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Prison «cinq étoiles» à vie pour Bo Xilai
Publié le 25/10/2013 à 10:47
Encadré par deux policiers, Bo Xilai, 64 ans, a encaissé la décision de la cour avec un sourire contrit.
L'ex-étoile montante du Parti communiste chinois (PCC), dont la peine de prison à vie a été confirmée en appel, se fera notamment servir par des chefs qui officiaient dans l'un des meilleurs hôtels de Pékin.
Le baroud d'honneur de Bo Xilai devant la justice chinoise a tourné court. Le tribunal supérieur de Jinan, dans la province orientale de Shandong où il avait été jugé en première instance, a rejeté l'appel de l'ancienne étoile montante du Parti communiste chinois (PCC) et a confirmé sa peine de prison à vie. Le «prince rouge» tombé en disgrâce rejoindra la prison de Qincheng, une installation «5 étoiles», réservée aux «élites», où a déjà séjourné son père.
Encadré par deux policiers, Bo Xilai, 64 ans, a encaissé la décision de la cour avec un sourire contrit. «Le tribunal a vérifié les faits et les éléments présentés en première instance, a déclaré le porte-parole de la cour lors d'une conférence de presse. Les raisons invoquées par Bo Xilai ainsi que les arguments présentés par son avocat n'avaient aucune base factuelle et juridique et n'étaient donc pas recevables».
Ancien secrétaire général du PCC à Chongqing, mégapole du sud-ouest du pays, Bo Xilai a vu ses ambitions politiques brutalement interrompues l'an dernier à la suite du vaste scandale qui a suivi le meurtre de Neil Heywood, un homme d'affaires britannique ami de sa famille, décédé en novembre 2011. Bo, qui figurait aussi parmi les 25 membres du Politbureau du PCC, avait troublé la partition écrite pour lui par le pouvoir lors de son procès en août, en rejetant les accusations de corruption qui pesaient contre lui. Il avait transformé les cinq jours d'audience en feuilleton vaudevillesque. La plupart des analystes jugent que le régime se serait montré plus clément envers lui s'il avait plaidé coupable.
Bo n'en recevra pas moins un traitement digne d'un hôtel de standing, même s'il y sera placé sous la constante surveillance des agents du régime. Cachée dans les collines boisées du nord de Pékin, la prison de Qinsheng avait déjà accueillie son père, Bo Yibo, compagnon de route de Mao Tsé Toung tombé en disgrâce et emprisonné durant la révolution culturelle. Les dissidents et militants tibétains y sont traités comme des prisonniers ordinaires. Mais les anciens cadres du régime ayant «manqué gravement à la discipline du Parti» y reçoivent un traitement VIP et de nombreux privilèges.
Une prison qui ne figure sur aucune carte
«C'est comme un hôtel cinq étoiles», dit, non sans ironie, Bao Tong, ex-secrétaire du comité permanent du bureau politique du PC chinois, qui y a passé sept ans pour s'être opposé à la répression du mouvement pro-démocratique en 1989 sur la place Tiananmen. La prison a hébergé pratiquement tous les hauts responsables communistes emprisonnés depuis les années 1960, notamment la «Bande des quatre», la fraction politique dirigée par l'épouse de Mao. La maison d'arrêt dispose de cellules assez spacieuses, dotées de lits confortables, d'un divan, d'un bureau et d'une salle de bain. Les détenus s'habillent comme ils l'entendent, ont du lait au petit-déjeuner et un choix de soupes et de plats au déjeuner et au dîner. En cuisines, certains chefs qui officiaient dans l'un des meilleurs hôtels de Pékin préparent des plats «de niveau ministériel», selon le quotidien officiel Beijing Times.
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«Si Bo Xilai veut danser toute la journée et si le parti est d'accord, il pourra danser toute la journée»
Bao Tong, ex-secrétaire du comité permanent du bureau politique du PC chinois __________________________________________________________________________________________________
L'ancien maire et chef du PC de Shanghai, Chen Liangyu, emprisonné pour corruption en 2008, portait en prison un costume occidental et y pratiquait le tai chi, selon un journal de Hong Kong Qincheng a été agrandie l'an dernier et un ancien mur abattu pour faire place à «des pavillons, des arbres et de la pelouse comme dans un jardin chinois», a indiqué un hebdomadaire financier, Caijing.
L'ancien maitre de Chongqing pourra recevoir des visites et se promener longuement à l'extérieur. «Si Bo Xilai veut danser toute la journée et si le parti est d'accord, il pourra danser toute la journée», lance Bao Tong. Soigneusement protégé des regards dans cette prison, qui ne figure sur aucune carte, il ne devrait cependant jamais plus être revu en public… A moins de bénéficier un jour d'une libération anticipée pour raisons de santé.