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Syrie : Massacre à Homs, veto russe et chinois à l'ONU
Publié le 03 février 2012 à 20h30 | Mis à jour le 04 février 2012 à 12h10
Les manifestations pour un changement de régime en Syrie donnent lieu à de violentes répressions.
Un char d'assaut aperçu près d'Homs, en Syrie.
Les forces syriennes ont bombardé samedi la ville rebelle de Homs, tuant plus de 230 civils dans un «massacre terrifiant», a affirmé l'opposition alors que la Russie et la Chine ont opposé leur veto samedi au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution condamnant la répression sanglante en Syrie.
Ce projet de résolution, qui a été soutenu par les 13 autres pays du Conseil, exprimait un «soutien» au plan de règlement de la Ligue arabe et dénonçait les violations des droits de l'homme commises par le régime syrien. C'est la deuxième fois que Moscou et Pékin bloquent ainsi un texte sur la Syrie.
La tuerie à Homs (centre), démentie par le régime syrien, a été condamnée par les capitales occidentales, le président américain Barack Obama accusant le président Bachar al-Assad d'«attaques abominables» contre son peuple et l'appelant une nouvelle fois à quitter le pouvoir.
La Russie, qui préfère un report du vote au Conseil de sécurité contre son allié syrien, a décidé d'envoyer mardi à Damas son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov et le chef des renseignements extérieurs russes, Mikhaïl Fradkov, pour tenter de trouver une issue pacifique à la crise.
Au siège de l'ONU à New York, un bras de fer opposait Occidentaux et Russes sur l'opportunité d'un vote dès samedi au Conseil de sécurité sur une résolution condamnant la répression sanglante menée par le régime syrien et réclamant une transition politique.
Les Occidentaux sont «déterminés à voter aujourd'hui», a déclaré l'ambassadeur français, Gérard Araud, à son entrée dans la salle du Conseil. Son collègue britannique, Mark Lyall Grant, a dit «espérer un vote aujourd'hui».
Les ambassadeurs ont désormais des «discussions informelles» avant d'éventuelles consultations formelles qui pourraient mener à un vote, selon des diplomates.
La Russie a d'abord dit par la voix de M. Lavrov, que le projet de résolution ne lui convenait «absolument pas» et proposé des amendements jugés «inacceptables» par les Américains. Puis elle a jugé un consensus possible si les Occidentaux se montraient «constructifs».
Pour M. Obama, le Conseil de sécurité a «à présent l'occasion de s'élever contre la brutalité sans relâche du régime» et «de montrer qu'il est un défenseur crédible des droits universels».
Malgré au moins 6000 morts selon les militants depuis le début de la révolte mi-mars 2011, l'ONU s'est montrée jusqu'à présent incapable d'adopter une résolution sur la Syrie. Un précédent texte a été bloqué en octobre par un veto russe et chinois.
Et pendant ce temps, le régime a poursuivi sans répit ses opérations meurtrières pour tenter d'étouffer la contestation selon les militants pro-démocratie.
Dans l'épisode le plus meurtrier en près de 11 mois de révolte populaire, plus de 230 civils, dont des dizaines de femmes et d'enfants, ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi quand les forces du régime ont pilonné des quartiers résidentiels à Homs, selon les organisations de l'opposition.
Il était difficile de confirmer l'information de source indépendante en raison des fortes restrictions imposées à la presse étrangère dans le pays.
Les autorités syriennes ont démenti tout bombardement sur Homs, surnommée «capitale de la révolution», et affirmé que les violences étaient dues à des «groupes armés», comme elles le font depuis le début mi-mars 2011 de la révolte dont elles refusent de reconnaître l'ampleur.
«Le pilonnage a cessé ce matin, et les habitants sont sortis à la recherche des morts et des blessés enfouis sous les décombres», a déclaré par téléphone Hadi Abdallah, un militant de ce quartier.
Et les habitants ont commencé à enterrer leurs morts. «Près de 200 martyrs seront enterrés dans le jardin de la Liberté», a-t-il ajouté.
Selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, le nombre des morts à Homs s'élève désormais à 237, dont 99 femmes et enfants.
Le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition d'opposants, a pour sa part fait état de 260 morts et de centaines de blessés dans le bombardement au mortier de zones résidentielles à Khaldiyé et Qoussour, parlant de l'un des «massacres les plus terrifiants» depuis mars.
Le bilan risque cependant de s'alourdir, dans la mesure où les hôpitaux manquent de tout pour soigner les blessés et que nombre de victimes sont encore bloquées sous les décombres, selon les militants.
Les chaînes arabes Al-Arabiya et Al-Jazira ont montré des dizaines de corps sans vie jonchant les rues de Homs.
Samedi encore, les forces du régime ont tiré sur une foule participant aux funérailles de victimes de la veille à Daraya près de Damas, faisant 12 morts et 30 blessés, selon l'OSDH. Neuf autres civils, dont deux enfants, ont péri sous les balles des troupes, dans la région de Damas et à Idleb (nord-ouest).
Les Frères musulmans, qui font partie du CNS, ont appelé à l'ouverture d'une enquête internationale et demandé à la Croix-Rouge internationale, «absente sur le terrain, d'agir immédiatement pour sauver les blessés».
À l'étranger, les violences à Homs ont suscité l'indignation.Paris a estimé que le régime Assad a «franchi un pas supplémentaire dans la sauvagerie» et Londres l'a accusé de «cynisme sans pitié». L'Allemagne a appelé l'ONU à «condamner» les violences du régime et la Turquie a estimé que l'ONU devait adopter «une position claire».
De nombreux Syriens s'en sont pris à leurs ambassades, en particulier au Caire à Koweït, à Athènes et Londres. Et la Tunisie s'apprête à expulser l'ambassadeur syrien.