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Cancer : la France affiche de bons résultats
Publié le 06/12/2013Un patient passe un scanner au centre Oscar Lambret à Lille.
C'est la conclusion d'un rapport comparant la survie des patients dans 29 pays d'Europe.
Avec 355.000 nouveaux cas diagnostiqués en France chaque année, le cancer est un enjeu de santé pu-blique majeur. Une étude portant sur plus de 9 millions d'Européens issus de 29 pays, publiée mercredi dans le
Lancet Oncology, permet d'évaluer la qualité de la prise en charge de ces patients dans l'Hexagone. Six ans après la précédente édition de cette vaste enquête baptisée «Eurocare», la France compte parmi les bons élèves, affichant même la deuxième meilleure place pour deux des cancers les plus fréquents.
Basée sur l'analyse de plus de 100 registres nationaux ou régionaux, l'étude reflète les progrès accomplis en Europe pour la survie des malades sur la période 1999-2007. «C'est particulièrement net pour les cancers colorectaux et le lymphome non hodgkinien (cancer du système immunitaire, NDLR)», commente au
Figaro l'auteur principal de l'étude, le Dr Roberta De Angelis. Une dynamique positive qui s'explique par la généralisation des dépistages (sein, prostate, côlon), l'amélioration de la prise en charge et l'arrivée de nouveaux médicaments.
La France au-dessus de la moyenne
L'enquête montre aussi que l'écart entre les pays présentant les meilleurs résultats (Suède, Norvège, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, France, Italie) et la queue du peloton, composée essentiellement de pays de l'Est (Bulgarie, Pologne, Lettonie) tend à se rétrécir, souligne le Dr De Angelis. «Dans ces pays, les taux de survie augmentent plus vite que dans le reste de l'Europe», constate l'auteur, chercheuse à l'Istituto superiore di sanita à Rome.
Sur les dix cancers les plus fréquents, trois présentent au niveau européen un taux de survie à cinq ans supérieur à 80 % (cancer du sein, mélanome, cancer de la prostate). Le bas du tableau est occupé par le cancer du poumon (13 %). La France se situe à chaque fois entre 1 et 6 points au-dessus de la moyenne continentale.
«La France n'a pas à rougir de ses résultats au regard des autres grands pays européens», analyse Jérôme Viguier, responsable du pôle santé publique et soins de l'Institut national du cancer. Le cancer du sein, le plus fréquent chez la femme, est à ses yeux un bon exemple des progrès effectués. «Les bonnes performances du système français, qui atteint la 2e position du classement pour ce type de tumeur, confirment notamment l'utilité de la généralisation en 2004 du dépistage organisé», explique-t-il. «C'est aussi le fruit d'une prise en charge désormais multidisciplinaire, où cancérologues, radiothérapeutes, radiologues et anatomopathologistes travaillent en concertation», complète le Dr Olivier Trédan, oncologue, directeur de l'enseignement au Centre Léon-Bérard à Lyon, rappelant que ce cancer reste toutefois le plus mortel chez les femmes, du fait de sa fréquence.
Concernant le lymphome non hodgkinien, pour lequel la France occupe également la 2e place, les bons résultats s'expliquent par l'usage facilité de nouvelles molécules. «Les autorités et le système de sécurité sociale favorisent l'accès aux arsenaux thérapeutiques efficaces, sans que la question du coût apparaisse comme une restriction forte, contrairement à d'autres pays», explique Jérôme Viguier.
Nouvelles molécules
L'étude Eurocare révèle toutefois aussi les faiblesses auxquelles remédier. La France reste relativement en retrait sur les cancers colorectaux. Par ailleurs, certaines tumeurs, au poumon, au pancréas, à l'estomac, conservent un très mauvais pronostic dans l'ensemble des pays européens.
Il ne faut pas oublier cependant que le tableau présenté par Eurocare-5 ne reflète déjà plus la situation actuelle, car l'arrivée d'une personnalisation accrue du diagnostic et de nouvelles molécules vers la fin des années 2000 a considérablement accru la survie pour certaines tumeurs depuis 2007. C'est le cas notamment pour l'herceptine, un traitement dédié à certains cancers du sein (15 %). Son usage depuis 2006 a permis d'améliorer spectaculairement le pronostic de survie.