Le Monde.fr avec AFP | 09.02.2014 à 04h35 • Mis à jour le 09.02.2014 à 11h20
Un manifestant porte un portrait de Mohamed Brahmi, le 14 janvier à Tunis.
L'un des suspects dans l'assassinat du député d'opposition tunisien Mohamed Brahmi a été arrêté dans la nuit de samedi 8 à dimanche 9 février près de Tunis, selon le ministère de l'intérieur.
« Les forces de sécurité tunisiennes » ont encerclé une maison de l'Ariana où était retranché un groupe terroriste. Après un échange de tirs nourris, quatre éléments, dont l'un est dans un état très critique, ont été arrêtés, d'après son porte-parole, Mohamed Ali Aroui. « Parmi eux figure Hmed El-Melki, alias ‘Somali’ [le Somalien], l'un des éléments impliqués dans l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi », a-t-il ajouté, en précisant que l'homme était un voisin du député, et que des armes avaient été saisies.
Cette opération intervient après la mort mardi de l'assassin présumé d'un autre opposant, l'avocat et militant de gauche Chokri Belaïd, également au cours d'une opération antiterroriste. Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avaient tous deux été assassinés par balle devant leur domicile, respectivement le 6 février et le 25 juillet 2013.
ZONES D'OMBRE AUTOUR DES ASSASSINATS D'OPPOSANT
Ces meurtres ont été attribués par les autorités à Ansar Asharia, un groupe djihadiste accusé d'être lié à Al-Qaida, mais ce dernier ne les a jamais revendiqués, pas plus qu'aucune autre attaque armée, et des zones d'ombre entourent toujours les crimes.
Les autorités – le ministère de l'intérieur mais aussi les responsables du parti islamiste Ennahda, au pouvoir lorsque les deux assassinats ont été commis – ont été à leur tour accusées par les proches des deux opposants. Samedi, à l'occasion du premier anniversaire des funérailles de Chokri Belaïd, la veuve de Mohamed Brahmi a ainsi accusé les autorités d'avoir « tout fait pour effacer les traces du crime ».
La veuve de Belaïd, Basma Khalfaoui, avait de son côté accusé lundi les islamistes d'Ennahda d'avoir au moins « caché » des documents essentiels à l'enquête. « On ne sait rien [de ce qui s'est réellement passé]. Tous les scénarios sont possibles », avait-elle dit.
UNE CRISE POLITIQUE EN VOIE DE RÉSOLUTION
La mort de Chokri Belaïd, un farouche opposant aux islamistes, avait choqué la Tunisie. Elle avait été un tournant pour le pays, qui a vu une vingtaine de militaires et de gendarmes mourir dans des heurts avec des groupes djihadistes en 2013, en particulier à la frontière algérienne.
L'assassinat de Mohamed Brahmi a ensuite plongé la Tunisie dans une grave crise politique qui a paralysé ses institutions et entravé l'économie. Le pays émerge tout juste de plusieurs mois de blocage, avec l'adoption fin janvier d'une nouvelle Constitution, trois ans après la révolution, et la formation d'un gouvernement apolitique devant mener la Tunisie vers des élections générales.
Ennahda, arrivé en tête des premières élections après la chute du président Zine El-Abidine Ben Ali, a en effet remis le pouvoir aux termes d'un accord âprement négocié et des mois de rudes pourparlers.
Lire le décryptage : Libertés, droits des femmes : les avancées de la Constitution tunisienne
http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2014/01/27/des-avancees-majeures-dans-la-constitution-tunisienne_4354973_1466522.html