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Entrepreneurs, agriculteurs, vétérinaires… La grogne gagne tous les secteurs
Mis à jour le 06/11/2013 à 07:36 - Publié le 05/11/2013 à 20:28
Des salariés de l'entreprise Marine Harvest, Le groupe norvégien, numéro un mondial du saumon, menacés par les licenciements , manifestent à proximité de l'usine du Finistère.
INFOGRAPHIE - François Hollande voulait être un président «qui apaise». Mais, battant des records d'impopularité, il s'est mis à dos toutes les catégories de population.
• Les chefs d'entreprises«Pigeons», «poussins», «moineaux», «tondus», «dupés»… les mouvements de fronde ne cessent de fleurir pour dénoncer le «zigzag fiscal» du gouvernement. Qu'ils soient auto-entrepreneurs, dirigeants de PME ou patrons du CAC 40, les chefs d'entreprises, grandes et petites, sont tous montés au créneau, la CGPME et le Medef allant jusqu'à adresser un «carton jaune» au gouvernement. Principal grief, la fiscalité avec sa liste à rallonge de prélèvements les plus divers «sortis du chapeau»: taxe sur l'EBE qui pénalise l'investissement et le «Made in France» (finalement annulée), hausse de l'impôt sur les sociétés, taxe sur la cession d'entreprise. Mais aussi coût du travail qui pénalise les entreprises françaises face à leurs concurrentes européennes, usine à gaz du Cice préférée à une baisse des cotisations sociales…
Tous sont exaspérés par l'instabilité fiscale, la multiplication des contrôles fiscaux arbitraires, les lourdeurs administratives et réglementaires. Et fustigent la méconnaissance du monde de l'entreprise par des politiques qui n'y ont jamais mis les pieds, et font des lois déconnectées de la réalité économique.
• Les artisans et les commerçantsS'affirmant eux aussi «asphyxiés» par les taxes, ils préparent une action de «protestation d'envergure» d'ici à la fin de l'année. Déjà le 13 septembre, 20.000 artisans du bâtiment ont manifesté leur colère dans la rue avec des actions chocs comme des blocages, des opérations escargot, la construction de murs et même un lâcher symbolique de… dindons. La semaine dernière encore, des centaines d'artisans du bâtiment ont manifesté au viaduc de Millau. Les artisans sont remontés contre la hausse de la TVA prévue le 1er janvier, la concurrence déloyale de la main-d'œuvre low-cost venue de l'est de l'Europe, les charges toujours plus lourdes et la mise en place du «compte pénibilité» prévu dans la réforme des retraites et jugé irréalisable.
• Les professions libéralesMardi, c'était au tour des professions libérales par la voie de leurs syndicats de mettre en garde le gouvernement contre le risque «d'une grave crise» s'il ne revient pas sur la gouvernance de leurs caisses de retraites. La réforme des retraites place en effet sous quasi-tutelle leurs caisses complémentaires, dotées de 21 milliards d'euros de réserves. Et les libéraux soupçonnent le gouvernement de vouloir faire main basse sur cette manne.
• Les vétérinairesLes vétérinaires ont annoncé un mouvement de grève mercredi - une première depuis quarante ans - pour contester une disposition du projet de loi d'avenir agricole. Un alinéa limitant leur possibilité de vendre certains antibiotiques a été ajouté «à la hussarde par la volonté de la ministre de la Santé, alors que toutes les phases de concertation étaient passées », selon le Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL). Pourtant, souligne son président, une mission gouvernementale reconnaissait au printemps que le système actuel était efficace en termes de santé publique et de lutte contre l'antibiorésistance. Lundi, le gouvernement s'est engagé à retirer l'alinéa contesté. Mais soutenus par François Patriat, sénateur PS et président de la région Bourgogne, les vétérinaires maintiennent leur mouvement: 80 % des cabinets devraient être fermés, et un défilé à Paris pourrait réunir 3000 praticiens.
• Les agriculteursAccumulation des normes administratives et environnementales, loi d'avenir agricole et réforme de la PAC, passage de la TVA à 20 % pour les engrais, les produits phytosanitaires ainsi que pour les activités équestres, écotaxe… Les motifs de mécontentement des agriculteurs sont nombreux car la France, première puissance agricole européenne, perd du terrain par rapport à son voisin allemand. Les Bretons, fer de lance du mouvement contre l'écotaxe, ne décolèrent pas. Le secteur agricole et agroalimentaire, première activité économique de la région, est en crise et ces nouvelles mesures risquent de l'affaiblir un peu plus. «Nous ne participerons pas aux réunions officielles sur le Pacte breton tant que l'écotaxe ne sera pas supprimée», prévient Thierry Merret, du «Collectif pour l'emploi» et président de la FDSEA du Finistère.
• Les routiersLa suppression de l'écotaxe fait tache d'huile. Les petites entreprises de transport routier (regroupées au sein de l'Otre) ont lancé un appel à la mobilisation nationale le samedi 16 novembre contre l'écotaxe qualifiée de «mascarade». «Ce dossier dépasse largement les frontières de la Bretagne, indique l'organisation. L'écotaxe vise le secteur du transport routier de marchandises, constitué en très grande majorité de PME. Ce sont elles qui vont régler la taxe à l'État.»
• Les usagers des transports en communL'Association des voyageurs-usagers des chemins de fer (Avuc) menait depuis plusieurs semaines une fronde contre la hausse de la TVA sur les transports publics de 7 à 10% au 1er janvier prochain. Le recul du gouvernement sur l'écotaxe et le succès des «bonnets rouges» ont mis le feu aux poudres et encouragé la création d'un mouvement parallèle, les «bonnets verts». Ceux-ci réclament la suspension de la hausse de TVA pour les transports en commun et disent désormais s'inscrire «dans une logique de collectifs citoyens». «C'est un mouvement naissant, spontané, non sponsorisé et non manipulé par des groupes de pression» écrivent-ils sur Facebook. La pétition qu'ils ont lancée lundi dernier a déjà rassemblé plus de 1 200 signatures.