Le Monde.fr | 26.01.2014 à 19h32 • Mis à jour le 27.01.2014 à 11h02 | Par Maxime Vaudano
Ils étaient là pour protester contre la hausse de la fiscalité, le chômage, la loi sur le mariage pour tous, le muselage de la liberté d’expression de Dieudonné ou l’islamisation de la France. Dimanche 26 janvier, entre la place de la Bastille et les Invalides, à Paris, des dizaines de milliers de manifestants de tous crins ont crié leur « colère » contre la politique du gouvernement. Avec, pour seul point commun, le mot d’ordre « Hollande démission ». Ils étaient 17 000 selon la police, et 160 000 selon les organisateurs.
Huit grandes cortèges composaient au départ de la Bastille la manifestation du "jour de la colère"
Sous une pluie battante, diverses organisations et individus aux revendications parfois contradictoires ont uni leur voix dans ce qui a souvent ressemblé à une critique en bloc du système, composé selon eux de la « dictature socialiste » et des « médias collabo[rateur]s ».
UN TOUR DE CHAUFFE POUR LA « MANIF POUR TOUS »
Dans le cortège, beaucoup d’anciens de la « Manif pour tous » contre la loi Taubira. Bien que le mouvement ait officiellement pris ses distances avec ce « jour de la colère », cette manifestation a servi de tour de chauffe à beaucoup de manifestants avant le rassemblement prévu le 2 février. Le « jour de la colère » a également servi de tremplin aux revendications de multiples mouvements de protestation né au cours des derniers mois, dans la rue ou sur les réseaux sociaux : travailleurs frontaliers avec la Suisse, opposants à l’« équitaxe », catholiques en colère, opposants à la métropolisation ou mouvements anti-fiscalité.
Voir la nébuleuse de collectifs et d'associations diverses derrière « Jour de colère » , sur le Huffington Post
http://www.huffingtonpost.fr/2014/01/26/jour-de-colere-26-janvier_n_4667946.html
Comme Delphine, rencontrée en début de manifestation, certains ont décidé de venir manifester pour la première fois de leur vie, après avoir suivi des collectifs anti-Hollande sur les réseaux sociaux pendant plusieurs mois. Sans se ranger sous une autre bannière que le drapeau français, elle dénonçait en bloc la politique du gouvernement, des réformes sociétales aux choix économiques, en passant par la vie privée du chef de l’Etat.
De façon plus marginale, le « jour de la colère » a également servi de défouloir aux complotismes les plus divers : dénonciation des francs-maçons, du Crif ou du club de Bilderberg.
INCIDENTS PHYSIQUES ET VERBAUX
Le cortège a enfin été investi par plusieurs groupes proches de l’extrême-droite, qui ont refusé d’indiquer aux médias quelles revendications ils reprenaient à leur compte. Ont notamment été aperçus des partisans d’Yvan Benedetti, leader de l’Oeuvre française dissoute l’été dernier, ou Frédéric Pichon, un ancien du GUD qui soutient le Printemps français.
La manifestation a été émaillée de quelques incidents, des légers heurts aux slogans homophobes en passant par les insultes antisémites de la part d’admirateurs de l’humoriste Dieudonné. Aux alentours de 18 h 30, des affrontements ont eu lieu près des Invalides, conduisant à l’évacuation totale de la place Vauban par les CRS. Il a été procédé à au moins 150 interpellations au moment de la dispersion de la manifestation, a indiqué la police. Au cours de la manifestation, 19 policiers ont été blessés, dont un « potentiellement gravement » après avoir reçu un pavé dans la mâchoire, selon une source policière.
Dans l’ensemble, le caractère hétéroclite des revendications n’a pas semblé déranger les manifestants, qui avaient décidé de mettre de côté leurs divergences pour crier leur colère contre François Hollande. Ce qui a donné lieu à d’étranges scènes, comme la reprise par la foule de chants de Dieudonné. Certaines contradictions ont toutefois dérangé, à l’image de la présence d’Alain Soral dans le cortège, qui a suscité le malaise des partisans anti-islamisation de l’écrivain Renaud Camus.