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Valls juge «insupportables» les critiques à son égard
Mis à jour le 29/09/2013 à 20:23 - Publié le 29/09/2013 à 19:41
Manuel Valls mercredi en visite à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
La majorité semble plus que jamais divisée après les propos du ministre de l'Intérieur sur les roms. Tour d'horizon de ses opposants et de ses soutiens.
Manuel Valls divise. Le ministre de l'Intérieur a semé cette semaine le trouble dans son camp en niant la volonté d'intégration des Roms, sujet brûlant à l'approche des municipales de mars. «C'est illusoire de penser qu'on règlera le problème des populations Roms à travers uniquement l'insertion», a-t-il déclaré mardi sur France Inter, estimant qu'il n'y avait «pas d'autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire (ces populations) à la frontière». «Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie, et pour cela il faut que l'Union européenne, avec les autorités bulgares et roumaines, puissent faire en sorte que ces populations soient d'abord insérées dans leur pays», a-t-il insisté. Une ligne conforme à la politique prônée depuis des mois par la place Beauvau, mais qui a cette fois révélé une ligne de fracture à gauche.
Cible de vives critiques au sein de la majorité, Manuel Valls a jugé celles-ci «insupportables» dimanche sur BFMTV. «J'ai entendu des propos insupportables, des mots, des comparaisons avec la seconde Guerre mondiale», a-t-il dénoncé, après avoir affirmé qu'il refusait de polémiquer. «A force de vouloir faire l'ange, on va finir par faire le jeu de la bête», le Front national, a-t-il ajouté.
VIDEOhttp://www.bfmtv.com/video/bfmtv/politique/roms-valls-assume-propos-29-09-149206/
De son côté, le député PS Jean-Christophe Cambadélis appelle à un sursaut de la majorité présidentielle. «Les polémiques entre ministres deviennent intolérables», estime-t-il dans une interview dimanche au
Nouvel observateur .
Le point sur les soutiens et les opposants à Manuel Valls.
• Ceux qui le soutiennent Le président de la République vendredi à l'Élysée.
François Hollande: Selon Europe 1, le président de la République aurait pris la défense de son ministre de l'Intérieur en petit comité. «La majorité des Roms a vocation à être raccompagnée dans son pays d'origine. Seule une minorité cherche à s'intégrer», aurait-il assuré. Des déclarations qui semblent calquées, mot pour mot, sur celles de Manuel Valls.
Jean-Marc Ayrault: Sans prendre clairement position dans le conflit qui oppose Manuel Valls à Cécile Duflot, le premier ministre a rappelé vendredi à Nantes la nécessité de faire preuve de «sang-froid» pour gérer la France. «S'agissant des Roms, j'ai rappelé qu'il y a une ligne politique définie précisément dans une circulaire», a-t-il indiqué. «Ce qui est écrit dans cette circulaire est très clair (...) chaque membre du gouvernement doit s'y référer d'autant que chacun l'a signé».
Arnaud Montebourg: Après avoir estimé mardi que les propos «excessifs» de son homologue méritaient d'être «corrigés», le ministre du Redressement productif a finalement pris vendredi sa défense. «Qu'est-ce qu'il se passe sur le terrain? Une exaspération considérable, des campements illicites, des occupations sans droit ni titre, des problèmes sanitaires, des problèmes de délinquance et je voudrais dire que le ministre de l'Intérieur Manuel Valls n'a pas la tâche facile», a déclaré Arnaud Montebourg sur RTL. «Il y a des élus qui lui demandent d'intervenir et il le fait. Il procède à des reconduites à la frontière qui sont légales parce qu'il y a des actes de délinquance et des problèmes de sécurité et je crois qu'il a des résultats. Il faut rendre hommage au ministre de l'Intérieur».
Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve jeudi à Paris.
Bernard Cazeneuve: Le ministre du Budget s'est lui aussi référé à la circulaire définissant la politique du gouvernement sur les Roms. «Lorsque le ministre appelle à la fermeté en même temps qu'à l'intégration et au travail en commun des pays de l'Union européenne, il ne dit rien d'autre que ce qu'il y a dans la circulaire du premier ministre», a-t-il déclaré dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1-iTélé-
Le Monde.
Bertrand Delanoë: Manuel Valls a reçu le soutien indirect du maire de Paris, qui a revendiqué le démantèlement de 18 campements de Roms dans la capitale depuis le début de l'année. «Je n'accepte pas le désordre sur la voie publique, c'est-à-dire que nous évacuons», a-t-il déclaré, alors que cette question vient de faire l'objet d'une passe d'armes entre les candidates à sa succession. Pour lui, «la gauche gère le problème sérieusement, alors que la droite l'exploite».
