Le Monde.fr | 15.01.2014 à 10h52 • Mis à jour le 15.01.2014 à 15h17 | Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
La Commission européenne présente, mercredi 15 janvier, un plan visant à répondre aux phénomènes de radicalisation et de montée des extrémismes violents dans les pays membres de l'Union. Ce projet en dix points vise à renforcer les outils déjà mis en place : « Stratégie de lutte contre la radicalisation et le recrutement » en 2005 et un « Réseau de conscientisation », qui rassemble, depuis 2011, quelque sept cents experts et acteurs de terrain.
Ces initiatives ont débouché sur quelques résultats concrets mais, à l'évidence, « beaucoup trop peu d'Etats » mettent en place les outils pour affronter « des menaces croissantes », souligne Cecilia Malmström, commissaire aux affaires intérieures. « Nous avons besoin de mesures de prévention fortes et nous proposons désormais aux Etat une boîte à outils », souligne la responsable suédoise.
La Commission refuse de pointer du doigt le seul extrémisme islamiste violent mais souligne une forte augmentation du nombre d'Européens présents dans « certaines zones de combat ». Elle estime que le retour de ces combattants constitue une menace pour la sécurité du continent. Une dizaine de pays, mobilisés par la France et la Belgique, ont lancé annoncé récemment leur volonté de coordonner leur action face à l'expansion du nombre de jeunes djihadistes européens présents en Syrie.
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http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/12/10/la-police-belge-demantele-une-filiere-de-combattants-vers-la-syrie_3528513_3214.html
Concrètement, la Commission va financer, à hauteur de 20 millions d'euros, un « hub » (centre névralgique) qui rassemblera et partagera les expériences et les bonnes pratiques développées par certains pays. Mesures de prévention, « stratégies de sortie » visant à réintégrer dans la société ceux qui décident d'abandonner des groupes extrémistes par des campagnes d'éducation, etc. Bruxelles soutenait déjà, avec un budget de 10 millions, un fonds (Isec) qui finance des projets de « déradicalisation ».
Mme Malmström entend également relancer le dialogue avec le secteur privé et la société civile sur les défis posés par le Web, principal facteur de radicalisation pour de nombreux jeunes. « Il faut aller plus loin que l'interdiction de certains contenus et développer des messages qui visent contrer et déconstruire le discours extrémiste », prône la Commission. Dans ce cadre, des « repentis » mais aussi des victimes et les responsables des communautés concernées doivent être mobilisés.
Le développement de la recherche sur la naissance et l'expansion des groupes extrémistes violents doit être encouragé, souligne encore Mme Malsmtröm. Il convient aussi, selon elle, d'encourager « la pensée critique » chez les jeunes à l'égard de la propagande radicale. Les communautés locales et les groupes travaillant avec des victimes et des gens qui ont abandonné leurs convictions extrémistes devraient être mieux aidées.