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À Assise, le Pape plaide pour les exclus après le drame de Lampedusa
Mis à jour le 04/10/2013 à 12:33 - Publié le 04/10/2013 à 12:23
Le pape François a célébré une messe à l'extérieur de la basilique Saint François, à Assise.
«Aujourd'hui est une journée de pleurs» a déclaré le pape François vendredi à Assise, à l'occasion de la journée de deuil décrétée en Italie suite à la tragédie de Lampedusa.
C'est un pape François très heureux d'être arrivé à Assise vendredi au petit matin mais au visage très grave quand il a évoqué la catastrophe de Lampedusa pour laquelle un jour de deuil est proclamé en Italie. «C'est un jour de pleurs» a lancé François qui accomplit là son premier pèlerinage sur les pas de Saint François, l'apôtre de la pauvreté, qui l'a inspiré pour choisir son nom de Pape.
En laissant son discours de côté et en s'adressant précisément à des pauvres, avec qui il a voulu commencer cette visite d'une journée, François a dénoncé: «Tant de vous, ici, avez été dépouillés par ce monde sauvage qui ne donne pas de travail, qui n'aide pas, et qui est indifférent même si il y a des enfants qui meurent de faim, qui considère comme sans importance que tant de familles n'ont pas à manger, qui n'ont pas la dignité de porter du pain dans la poche, indifférent que tant de gens doivent fuir l'esclavage, la faim, fuir pour chercher la liberté et ils trouvent la mort comme cela s'est produit hier à Lampedusa: aujourd'hui est un jour de pleurs. Ces choses, c'est l'esprit du monde qui les fait! Il est ridicule qu'un vrai chrétien, prêtre, religieuse, évêque, cardinal, pape veuillent aller sur cette voie de la mondanité qui est une attitude homicide. La mondanité spirituelle tue l'âme, tue les personnes, tue l'Eglise. (…) Prions le Seigneur pour qu'il nous donne le courage de nous dépouiller, pas tant de nos vêtements, que de l'esprit du monde qui est l'ennemi de Jésus.»
La mondanité fait malJuste avant, et toujours en improvisant, il avait précisé: «Si nous voulons être chrétiens, il n'y a pas d'autre voie. Nous pouvons faire un christianisme un peu plus humain, sans croix, sans Jésus, sans dépouillement et nous deviendrons des chrétiens de pâtisserie, une belle tarte, de choses très douces mais pas de vrais chrétiens! Mais de quoi l'Eglise doit-elle se dépouiller? D'un danger très grave qui menace toute personne dans l'Eglise, tous: le péril de la mondanité. On ne peut pas vivre avec l'esprit du monde. La mondanité nous porte à la vanité, au sentiment de supériorité, à l'orgueil. C'est une idole. Ce n'est pas Dieu! L'idolatrie est le péché le plus fort. Quand les medias parlent de l'Eglise, ils pensent que l'Eglise ce sont les prêtres, les sœurs, les évêques, les cardinaux et le pape! Non, l'Eglise c'est nous tous. Et nous tous nous devons nous dépouiller de cette mondanité! L'esprit contraire l'esprit des Béatitudes, l'esprit contraire à celui de Jésus.»
Continuant son réquisitoire le pape François, parlant lentement, très concentré, dans la salle même où Saint François se mit à nu devant les autorités de son temps a donc appelé les catholiques à poser un choix radical: «La mondanité fait mal. Il est tellement triste de trouver des chrétiens mondains, certains de la sécurité, non de la foi, mais de la sécurité du monde… Il n'est pas possible de travailler dans les deux camps: l'Eglise, nous tous, devons nous dépouiller de la mondanité qui porte avec elle la vanité, l'orgueil et l'idolâtrie. Jésus lui-même, nous dit que l'on ne peut servir deux maîtres: Ou Dieu, ou l'argent… Dans l'argent, il y a tout l'esprit mondain, vanité, orgueil… toute cette route là. Mais nous ne pouvons pas effacer d'une main ce que nous écrivons d'un autre. L'Evangile est l'Evangile: Dieu est l'unique. Jésus le serviteur est avec nous. Et l'esprit du monde n'a rien à voir avec cela.»
Arrivé à 7h30 en hélicoptère avec un quart d'avance, le pape vient aussi fêter ici la saint François accompagné des huit cardinaux qui forment dorénavant son conseil rapproché et avec qui il vient de passer trois jours de réunions au Vatican pour réformer la gouvernance de l'Eglise catholique. Ce pèlerinage est donc symbolique du sens de son pontificat mais aussi du dépouillement que le Pape entend imprimer à l'Eglise catholique.
Avant de repartir ce soir à Rome, il doit assurer treize rendez-vous en tout genre, dont une messe en plein air, sous un ciel chagrin, en fin de matinée devant un public très nombreux - les organisateurs parlent de 100.000 personnes.
En arrivant, il a commencé par rencontrer des jeunes malades mentaux puis s'est rendu dans la chapelle de San Damien où Saint François raconta avoir entendu ces paroles - début de sa conversion - en regardant une grande croix toujours conservée «: «François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines».
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