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Microbes : la poignée de main en sursis à l'hôpital ?
Publié le 29/11/2013
Au cours d'une poignée de mains, des bactéries peuvent se transmettre.
Une étude préconise au personnel hospitalier d'éviter ce geste ancestral pour limiter les infections nosocomiales.
Dédaignant la poignée de main ou la bise, les jeunes se disent parfois bonjour par un contact entre leurs poings fermés. Une pratique de la rue qui pourrait être recommandée dans les couloirs des hôpitaux. En effet, selon une étude publiée dans le numéro de décembre de The Journal of Hospital Infection, se toucher les poings au lieu de se serrer la main permettrait de limiter la transmission des bactéries, beaucoup plus nombreuses dans la paume de nos mains que sur nos phalanges.
L'équipe de West Virginia University qui a rédigé l'article l'affirme: «Après s'être lavé les mains, jusqu'à 80% des individus conservent sur leurs doigts et dans la paume des bactéries susceptibles de transmettre des maladies». Or, les chercheurs ont mesuré que se serrer la main expose trois fois plus de surface de peau que le contact des poings, et que ce geste dure près de trois fois plus longtemps. «Nous en déduisons que se toucher les poings est, dans un hôpital, une alternative efficace au fait de se serrer les mains. Cela peut conduire à une diminution de la transmission des bactéries et améliorer la santé et la sécurité des patients et du personnel», soulignent les auteurs de l'article.
Les solutions hydroalcooliques à privilégier
Il faut dire que dans les hôpitaux, les infections liées aux soins et la transmission d'agents pathogènes sont une préoccupation de tous les instants. Un patient hospitalisé sur 20 serait concerné par ces infections dites nosocomiales. En France, elles sont responsables de la mort de 4000 personnes par an. Selon le site du ministère de la Santé, entre 20 et 40% de ces infections sont provoquées par des agents infectieux présents sur les mains.
Pour éviter ces transmissions, la désinfection des mains avec des solutions hydroalcooliques se révèle largement plus efficace que le lavage au savon. «Si l'on se désinfecte bien les mains avant de pratiquer des soins, le risque de transmission de bactéries est quasiment nul», explique le Pr Philippe Vanhems, responsable du Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (Cclin) du Sud-Est. Depuis plusieurs années, les solutions hydrolacooliques sont largement promues dans les hôpitaux. Leur consommation annuelle fait même partie des indicateurs pris en compte pour mesurer l'implication d'un établissement dans sa lutte contre les infections nosocomiales. «Mais l'observance n'est pas toujours parfaite», reconnaît le Pr Vanhems.
Prudence en période de gastroentérite
Pour les spécialistes de la lutte contre les infections, éviter la transmission de bactéries par les mains demeure primordiale mais ne nécessite pas pour autant de modifier les habitudes des médecins et des infirmières pour se dire bonjour. «Si ce n'est au moment des soins, il n'y a aucune raison de ne plus se serrer les mains dans un hôpital», estime le Pr Pascal Astagneau, responsable scientifique du Cclin Paris-Nord.
Et c'est encore plus vrai dans la vie courante. «Nous vivons avec les bactéries. Elles sont même indispensables à la vie. Ce n'est pas avec une poignée de main que nous allons nous transmettre des maladies.» Sans pour autant oublier de se laver les mains avant de passer à table ou en sortant des toilettes, notamment en période d'épidémie de gastroentérite.