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Hollande veut tirer les leçons du «fiasco» Leonarda
Mis à jour le 23/10/2013 à 23:38 - Publié le 23/10/2013 à 20:45
Le président, qui ressort abîmé de la dernière séquence, cherche un moyen de rebondir. Beaucoup, à gauche, l'encouragent à revoir tout son dispositif.François Hollande, qui a voulu s'exposer sur le dossier Leonarda, a compris qu'il avait commis une erreur. Le président et ses conseillers ont «débriefé» cette semaine cette séquence calamiteuse. «C'est un tournant du quinquennat», prédit un député PS. Comment reprendre la main? Dans la majorité, beaucoup plaident pour un remaniement en profondeur des équipes et de l'organisation.
«Ce qui s'est passé est très grave, constate un dirigeant socialiste. C'est le cœur de notre capacité à gouverner qui est touché. Même si s'ouvre une période d'accalmie, ça va recommencer si on ne touche pas son dispositif. Et ça peut très mal se terminer.» Dans l'entourage du président, on concède: «La meilleure défense, c'est l'attaque.» Hollande dispose de plusieurs leviers:
Remettre le PS en ordre de marche
Depuis qu'il a contredit le président en réclamant le retour de la famille Dibrani (sauf le père), Harlem Désir est dans le collimateur. Jugé atone depuis son arrivée à la tête du parti, le premier secrétaire a voulu faire entendre sa voix. Raté. Hollande, pour qui Désir est en partie responsable du fiasco, le lui a fait savoir. Désir est en place jusqu'au prochain congrès, en 2015 ou 2016. «C'est trop loin», soupire un hollandais.
Une fenêtre de tir s'ouvre après les européennes, pour lesquelles Désir devrait conduire la liste en Ile-de-France. «Si les résultats ne sont pas bons, il sera exfiltré», prédit un dirigeant PS. En attendant, son directeur de cabinet, Mehdi Ouraoui, est menacé. Contesté en interne, il a aggravé son cas avec des tweets plaidant pour le retour de la famille de Leonarda. Ouraoui, qui prépare un ancrage politique à Pau, devrait quitter Solferino. L'intéressé dément.
Étoffer le dispositif à l'Élysée
Le «fiasco Leonarda» a fait ressurgir toutes les critiques contre le dispositif élyséen: un cabinet «trop techno», pas assez politique, une communication «calamiteuse». Mais l'affaire Leonarda a surtout mis en lumière la façon de travailler du chef de l'État. Très solitaire, le président déteste dire non et entretient jusqu'au dernier moment le flou sur ses intentions, déstabilisant ses équipes et, au final, tout le dispositif. «Il faut plus d'autorité, plaide un proche. Il faut assumer la verticalité du pouvoir.»
Hollande est conscient aussi de la faiblesse de ses relais à l'extérieur. Là encore, il en porte la responsabilité. C'est lui qui avait découragé les hollandais de s'organiser. Ces derniers jugent qu'il y a urgence. Lors de leur dernier dîner, début octobre, ils ont décidé de «monter en puissance». «Il y aura un avant et un après Leonarda», ajoute l'un d'eux.
Mettre fin à la cacophonie au gouvernementAu printemps, des proches de Hollande avaient plaidé pour un gouvernement resserré, «un pack», sans changement de premier ministre. Lassé par les couacs à répétition, Jean-Marc Ayrault privilégiait aussi cette solution. Hollande, qui n'a pas voulu remanier, est contraint d'attendre le verdict des urnes. «Les premières élections intermédiaires ont lieu dans six mois. Le gouvernement va devoir tenir jusque-là», note un député.
Reste que le dispositif bancal est devenu une «machine à couacs». S'il peut difficilement toucher aux équilibres politiques au sein de son gouvernement, Hollande peut l'améliorer. Un exemple: le feu couve à Bercy où Pierre Moscovici, qui songe à la Commission européenne, et son ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, entretiennent des relations électriques.
Canaliser les «trublions» de la majorité
Les trublions de la majorité (aile gauche, Gauche populaire, Gauche durable) qui donnent de la voix au PS sont en ligne de mire. Même procès contre les Verts. «Le club des ingrats, ça suffit!», s'agace le député hollandais Gwendal Rouillard. Chez les proches de Hollande, beaucoup plaident pour qu'on cesse de ménager les écologistes qui pèsent peu électoralement et dont les exigences deviennent peu compatibles avec la ligne du gouvernement.
Mais ils reconnaissent qu'ouvrir une crise gouvernementale à six mois des élections est impossible. «Hollande se calque sur le mandat de Mitterrand, raconte un proche. En 1984, les communistes ont quitté le gouvernement et les socialistes ne s'en sont jamais aussi bien portés! La question des Verts se posera en 2015.» En attendant, Hollande a demandé à Ayrault de mieux cadrer les «écolos». Quant aux «dissidents» du PS, les proches du président l'encouragent à «sévir».