Essais nucléaires français à Reggane : les Algériens exclus des indemnisations
Par Kaci Haider | 15/11/2013 | 20:35
Les victimes algériennes des essais nucléaires français à Regagne en sont pour leurs frais après avoir longtemps cru à la loi Morin (du nom du ministre des affaires étrangères du gouvernement Sarkozy) qui avait ouvert la voie à une possible indemnisation.En effet, les coordinateurs des victimes des essais nucléaires, Mohamedi Mohamed a déclaré jeudi que la commission en charge des dossiers d’indemnisation a opposé une fin de non recevoir à la trentaine de dossiers examinés sur les 262 qui sont soumis à la commission.
Selon Mohamedi , la commission en question a justifié son rejet en s’appuyant sur la loi française numéro 2-2010 datant du 5 juillet 2010 et la loi 653-2010 datant du 11 juin 2010. Ces deux lois ont défini les catégories de personnes ouvrant droit au statut de victimes et donc éligibles à des indemnisations.
Selon ces deux lois, seules les personnes qui ont eu une présence permanente sur les lieux des essais jusqu’à 1967, date de la fin des essais nucléaires français dans le Sahara algérien, ont droit aux indemnisations.
Mohamed Mohamedi a expliqué que « nous avions été convoqués par le directeur du bureau des anciens combattants, la dernière fois c’était en décembre 2012. Ce jour-là on nous a parlé de conditions d’accès au statut de victimes, des conditions qui défient toute logique ».
Rapportant encore les propos du directeur du bureau des anciens combattants à Alger, Mohamedi ajoutera « il nous a dit que seuls les personnes présentes à Reggane jusqu’en 1967 peuvent revendiquer des indemnisations et cela conformément aux accords d’Evian ».
Mohamedi,, tout en récusant ce qu’il qualifie de discriminations entre les victimes, rappelle qu’il existe actuellement des dizaines de personnes victimes de ces essais avec des dossiers médicaux attestant leur contamination et certaines sont même mortes des conséquences des irradiations.
Face au verdict de la commission française, le responsable de l’Association des victimes annonce avoir saisi le ministère des Moudjahidines pour poser le problème au président de la République. Outre le niveau politique, la commission a chargé l’avocate Fatma Benbraham du suivi du dossier devant des juridictions internationales, cette dernière qualifiant cette discrimination comme un autre crime contre les algériens.