Le Monde.fr avec AFP | 02.02.2014 à 01h10 • Mis à jour le 02.02.2014 à 10h29
Les ex-rebelles Séléka, dont le regroupement dans Sibut — ville-clé au nord de Bangui— pouvait fragiliser le nouveau pouvoir centrafricain, ont accepté samedi 1er février d'être cantonnés par la Force africaine en Centrafrique (Misca), arrivée avec l'appui des soldats français. Ils sont environ 200, selon le chef du détachement de la Misca, le colonel gabonais Marcel Tsoumou.
La situation à l'entrée de la ville est calme. « On n'a aucun souci », a ainsi affirmé le capitaine Eric (l'armée française demande que les noms des soldats en opération ne soient pas cités). L'officier appartient à la compagnie française partie avec la Misca de Bangui vendredi matin, blindés Sagaie et mortiers de 120 millimètres à l'appui, après l'annonce de l'arrivée des ex-rebelles dans Sibut.
« Au moment où je vous parle, la Misca a pris le contrôle de Sibut », avait annoncé à la radio publique centrafricaine à la mi-journée son commmandant, le général Tumenta Chomu.
Les ex-rebelles, abandonnés par leurs généraux, ne semblaient pas vraiment belliqueux. « Nous sommes prêts à déposer les armes mais ça dépend des conditions », avait ainsi déclaré à l'AFP dans la matinée un colonel de la Séléka se trouvant à Sibut, Abdelkader Djelani.
Des habitants cachés en brousse depuis l'arrivée de la Séléka se sont réfugiés près des soldats français. « On va d'abord aller dans nos champs, et si c'est calme, dans nos maisons. Les Seléka ont été très violents avec nous », signalait l'un d'eux, Innocent.
La présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, avait accusé vendredi le groupe de rebelles de vouloir la « déstabiliser », dix jours seulement après avoir succédé à Michel Djotodia.
Lire : Centrafrique : opération militaire à Sibut, la présidente dénonce une « déstabilisation »
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/31/centrafrique-operation-militaire-a-sibut-la-presidente-denonce-une-destabilisation_4358187_3212.html
SITUATION EXPLOSIVE À BANGUI
Arrivé au pouvoir à Bangui en mars 2013 à la tête de la Séléka, M. Djotodia avait été contraint de démissionner début janvier pour ne pas avoir su empêcher son pays de sombrer dans le chaos. En décembre, un ancien proche de M. Djotodia, Abakar Sabone, avait défrayé la chronique en proposant une partition du pays, en proie à des violences sans précédent entre chrétiens et musulmans.
Chrétienne à 80 %, la République centrafricaine compte une minorité musulmane à laquelle appartiennent la plupart des membres de l'ex-Séléka, venus du nord. Aux exactions de la Séléka lorsqu'elle était au pouvoir, les chrétiens ont répondu par la violence de leurs milices, les « anti-balaka ».
Après le départ de l'ex-président Djotodia, les combattants Séléka ont été évacués des divers camps qu'ils occupaient dans Bangui et regroupés à la sortie nord de la capitale. Mais beaucoup ont fui avec armes et bagages, sillonnant désormais les routes de province sans contrôle et cherchant à se regrouper.
S'ils sont de 1 500 à 2 000 à Bangui, il est ainsi difficile de déterminer le nombre d'hommes en armes en province, où plusieurs villes ont été désertées par leurs habitants, comme Bocaranga.
Dans Bangui, la situation reste explosive avec des violences opposant anti-balaka et civils musulmans armés aidés par des combattants Séléka, sur fond de pillages. Samedi matin encore, un ex-Séléka a été lynché par une foule et son cadavre brûlé au centre-ville, selon des témoins. La veille, la Croix-rouge avait déclaré avoir ramassé « 30 tués et 60 blessés » en trois jours dans la capitale.