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Syrie : la conférence de paix Genève 2 annoncée pour le 22 janvier
Le 25.11.2013 à 13h29 • Mis à jour le 25.11.2013 à 19h00
"Le conflit fait rage depuis trop longtemps. Il serait impardonnable de ne pas saisir cette occasion de mettre fin aux souffrances et aux destructions qu'il a provoquées", selon le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.
Sans donner le détail précis des participants, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a annoncé, lundi 25 novembre, avoir obtenu, après des mois de tractations, que des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition se réunissent à Genève le 22 janvier pour tenter de trouver une solution politique à ce conflit après trente-deux mois de conflit.
"Le secrétaire général des Nations unies réunira la conférence de Genève sur la Syrie le mercredi 22 janvier, amenant à la table des négociations à la fois le gouvernement syrien et l'opposition pour la première fois depuis le début du conflit", indique le porte-parole de M. Ban Ki-moon dans un communiqué.
Dans ce texte, Martin Nesirky rappelle aux deux parties que le but de la réunion serait de mettre en œuvre le plan pour un règlement politique du conflit adopté laborieusement en juin 2012 par les grandes puissances, sans participation syrienne. "Le secrétaire général attend des représentants syriens qu'ils viennent à Genève bien conscients du fait que [ce plan] est l'objectif, et avec la ferme intention de mettre fin à la guerre qui a déjà fait bien plus de 100 000 morts, chassé de leurs foyers près de 9 millions de personnes, fait un nombre incalculable de disparus et de détenus, bouleversé la région et imposé un fardeau inacceptable aux voisins de la Syrie", a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky.
M. Nesirky ne précise cependant pas quels seront les participants à la conférence de paix, que les Etats-Unis et la Russie tentent d'organiser depuis mai.
"DEUX PRÉREQUIS" POUR L'OPPOSITION
Monzer Akbik, chef de cabinet d'Ahmed Jarba, le président de la Coalition nationale syrienne (CNS), a confirmé au Monde la participation à la conférence de la principale plateforme d'opposition au régime Assad : "Nous nous félicitons de cette annonce. Nous avions décidé de participer à la conférence Genève 2 il y a quelques jours déjà, lors de notre dernière assemblée générale", qui s'était tenue du 9 au 11 novembre, à Istanbul.
A la question de savoir si la CNS conditionne sa participation à certains gestes de la part de Damas, M. Akbik évoque "deux prérequis avant que les négociations commencent" : "Il faut que le régime laisse rentrer de l'aide humanitaire dans les quartiers qu'il assiège et qu'il libère des femmes et des enfants."
Sur le fait que le régime ne paraît pas du tout prêt à négocier son propre démantèlement et qu'il conçoit Genève 2 comme une manière de "lutter contre le terrorisme".
Genève 2 est censée faire asseoir régime et opposition à une même table de négociations pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 120 000 morts en deux ans et demi, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La conférence a été maintes fois reportée. Si régime et opposition ont donné leur accord de principe pour participer à cette réunion, chacun pose des conditions que l'adversaire juge rédhibitoires.
QUELLE PLACE POUR L'IRAN ET L'ARABIE SAOUDITE ?
L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui prépare la conférence, a retrouvé lundi matin à Genève les vice-ministres des affaires étrangères russes, Guennadi Gatilov et Mikhaïl Bogdanov, et la sous-secrétaire d'Etat américaine, Wendy Sherman. Une des questions qui devra être réglée est la forme que pourrait prendre la participation à la conférence de l'Iran, allié de Damas, et de l'Arabie saoudite, qui soutient l'opposition.
A propos des participants syriens, M. Brahimi a en tout cas estimé que ces deux pays "seraient certainement parmi les participants possibles". Une nouvelle réunion trilatérale préparatoire avec Russes et Américains aura lieu le 20 décembre à Genève, "peut-être la dernière avant la conférence".
Si l'opposition syrienne, extrêmement divisée sur le sujet, a annoncé son accord pour participer à des négociations de paix, elle a posé comme condition que le président Bachar Al-Assad quitte le pouvoir et soit exclu de toute phase transitoire. Le régime syrien exclut, lui, tout départ de M. Assad, et conçoit Genève 2 comme une manière de lutter contre le "terrorisme".
"La question de savoir si Assad compte envoyer une délégation à Genève qui aura un pouvoir décisionnaire est encore en suspens", a expliqué un diplomate de l'ONU. Du côté de l'opposition, M. Akbik prévient : "Quiconque vient à Genève doit réaliser que le but de cette conférence est d'amorcer une transition politique en Syrie, conformément au communiqué de Genève de juillet 2012. Le régime risque de se retrouver dans une position très difficile. Il va faire tout ce qu'il peut pour que les négociations s'enlisent."
Lors de Genève 1, à l'été 2012, les ministres des grandes puissances et des pays voisins de la Syrie avaient adopté un plan pour un règlement politique du conflit, avec la mise en place d'un gouvernement de transition et d'union nationale, incluant différentes composantes politiques syriennes, doté de tous les pouvoirs. Le texte alors adopté ne spécifiait pas explicitement le sort du président Assad.