Mlle Israa al-Mudallal, nouveau visage du Hamas

WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International

Mlle Israa al-Mudallal, nouveau visage du Hamas

Mis à jour le 14/11/2013 à 09:18 - Publié le 13/11/2013 à 19:26


Israa al-Mudallal dans son bureau, lundi à Gaza.

La jeune porte-parole du gouvernement, en charge de la presse étrangère, a passé une partie de son enfance à Bradford, en Grande-Bretagne, avant de rejoindre en 2004 la bande de Gaza.

Le Hamas, répertorié comme une organisation terroriste par les États-Unis et l'Union européenne, veut offrir un nouveau visage à l'Occident. Une jeune et souriante journaliste palestinienne, Israa al-Mudallal, vient ainsi d'être nommée porte-parole du gouvernement en charge de la presse étrangère. Coiffée d'un voile coloré, maquillée avec discrétion et parfaitement anglophone, elle entend montrer une image «plus humaine» de la bande de Gaza, notamment en faisant connaître le dénuement et les souffrances de ses habitants. Une mission qu'elle promet de remplir sans se mettre au service d'aucune faction.

Fille d'un universitaire réputé proche du Hamas, la jeune femme de 23 ans a passé une partie de son enfance à Bradford, en Grande-Bretagne, avant de rejoindre en 2004 la bande de Gaza, où elle a entrepris des études de journalisme. Diplômée de l'université islamique, elle y a travaillé en tant que présentatrice pour la chaîne islamiste al-Kitab, avant d'être débauchée par le ministère de l'Information. «Israa réunit toutes les qualités pour parler au public occidental, assure son patron, Ihab al-Ghusain, porte-parole du gouvernement. Nous n'avons pas eu le temps ni les moyens de lui dispenser une formation, mais nous sommes certains qu'elle s'adaptera parfaitement à ce poste sensible.»

Ses premiers pas ont en tout cas permis à Israa al-Mudallal de mesurer la complexité de sa nouvelle tâche. Il y a quelques jours, elle a fait part au quotidien panarabe Asharq al-Awsat de son intention d'apprendre l'hébreu afin de pouvoir travailler avec les journalistes israéliens. Une confidence qui lui a valu un recadrage immédiat, le Hamas ayant banni tout contact avec la «presse sioniste». «Je ne collaborerai donc pas avec les médias d'occupation, qui déforment la vérité sur la situation à Gaza», dit-elle désormais.

Lors de sa première conférence de presse, Israa al-Mudallal a montré qu'elle sait avoir la dent dure avec ses adversaires politiques. Interrogée sur de récents appels au soulèvement lancés sur Facebook par de jeunes activistes, elle a moqué «leur discours vulgaire, confus et émaillé de fautes d'arabe». «On peut bien sûr manifester pour des causes légitimes, comme les droits des femmes ou la lutte contre l'occupation israélienne, explique-t-elle. Mais si ces agitateurs descendent dans la rue, alors il y a aura des combats.»

Selon le porte-parole Ihab al-Ghusain, la nomination de la jeune femme n'a aucun lien avec l'isolement croissant du Hamas depuis la chute du président égyptien, Mohammed Morsi. «Nous voulons simplement montrer une image plus moderne de notre mouvement, au sein duquel les femmes ont toute leur place», assure-t-il. Pas vraiment convaincue, la militante féministe Zeinab al-Ghomini moque pour sa part «un gadget». «Elle a été choisie parce qu'elle est anglophone, assure-t-elle, mais elle n'aura aucune influence sur le processus décisionnel du gouvernement. Sa nomination ne doit pas faire oublier que la fonction publique à Gaza compte 7 % de femmes seulement, soit deux fois moins qu'à la prise du pouvoir du Hamas en 2007.»