulent mettre en place la politique des quotas et préserver leur priorité nationale. Ils veulent décider qui entre sur leur territoire et qui a le droit de travailler. Ils ne veulent pas que d’autres décident à leur place, c’est aussi simple que ça", a ajouté la présidente du FN qui réclame une telle consultation populaire en France. "Les Français voteraient très largement pour l’arrêt de l’immigration de masse", prédit-elle.
Le Pen : "les Suisses font preuve de beaucoup... par Europe1fr
Il est vrai qu'un sondage publié début 2013 laisse peu de place au doute: 69% des Français, interrogés par l'Institut CSA, considéraient qu'il y avaient trop d'immigrés en France. Un chiffre en hausse de 22 points en trois ans.