WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International
Sur la côte somalienne, le raid des Navy Seals a frôlé le fiasco
Mis à jour le 10/10/2013 à 19:10 - Publié le 10/10/2013 à 18:04
Camp d'entrainement d'une milice djihadiste à Mogadiscio en février 2011.
Le semi-échec du raid des forces spéciales américaines sur la côte somalienne, samedi dernier, vient de rappeler que les Chebab restent des adversaires redoutables, et la Somalie un terrain extrêmement difficile, même pour des commandos considérés parmi les meilleurs du monde. On ne connaît pas dans les détails l'opération de débarquement amphibie des Navy Seals (équipes terre-air-mer de la marine américaine), mais suffisamment de témoignages permettent déjà de se faire une bonne idée de son déroulement, et des raisons de son échec.
L'opération a été lancée dans la nuit de samedi dernier, le 5 octobre, vers 2 heures du matin. Par une nuit noire, des embarcations débarquent un commando d'une vingtaine d'hommes sur la plage de Baradwe, une grosse ville de la côte somalienne à environ 200 kilomètres au sud de Mogadiscio, la capitale de ce qui reste de l'État somalien.
Le commando appartient à l'équipe six des Navy Seals, unité rendue célèbre par son raid contre Ben Laden, en mai 2011 à Abbottabad. Leur mission est cette fois de capturer un des principaux chefs militaires des Chebab, ces milices islamistes somaliennes affiliées à al-Qaida
soupçonnées d'avoir organisé fin septembre la sanglante attaque du centre commercial de Westgate au Kenya.
Pratiquement inconnu, même des spécialistes de la Somalie, l'homme est surnommé Ikrima. De son véritable nom Abdelkader Mohammed Abdelkader, Somalien d'origine mais de nationalité kényane, Ikrima serait, selon des sources sécuritaires américaines, l'un des plus importants chefs des Chebab.
L'opération est à la fois plus simple et plus compliquée que le raid de la Team Six contre Ben Laden. Plus simple logistiquement, puisque la ville de Baradwe, l'une des principales villes somaliennes, contrôlée par les Chebab, est située au bord de la mer, et donc accessible facilement à des commandos amphibies, et la villa d'Ikrima à quelques centaines de mètres de la plage. Mais plus compliquée tactiquement, puisque la mission est de capturer Ikrima, toujours beaucoup plus difficile que de tuer. Pour corser le tout, elle a lieu dans l'une des principales villes tenues par les Chebab, dans un pays où les miliciens sont nombreux, bien armés, et combatifs, comme les Américains en avaient fait la cuisante expérience en 1993 pendant la désastreuse opération de sauvetage d'un hélicoptère Black Hawk à Mogadiscio, épisode resté fameux sous le nom de la «Chute du Faucon noir».
Le commando décroche
Divisé en deux équipes, l'une chargée de l'appui feu, l'autre de l'assaut proprement dit, le commando aurait réussi à atteindre la villa d'Ikrima et à pénétrer dans l'enceinte. D'après des sources militaires américaines recueillies par la chaîne NBC, c'est à ce moment-là qu'il aurait été repéré par un garde, sorti fumer une cigarette. Gardant son sang-froid, le Somalien aurait fait semblant de ne rien voir, avant de rentrer dans le bâtiment et de donner l'alerte. Quelques minutes plus tard, les Seals sont pris sous un feu nourri des gardes du corps d'Ikrima, alors que des Chebab arrivent en renfort. La suite, rapportée par les habitants de la ville, est une intense fusillade, ponctuée de violentes explosions de grenades. Vers 3 heures du matin, réalisant qu'il était devenu impossible de remplir leur mission, faisant face à des ennemis de plus en plus nombreux, dans des habitations pleines de femmes et d'enfants, les Seals décident de rembarquer. Ils parviennent à regagner la plage, et leur embarcation, sans perdre un seul homme, laissant cependant derrière eux quelques effets.
L'épisode n'est pas un complet fiasco pour les Américains, qui n'ont pas subi de pertes. Mais pas une réussite non plus, puisqu'ils n'ont pas réussi à capturer Ikrima et ont eu toutes les peines à décrocher au complet. L'épisode vient rappeler en tout cas que de tous les champs de bataille de la guerre contre le djihad, la Somalie est de loin l'un des plus difficiles.