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Municipales : comment le FN sélectionne ses candidats pour éviter les dérapages
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Publié le 03/12/2013 à 12:42
Marine Le Pen à Bergerac, le 9 novembre.
Extrait n°3 du casier judiciaire, fiche biographique, charte de bonne conduite... Le parti de Marine Le Pen a mis en place plusieurs garde-fous pour bien choisir ses têtes de liste aux municipales de mars.
Saumur, Strasbourg, Rixheim, Rethel… Depuis plusieurs semaines, la liste des candidats FN aux municipales suspendus pour dérapages verbaux s'allongent. Des cas jugés «isolés» par le Front national, mais qui mettent à mal la stratégie de dédiabolisation engagée depuis plusieurs mois par Marine Le Pen. À tel point que le FN a appelé à plus de vigilance lors du recrutement de ses futures têtes de liste. Dans sa ligne de mire: Internet et les réseaux sociaux, où le moindre débordement menace d'entacher une réputation.
Tout se joue d'abord au niveau local. Ce sont les secrétaires départementaux qui sont chargés de repérer les futurs chefs de file, puis d'envoyer leurs dossiers à la commission nationale d'investitures (CNI). Deux profils en général se présentent: des adhérents du Front national ou du Rassemblement Bleu Marine, déjà connus localement, ou des personnalités extérieures au parti qui souhaitent s'engager. «À ce niveau-là, je rencontre tous les postulants un par un pour tester leurs ambitions. Je tape aussi en général leurs noms sur Internet pour en savoir plus sur eux et m'assurer de leur sérieux», explique au Figaro Gaëtan Dirand, secrétaire départemental du Maine-et-Loire, qui assure n'avoir «aucun souci» avec ses colistiers, tous «normaux».
«Erreur de casting»
Mais Gaëtan Dirand ne se considère pas pour autant «à l'abri d'une erreur de casting» sur les plus de 700 têtes de liste investies par le parti. Et pour cause, sa fédération vient d'être entachée par les propos racistes de Jean-François de Brugière, jusqu'alors pressenti pour figurer en deuxième place sur une liste FN à Saumur. L'intéressé a soutenu dans un courrier l'adolescente qui avait comparé la garde des Sceaux, Christiane Taubira, à une «guenon». «Je n'ai vraiment pas compris sa réaction, surtout que je le connaissais. En faisant ça, il s'est exclu lui-même du mouvement», souligne, incrédule, Gaëtan Dirand. S'il juge ce risque de débordement «très léger», le chef de file local reconnaît garder un œil sur l'empreinte numérique des candidats. «On a des consignes régulières de Paris qui nous demande de surveiller les comptes de nos têtes de liste sur les réseaux sociaux», admet-il. «On est plus vigilant, renchérit le vice-président du FN, Louis Aliot. Mais le plus incontrôlable, c'est bien les réseaux sociaux. En formation, on recommande à nos candidats de fermer leur profil pour éviter les commentaires à risque».
Parallèlement, le FN a mis en place plusieurs garde-fous pour sélectionner ses candidats. Les secrétaires départementaux rédigent une fiche biographique (âge, parcours politique, associatif, syndical, etc) pour chaque postulant, dans laquelle ils émettent un avis favorable ou négatif, en général suivi par la commission nationale d'investitures. Les prétendants à l'investiture doivent pour leur part fournir l'extrait de leur casier judiciaire, une déclaration sur l'honneur de non condamnation et signer une charte de bonne conduite. Autant de mesures de précaution censées déjouer les pièges. Du moins pour les têtes de liste. Car la surveillance devient plus délicate pour les autres candidats. «Pour les 3e ou 4e sur une liste par exemple, ce genre de comportement n'est pratiquement pas détectable», avoue Louis Aliot. «Quand on valide une tête de liste, on estime qu'elle est responsable de ses colistiers et que c'est donc à elle de les surveiller», précise-t-il. Un principe qui s'avère parfois difficile à appliquer dans la réalité, faute de moyens suffisants.
«On est bien obligé de se contenter des dires» des candidats
Au sein de la commission nationale d'investitures, on reconnaît aussi les limites de l'exercice. «On regarde le profil des candidats et on essaye d'agir avec la plus grande prudence possible, mais on est bien obligé de se contenter de leurs dires. Et il y a un certain nombre de personnes qui ont rejoint récemment le FN et qu'on connaît forcément moins», explique Michel Guiniot, membre de la CNI et conseiller régional de Picardie, qui voit dans les récentes affaires «la rançon du succès».
Tous les postulants ne sont en outre pas reçus à Nanterre, où la commission se contente de rencontrer les candidats des circonscriptions jugées gagnables ou ceux qu'il faut départager. Pour les autres, la quinzaine de membres de la CNI, présidée par Marine Le Pen, s'en réfère à l'avis des secrétaires départementaux. Une procédure poreuse, qui n'est donc pas sans risque. Mais le FN a déjà trouvé la parade aux éventuelles critiques en cas de dérapages: «On répond à chaque fois de manière ferme et rapide», argue Nicolas Bay, le secrétaire général adjoint du FN et directeur de la campagne des municipales. Et de renvoyer à nouveau dos-à-dos UMP et PS: «Ce qui n'est pas le cas des autres partis…»