WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International
Après le typhon, la faim s'abat sur les Philippines
Mis à jour le 13/11/2013 à 10:56 - Publié le 13/11/2013 à 10:26
Des survivants attendent de la nourriture à Tacloban.
Désespérés, certains sinistrés prennent les armes afin de piller les bâtiments susceptibles d'abriter des réserves. La rébellion communiste tente également de s'approvisionner par la force.Cinq jours après son passage sur les Philippines, le typhon Haiyan continue de tuer. Huit personnes sont mortes, mercredi, sur l'île de Leyte, l'une des plus touchées par la catastrophe. Elles n'ont pas été tuées par l'affaissement de leur maison sous les assauts du vent et des vagues, mais par l'effondrement d'un mur d'un entrepôt en train d'être pillé par des survivants, à Alangalang.
Les «huit personnes ont été écrasées et tuées sur le coup», explique le porte-parole de l'Autorité nationale de l'alimentation philippine. Impossible de dénombrer la foule de miséreux à la recherche de nourriture. Ils étaient sans doute venus en masse: plus de 129.000 sacs de riz ont été volés, chacun pèse 50 kilos. L'armée et la police, qui surveillaient le bâtiment, «n'ont rien pu faire sans risquer de se mettre en danger». «Certaines personnes ont vraiment faim, mais d'autres veulent juste saccager pour l'argent», estime le responsable, précisant que son organisation pensait que ces pillards cherchaient à faire des profits en revendant le riz.
«Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, ils veulent partir d'ici»D'autres Philippins se pressent à l'aéroport de la ville, en ruines, où arrivent quelques avions militaires apportant matériel et aide humanitaire. Une grande bousculade a eu lieu mercredi matin. Traumatisés et affamés, les sinistrés supplient les équipages de les embarquer en repartant. «Tout le monde panique. Ils disent qu'il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, ils veulent partir d'ici», a commenté un médecin militaire qui traite les blessés tant bien que mal dans le complexe de l'aéroport.
À l'aéroport, des survivants tentent d'accéder à un avion.
Si le Programme alimentaire mondial (PAM) a bien prévu d'apporter 40 tonnes d'aide alimentaire dans les zones sinistrées, celle-ci n'arrive pour le moment qu'au compte-goutte. Certains survivants, affamés, se sont armés pour attaquer les bâtiments susceptibles d'abriter quelque chose à se mettre sous la dent. Une ONG locale a raconté comment un homme avec une machette avait tenté de dévaliser des travailleurs humanitaires en train de réceptionner une livraison de médicaments.
Les rebelles communistes font pressionSeulement, la menace ne vient pas uniquement d'habitants désespérés. La guérilla communiste locale, la Nouvelle armée populaire (NPA) coutumière des actions violentes, fait également parler les armes. Selon les médias locaux, elle bloque le pont par lequel arrive l'aide de Manille, afin de rançonner les camions.
Le gouvernement a fait appel à l'armée pour préserver le calme. Des accrochages avec les rebelles communistes ont déjà fait plusieurs morts.
Plusieurs fusillades entre les rebelles communistes et l'armée ont eu lieu. Une quinzaine de membres de la NPA ont attaqué un convoi de l'armée, à Matnog, à quelque 240 km de Tacloban. Deux des agresseurs ont été tués lors de cette échauffourée. Plus près de la capitale, l'envoyée spéciale de France Info raconte avoir croisé des habitants qui fuyaient une attaque: les rebelles avaient pris d'assaut un autre entrepôt de riz. Devant cette menace, les autorités philippines ont imposé un couvre-feu et ont déployé des centaines de soldats à Tocloban, la capitale de l'île de Leyte.