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Un prêtre français enlevé au Cameroun
Mis à jour le 14/11/2013 à 16:24 - Publié le 14/11/2013 à 14:45
INFOGRAPHIE - Le père français Georges Vanderbeush a été enlevé dans la nuit de mercredi à jeudi dans l'extrême-nord du Cameroun, à la frontière du Nigeria, pays où sévit le mouvement islamiste Boko Haram. La piste terroriste est évoquée.Un prêtre français a été enlevé jeudi dans le nord Cameroun. Le père Georges Vandenbeusch a été capturé au beau milieu de la nuit par un commando d'hommes armés dans la paroisse de Nguetchewe, dont il a été le curé. Le Quai d'Orsay a confirmé l'information précisant que la victime «se trouvait près de Koza dans l'extrême-nord du Cameroun, à 30 kilomètres de la frontière avec le Nigeria».
Selon sœur Françoise qui travaille avec le religieux, le père Vandenbeusch «a été enlevé vers 23 heures alors qu'il se trouvait chez lui dans l'enceinte de la paroisse». «Les ravisseurs s'exprimaient en anglais. Il nous a semblé qu'ils étaient venus à pied. Nous n'avons pas entendu de bruit de voiture. Ils ne portaient pas de cagoules. Nous ne savons pas ce qu'ils ont pris chez le père. Ils étaient seuls avec lui dans sa maison. Ils nous ont demandé de l'argent». Le prêtre, décrit comme calme, s'était installé il y a deux ans au Cameroun, après neuf ans passés à Sceaux, près de Paris, pour retrouver le cœur de la vie évangélique et la vie de missionnaire.
«Il a sans doute été victime des gens de Boko Haram même s'il n'y a pas de preuve formelle», suppute-t-on dans l'entourage du président camerounais, Paul Biya. Un acte crapuleux, dans cette région réputée dangereuse et très mal contrôlée par le gouvernement, n'est pas totalement écarté.
Lutter contre «l'influence occidentale»La proximité avec le Nigeria, berceau de Boko Haram, ce mouvement islamique très violent, et le fait que les ravisseurs parlent anglais renforcent néanmoins la piste islamiste. Le 19 février dernier, le groupe avait déjà été à l'origine du rapt d'une famille française, les Moulin-Fournier, capturée elle aussi dans l'extrême-nord du Cameroun. Les trois adultes et les quatre enfants avaient été libérés à la fin du mois d'avril, après de délicates négociations conduites par les autorités camerounaises, et sans doute le versement d'une rançon de plusieurs millions de dollars.
Les motivations de l'enlèvement du prêtre pourraient donc être de nature financière. Mais Boko Haram est aussi un mouvement qui a l'habitude de s'en prendre aux communautés chrétiennes nigérianes et aux étrangers. Souvent qualifiée de secte, Boko Haram, fondée en 2002, a tout d'abord affirmé lutter contre «l'influence occidentale» sur le nord du pays, à majorité musulmane. Après la mort de son leader charismatique en 2009, Boko Haram a intensifié sa lutte contre le gouvernement d'Abuja et les chrétiens du nord, perçus comme des envahisseurs.
Le Noël 2010 fut particulièrement sanglant, avec plusieurs attaques contre des églises, dont celle de Jos, qui fit plus de 80 morts. Les attentats et la répression conduite par l'armée nigériane ont fait plusieurs milliers de morts. Depuis le printemps, les militaires d'Abuja ont lancé une vaste offensive dans l'état de Borno, reprenant en partie le contrôle de la capitale locale, Maiduguri, totalement tombée entre les mains des militants islamistes. Cette victoire, même ténue, a fragilisé Boko Haram, mais pas au point de l'empêcher de lancer des opérations de plus en plus violentes. Une dérive qui a poussé les États-Unis à inscrire mercredi ce mouvement sur leur liste noire «terroriste», l'accusant d'être liée à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
En même temps que Boko Haram, le groupe Ansaru a également été classé par les États-Unis comme «organisation terroriste étrangère». Ansaru, scission de Boko Haram, a revendiqué le rapt de l'ingénieur français Francis Collomp au Nigeria, en décembre 2012.