Le Monde.fr avec AFP | 01.02.2014 à 20h33 • Mis à jour le 02.02.2014 à 07h48
Louis Picamoles à la lutte avec l'Anglais Danny Care, samedi au Stade de France.
Le XV de France s'est enfin ouvert un coin de ciel bleu en s'adjugeant le choc face à l'Angleterre au terme d'un scénario renversant, samedi au Stade de France, en ouverture du Tournoi des six nations. Elle couvait, étouffée par une chape de revers en 2013, bouillait après deux semaines de préparation et logiquement, elle a fini par sortir : voilà la victoire tant attendue par le XV de France !
Il fallait voir les Bleus s'étreindre sur la pelouse au coup de siflet final, conscients d'être passés sur le fil de l'abîme après avoir dilapidé un avantage de 16 à 3, construit en à peine 20 minutes. La consternation s'était ensuite abattue sur le Stade de France en voyant le XV de la Rose patiemment grignoter l'écart et la confiance adverse pour reprendre la main à une demi-heure de la fin.
On voyait déjà le XV de France dériver comme un vaisseau maudit dans ce Tournoi et l'on déroulait le film des prochains matches, avec Cardiff et Edimbourg comme prochaines stations du chemin de croix. Mais cette bascule tant convoitée, après avoir échoué de peu contre les All Blacks et l'Afrique du Sud en 2013, a fini par intervenir, avec un essai un peu miraculeux de Gaël Fickou à deux minutes à peine du terme devant un public en ébullition et, il faut dire, un peu incrédule.
CONFIRMER FACE À L'ITALIE
Désormais, tout devient possible pour ces Bleus à qui il appartiendra de faire de ce match bien plus qu'un feu de paille mais une référence sur laquelle bâtir en vue du Mondial 2015. Dans l'immédiat, il faudra confirmer avec la venue de l'Italie dimanche 9 février. Se profile ensuite un périlleux déplacement à Cardiff le 21 février face à des Gallois double-vainqueurs de la compétition.
Entre-temps, il faudra également guérir quelques maux, comme une certaine naïveté défensive, qui a failli coûter très cher face à un XV de la Rose magistralement emmené par le demi de mêlée Danny Care. Il s'agira aussi de capitaliser sur les vingt premières minutes qui ont vu le triomphe de l'efficacité française avec deux essais de l'ailier Yoann Huget et une belle partition du demi d'ouverture Jules Plisson, mis à rude épreuve mais courageux pour sa première sélection.
Car le XV de France s'était parfaitement lancé dans ce crunch face à l'ennemi héréditaire, vainqueur des deux dernières oppositions. Trente secondes après le coup d'envoi, Huget avait déjà aplati en récupérant un coup de pied à suivre de Plisson dans le dos de la défense adverse. L'ailier toulousain récidivait (18e) après un ballon de récupération parfaitement exploité (là encore, une nouveauté...).
LE GESTE JUSTE DE FICKOU
Servi à l'aile, Huget débordait Alex Goode, transmettait à l'arrière Brice Dulin qui tapait par-dessus. Profitant du rebond, Huget s'emparait du ballon et creusait l'écart (13-3). Les Français poussaient même leur avantage à 16-3 (22e) avant que la lumière ne s'éteigne dans le sillage du réveil anglais. Subissant de plus en plus sur les zones de contact, ils reculaient et logiquement Mike Brown inscrivait un essai sur l'aile juste avant la pause (16-
.
Les Bleus continuaient d'accuser le coup au retour des vestiaires. Le puissant n° 8 Billy Vunipola s'infiltrait dans l'axe à la suite d'une montée défensive hasardeuse de Jules Plisson et transmettait parfaitement au novice Luther Burrell. Devant (16-18), l'Angleterre enfonçait le clou (21-16 puis 24-19, 73e). Avant que le jeune Fickou ne conclue une magnifique relance de 60 mètres, ponctué de plusieurs séquences de jeu et de passes dans le rythme. Enfin, le geste juste ! Et un grand ouf de soulagement pour l'encadrement qui avait annoncé que « tout le monde jouait gros » sur ce match.