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Libye : le Premier ministre libéré après un bref enlèvement
Publié le 10.10.2013, 06h45 | Mise à jour : 13h48 Le Premier ministre libyen Ali Zeidan, a été libéré après un bref enlèvement jeudi à l'aube par un groupe armé.
Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a été libéré jeudi après avoir été enlevé pendant quelques heures par un groupe d'ex-rebelles affirmant agir sur ordre du parquet. Après sa libération, Ali Zeidan est arrivé au siège du gouvernement.
«Le chef du gouvernement de transition, Ali Zeidan, a été conduit vers une destination inconnue pour des raisons inconnues par un groupe» d'hommes qui seraient des ex-rebelles, avait indiqué le gouvernement, dont un des membres, le ministre des Affaires étrangères, a annoncé quelques heures plus tard sa libération.
Présenté comme un libéral, Ali Zeidan, 63 ans, occupe le poste du Premier ministre depuis un an. Tout récemment, ses rivalités avec les Frères musulmans libyens ont éclaté au grand jour et des voix à l'Assemblée nationale ont appelé à son limogeage.
Arrêté pour des «crimes et délits préjudiciables à l'Etat»
Une brigade d'ex-rebelles, la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye, opérant en théorie sous les ordres des autorités libyennes, a annoncé avoir arrêté jeudi matin Ali Zeidan, «suivant le code pénal libyen (...) sur ordre du parquet général». Selon cette cellule qui dépend officieusement des ministères de la Défense et de l'Intérieur, le Premier ministre a été arrêté conformément aux articles relatifs aux «crimes et délits préjudiciables à l'Etat» et aux «crimes et délits préjudiciables à la sûreté» de l'Etat.
Le conseil des ministres a indiqué toutefois sur sa page Facebook «ne pas être au courant d'une levée de l'immunité ou d'aucun ordre d'arrestation».
Le rapt intervient après la capture d'un chef présumé d'Al-Qaïda Ce bref enlèvement a été immédiatement condamné par Londres. «Je condamne l'enlèvement du Premier ministre libyen à Tripoli ce matin et appelle à sa libération immédiate», a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague via un communiqué. «Notre ambassadeur est en contact avec d'autres membres du gouvernement de transition. Sauvegarder le processus de transition politique en Libye est vital. Le gouvernement et le peuple libyen ont notre soutien total en ce moment préoccupant», a ajouté le ministre des Affaires britanniques.
Ce rapt intervient cinq jours après la capture à Tripoli d'Abou Anas al-Libi, un chef présumé d'Al-Qaïda, par un commando américain. Cette opération avait provoqué la colère de groupes d'ex-rebelles et de partis politiques et mis dans l'embarras le gouvernement libyen qui l'avait qualifiée d'«enlèvement» et affirmé ne pas en avoir été informé. Les autorités libyennes avaient enjoint mardi les Etats-Unis à lui remettre immédiatement Abou Anas al-Libi.
Au lendemain de l'opération, la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye avait annoncé dans un communiqué un «état d'alerte maximum face (...) aux atteintes à la souveraineté du pays de la part des renseignements étrangers». Le groupe a démenti toutefois jeudi tout lien entre l'arrestation de Ali Zeidan et la capture d'Abou Anas, comme l'ont rapporté certains médias.
Depuis 2011, l'insécurité règne dans le pays Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités de transition en Libye n'ont pas réussi à rétablir la sécurité dans le pays ni à mettre sur pied une armée et une police professionnelles. Elles n'ont pas réussi non plus à arrêter les responsables de différentes attaques, donnant un sentiment d'impunité aux milices armées, qui comblent le vide en matière de sécurité laissé par un État en déliquescence. Le samedi 5 octobre, quinze soldats avaient été tués dans une attaque contre un point de contrôle situé à une centaine de kilomètres au sud-est de Tripoli.
Deux ans après la révolution, la Libye reste un pays coupé en plusieurs territoires (Misrata, Barqa, Djebel Nefousa, Zouwara, Zentan, la zone du Sud avec les Toubous, etc.). Et ces «territoires» sont contrôlés par des milices armées constituées par des éléments tribaux. Les conflits sont très nombreux entre tribus ce qui ajoute au climat d'insécurité.
Face à l’incapacité des nouvelles autorités libyennes à assurer une sécurité minimum, de nombreux diplomates ont décidé de quitter le pays. C’est le cas notamment des représentants russes, dont la représentation diplomatique a été attaquée dernièrement à Tripoli. Cette attaque s’ajoute à plusieurs autres ciblant des ambassades et diplomates étrangers en Libye, comme celle ayant visé, le 11 septembre 2012, le consulat américain à Benghazi, au cours de laquelle l’ambassadeur des Etats-Unis, Chris Stevens, et trois autres Américains avaient été tués. Le 23 avril 2013, un attentat à la voiture piégée contre l’ambassade de France à Tripoli a fait deux blessés parmi les gendarmes français.