Bruno Le Roux: Le chef de file des députés PS a appuyé mercredi les propos du ministre de l'Intérieur sur les Roms. «Est-ce qu'il y avait quelque chose de révolutionnaire dans des propos qui constataient que, chassés aujourd'hui partout en Europe un certain nombre de Roms sont en France et n'ont pas envie d'y rester?», a déclaré le député socialiste sur Europe 1. Les Roms «sont quelquefois prisonniers de systèmes mafieux, de systèmes de banditisme qui les maintiennent dans des conditions terribles» en France, a-t-il ajouté.
Une tribune d'élus PS: Seize élus socialistes, parmi lesquels l'ancien ministre, Daniel Vaillant, et le maire de Lyon, Gérard Collomb, ont publié dans
Le Journal du Dimanche une tribune saluant l'action de Manuel Valls. Ils appellent à l'unité de la gauche et du PS sur ces questions et disent vouloir «sortir de l'hypocrisie qui consiste à faire croire que parce qu'elle est humaniste, la gauche devrait laisser faire».
• Les opposants à sa politique Cécile Duflot à l'Assemblée le 17 septembre.
Cécile Duflot: La ministre du Logement a été la plus virulente envers Manuel Valls, l'accusant d'être allé «au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain». «On ne peut pas dire qu'il y a une catégorie de population où leur origine justifierait qu'elle ne puisse pas être intégrée et que leurs pratiques et modes de vie sont un dérangement pour leur voisin. Quand on dit cela, on est au-delà ce qui met en danger le pacte républicain», a-t-elle déclaré jeudi lors des journées parlementaires de son parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV), à Angers. Avant d'en appeler à «la responsabilité du président de la République». Dans un communiqué intitulé «Halte à la stigmatisation des Roms», le parti a qualifié jeudi d'«inacceptable» et de «scandaleuse» la «stigmatisation constante» de la communauté Rom par un ministre de la République.
Marisol Touraine: Alors que Manuel Valls a mis en doute la volonté des Roms de s'intégrer en évoquant «des modes de vies extrêmement différents des nôtres», sa collègue des Affaires sociales a estimé mardi que «l'enjeu» de la présence des Roms sur le territoire n'est pas leur «mode de vie», mais «le respect des règles de la République». «La République, c'est à la fois des valeurs et des règles» et «ceux qui vivent sur notre territoire doivent respecter les règles», a-t-elle argué sur Public Sénat. Et la ministre d'ajouter: «Lorsque ce n'est pas le cas, ils sont évidemment amenés à quitter notre territoire».
Benoît Hamon: Le ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire a jugé samedi que la gauche devait éviter les «leçons en réalisme» sur les Roms, affirmant qu'elle ne peut renoncer à «intégrer progressivement une population». Une critique indirecte des déclarations de Manuel Valls. «Ne tombons pas dans le piège des stéréotypes. Epargnons-nous cette violence», a-t-il ajouté devant les participants aux universités de rentrée d'Un monde d'avance, un courant socialiste, à Vieux-Boucau, dans les Landes.
George Pau-Langevin: Pour la ministre déléguée chargée de la Réussite éducative, la France saura relever le défi de l'intégration de «ces nouveaux déshérités». «Nous rejetons tout discours essentialiste: tout enfant est éducable, nul peuple n'est délinquant ou marginal par nature», a-t-elle affirmé vendredi, lors d'un colloque à l'Assemblée nationale sur le sujet.
Le numéro un du PS, Harlem Désir, à la Rochelle, le 24 août.
Harlem Désir: «Je ne crois pas aux théories selon lesquelles certaines populations ne pourraient pas être intégrées, on a toujours dit ça des populations immigrées», a réagi le numéro un du PS mercredi au Talk Orange-
Le Figaro , qui a érigé comme «principe» «le refus de la stigmatisation».
Martine Aubry: L'ancienne première secrétaire du Parti socialiste en a aussi appelé au «respect des règles» dans la polémique sur les Roms. «Il y a des terrains partout qui (...) permettent d'insérer ceux qui respectent nos règles. Quand ce n'est pas le cas, alors oui je suis pour le retour au pays, mais c'est ce que j'appellerais à la fois de l'humanité et de l'efficacité, c'est-à-dire la République finalement», a commenté la maire de Lille, selon des propos rapportés mardi par
La Voix du Nord.