Célébration de l'Achoura : Partage et méditation

Société

Célébration de l’ Achoura : Partage et méditation

Publié le 13 novembre 2013



L’Achoura habille les villes et les villages d’Algérie d’un autre faste propre au cachet local de chacune des régions d’Algérie.

Aux quatre coins du pays, cette fête est célébrée dans la piété et la ferveur. Après Mouharram, voici venir une autre occasion religieuse de plonger dans la spiritualité et la foi, avec toute la dévotion qui sied à cette fête honorée par atours, mets culinaires et traditions. En Kabylie, on se dit bonne Achoura en se congratulant dans une ambiance sans pareille. Maisonnées, zaouïas et placettes de villages s’animent durant quelques jours avec un point culminant, le jour de l’Achoura. Sacrifice de bœufs pour accompagner le couscous, partage égal entre les villageois avec un plus aux plus démunis, sont autant de gestes de solidarité qui donnent tout son sens à cette journée. Et c’est aussi le départ pour la cotisation générale en prévision de l’année prochaine, avec un apport de chacun selon sa bourse. Qui servira aussi à de multiples travaux d’intérêt général… Ailleurs, la fête est aussi présente. A découvrir avec nos collaborateurs de Constantine et de Tipasa, où l’Achoura revêt toute sa signification faite de communion, de spiritualité, d’entraide, de solidarité et de rassemblement familial. Ambiance.

Le jour de Achoura est célébré aujourd’hui jeudi 14 novembre correspondant au dixième jour du mois de Mouharram. Achoura vient du mot « achara » qui signifie dix. L’achoura est donc est fêtée de différentes façons dans la communauté musulmane selon les pays et les cultures. Traditionnellement, c’est l’occasion d’un jeûne de deux jours et d’un moment propice pour la prière et la méditation. C’est également une fête pour les enfants qui reçoivent des bonbons et de nombreux présents ce jour-là. Pour certains, c’est aussi un jour de charité et de partage. Loin de certaines pratiques extrémistes qui existent en Orient, comme pour les chiites, où l’Achoura est un jour de deuil qui marque la mort de l’imam Hussein, tué et décapité au combat il y a 13 siècles, durant lequel les chiites s’autoflagellent jusqu’au sang, au Maghreb et en Algérie particulièrement ce jour est célébré dans une ambiance familiale autour d’un généreux repas. Les familles s’unissent et se congratulent renforçant par cela les liens familiaux et leur foi.

Pour revenir à l’histoire de Moussa avec pharaon, il est dit, en résumé, que lorsque Moussa quitta l’Égypte avec ses troupes, pharaon le suivit avec son peuple. Quand les deux groupes furent à portée de regard les uns des autres, Moussa se dirigea vers la mer avec son peuple, alors que pharaon et son peuple s’approchaient d’eux. Les compagnons de Moussa s’écrièrent : ils nous ont rejoints ! Allah inspira alors à Moussa de frapper la mer de son bâton. Il la frappa et s’ouvrirent douze chemins, comme le nombre de tribus. Lorsque Moussa et son peuple empruntèrent le chemin et en sortirent, pharaon et son peuple les suivirent. Puis, quand ils furent tous au complet, Allah donna l’ordre et la mer de se rabattre sur eux, leurs corps périrent noyés et leurs âmes dans le feu de l’enfer pour y brûler. Le jeûne de ce jour n’est certes pas obligatoire mais il est très recommandé puisque le Prophète Mohamed (QSSSL) dit : « Aujourd’hui est le jour de Achoura, Allah n’a pas fait un devoir pour vous de le jeûner. Que celui qui le veut jeûne, et que celui qui ne le veut pas ne jeûne pas », rapporté par Boukhari et Mouslim. Cela dit, jeûner ce jour est très méritoire. Comme il a été rapporté par Mouslim, le Prophète (QSSSL) a dit : « Le meilleur jeûne après le jeûne du Ramadan est celui du mois sacré d’Allah Al-Mouharram ». Il fut questionné au sujet du jeûne du jour d’Achoura et le Prophète (QSSSL)répondit : « Il expie les péchés de l’année écoulée », rapporté par Mouslim. Lorsque le Prophète (QSSSL) émigra à Médine, il trouva les juifs qui jeûnaient le jour d’Achoura.

Il leur demanda : « Quel est ce jour que vous jeûnez ? » Ils répondirent : « C’est un grand jour durant lequel Dieu sauva Moussa et son peuple et noya pharaon et son peuple. Moussa le jeûna alors pour remercier Allah, donc, nous le jeûnons également ». Le Prophète dit : « Nous sommes plus en droit de nous réclamer de Moussa que vous ». Ainsi, il jeûna ce jour et ordonna de le jeûner. Il dit également : « Si je suis toujours vivant l’année suivante, je jeûnerais le neuvième jour de Mouharram ». Cela signifie qu’il jeûnera le neuvième et le dixième. Dans une autre version : « Jeûnez un jour avant ou un jour après, faites-le contraire des juifs ». Il est donc souhaitable pour le musulman de jeûner les deux jours, c’est à dire le neuvième et le dixième de Mouharram afin d’obtenir les mérites du jeûne dont l’expiation des péchés d’une année complète. C’est-à-dire les petits péchés à condition de s’écarter des grands péchés.

Chez nous, Achoura est considérée également comme une occasion propice pour s’acquitter de la zakat où ce troisième pilier de l’Islam se confond avec l’évènement. La tradition en a voulu ainsi mais aucune recommandation religieuse ne le prescrit. Néanmoins, pour que la zakat soit considérée comme telle, elle doit répondre aux deux conditions essentielles qui sont le Nissab et la durée de l’épargne qui est d’une année (el haoul). Si ces deux conditions sont garanties, il y a obligation de s’acquitter de la zakat au profit des huit catégories citées dans le Coran dont les orphelins et les démunis. La zakat ou « aumône légale » est une obligation pour tout musulman possédant une richesse minimum (appelée Nissab). Elle correspond à l’équivalant de 85g d’or et il faut verser un quarantième de la valeur.

Djamila C.