Le Monde.fr avec AFP | 05.02.2014 à 12h24
Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon, coprésidents du Parti de gauche, le 5 mars 2013.
Il ne fait pas bon fricoter avec ses amis de droite quand on a juré fidélité à la gauche. C'est du moins la leçon qu'a apprise, à son insu, Maurice Melliet, un militant du Parti de gauche (PG) pressenti pour mener une liste aux municipales de mars à Périgueux (Dorgogne) mais désavoué par le parti pour avoir été vu en train de boire l'apéritif au local d'un candidat de droite, en présence d'un ancien ministre gaulliste.
Rapportée mardi 4 février par France Bleu Périgord puis relayée par Rue89, cette histoire saugrenue commence samedi à la mi-journée, quand Maurice Melliet, figure associative locale de 69 ans encarté depuis deux ans au PG, termine une distribution de tracts sur le marché avec sa colistière. Sur le chemin du retour, il passe devant la permanence du candidat divers droite à la mairie, Jean-Paul Daudou, où deux amis de longue date lui proposent de venir trinquer. Parmi eux, Yves Guéna, gaulliste historique de 91 ans et ancien maire UMP de Périgueux.
« Je ne me suis même pas posé la question, ni vu où pouvait être la faute. Ce sont des gens que je connais depuis trente ans, avec qui j'ai travaillé, je suis dans des associations, j'ai des amitiés fortes. J'allais d'un seul coup me détourner ? », s'interroge M. Melliet, qui se décrit comme « de gauche quasiment de naissance », mais toujours « enrichi » au contact des différences, y compris à droite.
« LE PG N'ACCEPTE AUCUNE COLLUSION »
L'apéritif a été mentionné de façon anodine dans la presse, mais relayé à la direction du PG, qui n'a guère goûté la présence d'Yves Guéna. Un communiqué lundi 3 février de la coprésidente du PG, Martine Billard, a désavoué Maurice Melliet : « Le Parti de gauche n'accepte aucune collusion ou arrangement, de quelque sorte que ce soit, avec la droite à Périgueux comme ailleurs dans le pays. » Le PG en « tire les conséquences : Maurice Melliet n'est pas et ne sera pas le candidat du parti à Périgueux ». « Aux yeux des électeurs il y a des choses qui ne sont plus compréhensibles », a ajouté Mme Billard sur France Bleu Périgord.
Ecœuré mais bien décidé à ne pas courber l'échine, Maurice Melliet a indiqué qu'il rendrait sa carte du parti, même s'il est prêt à « repartir, s'ils me font des excuses ». Mais de lui-même il n'ira pas plaider sa cause auprès de « gens qui n'ont rien compris ». Par contre, il continuera avec sa liste, Franchement à gauche, pour laquelle il cherche 35 colistiers. Et comme il préside un club de poésie, il prépare un poème à la direction du PG sur sa mésaventure.