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Mandela, matricule 46664 à Robben Island
Mis à jour le 06/12/2013 à 01:38 - Publié le 06/12/2013 à 00:54
Avant de devenir l'icône d'une Afrique du Sud réconciliée, Nelson Mandela a été une victime de l'apartheid et emprisonné pendant vingt-sept ans à la prison de Robben Island.En avril 1964, Mandela accueille sans ciller le verdict attendu du régime d'apartheid: la prison à perpétuité. C'est au large du Cap, au bagne de Robben Island, que les prisonniers sont envoyés. L'île prison se visite aujourd'hui comme un musée. Les guides sont d'anciens détenus qui racontent comment on y suivait des cours par correspondance ou comment lors des promenades obligatoires on parlait droit ou histoire du pays.
Mandela, matricule 46664, et la trentaine d'autres militants antiapartheid sont mis à l'isolement. Journaux et radios sont interdits. Ils ne suivront donc pas en juin 1976 les émeutes sanglantes des écoliers de Soweto, qui se rebellent contre l'enseignement obligatoire de l'afrikaans. Ils n'apprendront aussi que beaucoup plus tard la mort du fondateur du mouvement de la Conscience noire, Steve Biko, en septembre 1977.
En 1979, Nelson Mandela peut enfin revoir sa deuxième femme, Winnie, épousée en 1958. Elle-même subit séjours en prison, assignation à résidence et bannissement. Mais Pretoria continue d'interdire que le nom du prisonnier emblématique soit prononcé ou écrit. Les violences de l'apartheid ont commencé à éclabousser la vitrine diplomatique sud-africaine. En novembre 1977, le Conseil de sécurité de l'ONU interdit les ventes d'armes à Pretoria.
«S'adapter ou mourir», c'est le slogan que se trouve en 1984 le président Pieter Botha. Ses conseillers lui font comprendre que les Blancs sud-africains ne peuvent guère espérer une victoire militaire définitive contre les États noirs de la région qui soutiennent l'ANC. Pour sauvegarder le pouvoir blanc, Botha instaure un régime présidentiel fort avec un Parlement à trois chambres (métis, indiens, blancs, les noirs restant exclus de cette représentation nationale). Il espère ainsi casser l'opposition. Il obtient l'effet inverse. Un Front démocratique uni (UDF) fédère plusieurs centaines d'organisations antiapartheid derrière l'archevêque Desmond Tutu, consacré Prix Nobel de la paix cette même année.
Nelson Mandela en juin 1964, dans l'attente de son procès.
Mandela est prisonnier depuis vingt ans déjà. Mais il refuse toujours d'échanger sa liberté contre un départ en exil au Transkei. En 1985, le régime Botha abolit la loi sur les laissez-passer et celle qui interdit les mariages mixtes. Nelson Mandela réclame toujours «un homme, une voix». Pieter Botha le fera venir dans sa résidence du Cap, le 5 juillet 1989, pour en discuter.
L'histoire s'accélère. Un mois après sa rencontre avec Nelson Mandela, Pieter Botha démissionne et passe la main à Frederik De Klerk, un apparatchik du parti au pouvoir qui se révélera plus libéral que prévu. En octobre, De Klerk fait libérer sept dirigeants de l'ANC. Puis il annonce la légalisation immédiate de l'ANC et du Parti communiste sud-africain. Les exécutions capitales sont suspendues. Nelson Mandela est libéré le 11 février 1990. À 71 ans, il commence une autre vie…