Londres flatte les eurosceptiques, les industriels menacent
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 15.01.2014 à 13h31 • Mis à jour le 15.01.2014 à 16h19
« Il est temps de changer l'Union européenne et la relation que le Royaume-Uni a avec elle avant de mettre la décision entre les mains du peuple britannique. Voulons-nous rester dans une Europe réformée ou préférerons-nous en sortir ? », a lancé le chancelier de l'échiquier, George Osborne.
Le ministre des finances britannique, George Osborne, demande à l'Union européenne de se réformer, faute de quoi le Royaume-Uni en sortira à l'issue du référendum promis par Londres d'ici à 2017. « L'intégration de la zone euro est nécessaire pour que l'euro survive, mais la protection des droits des membres de l'Union européenne n'ayant pas l'euro est absolument nécessaire pour préserver le marché unique et faire que (Londres) puisse rester », a-t-il insisté lors d'une conférence organisée par deux organisations eurosceptiques, Open Europe et Fresh Start Project., en évoquant notamment la protection de la City de Londres.
Selon le ministre, le « plus gros risque économique » auquel l'Europe fait face « vient d'un échec à réformer et à renégocier ». « C'est le statu quo qui condamne le peuple d'Europe à la crise économique en cours et à un déclin continu. Le choix est donc simple pour l'Europe : se réformer ou décliner », a-t-il estimé, en citant notamment les problèmes de compétitivité du Vieux Continent et ses dépenses en aides sociales trop élevées selon lui.
MENACE DES INDUSTRIELS
Pas sûr que les industriels apprécient. Ford, par exemple, devra reconsidérer sa présence au Royaume-Uni si le pays se prononce par référendum en faveur d'une sortie de l'Union européenne, a déclaré Steve Odell, directeur général de la filiale britannique du constructeur automobile américain. « Et, clairement, nous ne serions pas les seuls à le faire. Est-ce que cela serait synonyme de tarifs douaniers ? De barrières ? Il nous faudrait examiner toutes les conséquences », dit-il dans le Telegraph. « Je conseillerais fortement de ne pas quitter l'UE pour le bien des entreprises, et pour le bien de l'emploi », ajoute Steve Odell, lui-même britannique. Le constructeur japonais Nissan, autre gros employeur étranger au Royaume-Uni, avait formulé un avertissement semblable l'an dernier.
Ford a mis fin en 2013 à ses activités d'assemblage de véhicules au Royaume-Uni, mais le groupe y emploie encore près de 15 000 personnes, principalement dans le développement et la production de moteurs. Le constructeur américain contribue par ailleurs à quelque 100 000 emplois indirects avec son réseau de fournisseurs et de vendeurs.
LES EUROSCPETIQUES BOUSCULENT CAMERON
Sous pression de l'aile eurosceptique de son parti conservateur et du parti populiste et antieuropéen UKIP (United Kingdom Independence Party), le premier ministre, David Cameron, s'est engagé à renégocier les relations entre Londres et Bruxelles et à organiser d'ici à 2017, si les conservateurs sont réélus en 2015, un référendum sur une sortie éventuelle du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Dimanche, le Sunday Telegraph rapportait que près de cent députés conservateurs britanniques avaient demandé à David Cameron que la chambre basse du Parlement du Royaume-Uni puisse opposer son veto à toute législation européenne existante et future.