Propos moqueurs de Hollande : vives réactions en Algérie
Par Rafik Benasseur | 21/12/2013 | 21:38
Les Algériens se sont réveillés choqués ce matin en lisant leurs journaux, apprenant que celui qui était venu en visite officielle l’année dernière et reçu en grande pompe avec sa compagne et sa délégation, a eu des propos méprisants et misérables sur l’Algérie, qui plus est a balancé une phrase assassine devant un auditoire composé de membres du Conseil des institutions représentatives juives de France (CRIF), ce qui constitue une tache noire.Tout le monde ne parle que de ça, de ces propos outrageants et indignes d’un chef d’État en exercice, qui a outrepassé les règles de courtoisie et de bienséance tout comme il a foulé au pied les usages diplomatiques.
Le ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra a été le premier à réagir officiellement et vigoureusement à la dérive verbale du président français François Hollande quand il s’est félicité de ce que Manuel Valls soit rentré «sain et sauf» d’Algérie.
M. Ramtane Lamamra, a indiqué cet après midi que les récents propos du président français, François Hollande, sur la sécurité en Algérie, représentent une «moins-value» à l’esprit qui enveloppe les relations algéro-françaises. «Il s’agit clairement d’une moins-value par rapport à l’esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises et même autres peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie», a indiqué M. Lamamra lors d’une conférence de presse à l’issue de ses entretiens avec son homologue chinois, Wang Yi.
Pour le chef de la diplomatie algérienne la déclaration de Hollande est «une improvisation périlleuse». Le MAE algérien aurait souhaité que l’année 2013 se termine sur une «bonne note» comme celle de 2012 ponctuée par la visite du président français en Algérie.
Sans doute que l’affaire va prendre l’allure d’une polémique inutile dont Hollande aurait dû se passer. Cela, d’autant plus que cette raillerie indigne d’un chef d’Etat auquel l’Algérie a déroulé le tapis rouge, intervient quelques jours après la visite de son Premier ministre qui est reparti avec un carnet de contrats bien plein pour les entreprises du CAC 40. François Hollande a donc mordu la main qui lui a tout donné alors qu’il est impopulaire chez lui.
Ksentini rue dans les brancardsFarouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), a appelé samedi le président français François Hollande à présenter des excuses pour ses propos «provocateurs à l’encontre de l’Algérie».
Les propos du président français «relèvent de la provocation et constituent une grave atteinte à l’Algérie», a souligné Me Ksentini dans une déclaration à la presse en marge d’une conférence sur « les droits de l’Homme en Algérie », selon des propos rapportés par l’agence officielle APS.
Le président du CNCPPDH a interpellé les autorités algériennes «pour qu’elles ne laissent pas passer une telle atteinte sous silence », selon la même source.
« Une atteinte flagrante à l’Algérie » pour MokriDe son côté, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Mokri, a appelé les autorités algériennes à réagir à ces propos qui constituent, a-t-il dit, « une atteinte flagrante à l’Algérie », selon l’APS.
Sur les réseaux sociaux, la scandaleuse boulette de François Hollande a fait le buzz. Les internautes algériens sont globalement choqués par les propos déplacés et déplaisants de Hollande. Le président «normal» a prouvé une fois de plus qu’il est un chef d’État bien «anormal». Du coup l’embellie algéro-française risque de s’obscurcir après ce coup fourré qui nécessite pour sa réparation de vraies excuses cette fois.