Le Monde.fr | 22.01.2014 à 16h16 • Mis à jour le 22.01.2014 à 16h28 | Par Stéphane Foucart
Le réchauffement climatique entraîne une aggravation des périodes de sécheresse, comme ici en Chine.
Pour les chercheurs en sciences du climat, la mi-janvier marque traditionnellement l'heure des comptes. A cette période, les données de température collectées tout au long de l'année écoulée sont compilées par trois laboratoires qui rendent, indépendamment, leur verdict sur la température moyenne des douze derniers mois. Mardi 21 janvier, deux de ces trois institutions – le Goddard Institute for Space Studies (GISS, NASA) et le National Climatic Data Center (NCDC, NOAA) américain – ont rendu publics leurs résultats. Pour le premier, 2013 est la septième année la plus chaude observée depuis le début des mesures, à la fin du XIXe siècle. Pour le second, elle se place au quatrième rang, à égalité avec l'année 2003.
Cependant, les mesures des deux laboratoires ne diffèrent que très légèrement. Le GISS estime ainsi que la température moyenne de la basse atmosphère terrestre a été de 14,52 °C en 2013, tandis qu'elle a été de 14,6 °C selon le NCDC. Le troisième laboratoire engagé dans ce travail – l'unité de recherche climatique de l'université d'East Anglia (Royaume-Uni) – n'avait pas encore, mercredi 22 janvier, publié sa propre analyse.
Dans les prochaines semaines, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) procédera à l'examen des différents jeux de données pour établir le classement définitif. Mais, quel que soit le verdict final de l'OMM, le NCDC précise que parmi les dix années les plus chaudes enregistrées depuis cent trente-quatre ans, toutes sont postérieures à 2002 – à l'exception de l'année 1998. Les années 2010 et 2005 demeurant pour l'ensemble des jeux de données les deux années les plus chaudes jamais enregistrées.
TEMPÉRATURE RECORD EN 2014 OU 2015 ?
La plupart des régions du globe ont connu une température moyenne supérieure à la normale. Les zones les moins sujettes à ces températures élevées ont été l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord – où un hiver polaire est cependant venu faire baisser singulièrement la moyenne annuelle. Dans leur analyse, les chercheurs du GISS notent que dans l'hémisphère Nord, si les étés semblent être toujours de plus en plus chauds, les hivers tendent à être en moyenne plus rigoureux depuis une dizaine d'années.
« Les températures hivernales au-dessus des terres émergées [de l'hémisphère Nord] ont décliné depuis dix ans, écrivent James Hansen, Makiko Sato et Reto Ruedy dans leur analyse. Selon de récentes spéculations, la réduction de la banquise arctique pourrait favoriser les décentes hivernales d'air froid. » Cependant, les auteurs estiment « improbable » que ce basculement de la tendance dans l'évolution des températures hivernales de l'hémisphère Nord se poursuive. Dans l'hémisphère Sud, au contraire, la concordance entre réchauffements en été et en hiver est très forte.
« Depuis plusieurs décennies, chaque décennie est notablement plus chaude que la précédente, notent les chercheurs du GISS. Les trois premières années de celle en cours [2011, 2012, 2013] ont, en moyenne, à peu près la même température que la moyenne de la décennie précédente. Cependant, nous pouvons prévoir avec une confiance raisonnablement élevée que la décennie en cours sera au final plus chaude que celle qui l'aura précédée. » Les auteurs n'excluent cependant pas que de grandes éruptions volcaniques – dont l'effet refroidissant est bien connu – viennent perturber cette prévision.
D'autant moins plausible qu'« il existe une probabilité substantielle que commence à se développer un El Niño en 2014, avec comme résultat probable une température record en 2014 ou 2015 », notent James Hansen et ses collègues.