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Corée du Nord : Kim Jong-un fait exécuter son oncle et mentor
Mis à jour le 13/12/2013 à 11:52 - Publié le 13/12/2013 à 06:59
Une image de Chang Song-thaek, sur une télévision à Séoul.
Chang Song-thaek, considéré jusqu'alors comme la deuxième personnalité la plus puissante du régime de Pyongyang, a été qualifié de «traître» et tué aussitôt sa condamnation à mort prononcée.
«Le Traître» a été passé par les armes. Chang Song-taek a été exécuté jeudi, pour crimes contre le Parti, cinq jours à peine après son arrestation spectaculaire en pleine réunion du Politburo. L'ancien numéro deux du régime nord-coréen a été jugé de façon expéditive par un tribunal militaire spécial et condamné pour avoir mené une «faction anti-révolutionnaire». L'oncle du jeune leader Kim Jong-un n'a donc eu droit à aucune clémence. L'ancien cacique du régime a reconnu un «crime aussi hideux que celui d'avoir tenté de renverser l'Etat par toutes sortes d'intrigues et de méthodes méprisables, avec l'ambition frénétique de s'emparer du pouvoir suprême de notre parti et de notre Etat», a affirmé l'agence de presse officielle KCNA. L'ancien Vice-Président de la Commission Nationale de Défense est désormais présenté comme une «méprisable racaille humaine» par la propagande.
Son exécution illustre la détermination de la famille régnante des Kim à maintenir un contrôle absolu sur le système établi par le fondateur Kim Il-sung. «Chang tentait de maintenir son influence au sein de l'appareil. Mais dire qu'il espérait renverser le pouvoir de Kim Jong-un est très exagéré», explique au Figaro Hong Hyun-ik, chercheur au Sejong Institute, à Séoul. Agé de 67 ans, Chang serait tombé sous les coups de sa propre épouse Kim Kyong-hui, la fille du fondateur du régime, afin de protéger l'influence de la lignée dynastique, jugent de nombreux experts.
Les voisins de la Corée du Nord craignent une déstabilisation régionale
La Corée du Nord «ne pardonne jamais aux traîtres», avait averti le Rodong Shinmun, le quotidien officiel du Parti, appelant la population à s'unir derrière son «leader suprême» au lendemain de la chute du «régent» de Pyongyang. Chang avait été désigné par son beau frère, le défunt leader Kim Jong-il, pour mettre le pied à l'étrier de son jeune héritier. En liquidant aujourd'hui son mentor, Kim Jong-un affirme son autorité absolue sur le régime, tout juste deux ans après sa montée sur le trône.
La chute brutale de Chang pourrait déclencher une purge massive dans l'appareil, pour placer des hommes neufs aux postes clés. Une méthode classique de renouvellement des cadres au sein du régime stalinien, à l'image de la purge massive qu'avait conduit Kim Jong-il en 1997, et qui aurait frappé plus de vingt mille officiels, trois ans après son arrivée au pouvoir. «Kim Jong-un va remplacer la clique de Chang par la sienne», résume Kim Taehyun, professeur à l'Université Chung An.
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«Kim Jong-un va remplacer la clique de Chang par la sienne»
Kim Taehyun, professeur à l'Université Chung An _________________________________________________________________
Les États-Unis ont immédiatement dénoncé l'exécution de Chang Song-taek. «C'est un nouvel exemple de l'extrême brutalité du régime nord-coréen» a déclaré la Maison-Blanche dans un rare communiqué. Ces bouleversements inquiètent également les voisins de la Corée du Nord qui craignent une nouvelle déstabilisation régionale. En particulier la Chine, qui avait fait de Chang son interlocuteur clé à Pyongyang. La Corée du sud a exprimé sa «profonde inquiétude» quelques heures après la nouvelle de l'exécution. Séoul redoute que l'instabilité politique au nord du 38e parallèle ne déclenche de nouvelles provocations militaires. «La Corée du Nord a engagé un règne de la terreur afin de renforcer l'emprise de Kim Jong-un. Les relations Nord-Sud risquent de devenir plus instables», a mis en garde la président Park Guen Hye.