Répression et violation des droits de l’homme : le Maroc pris en flagrant délit
Publié le 25.09.13 | 10h00
Un jeune Sahraoui a été tué, lundi, lors d’une manifestation. Son corps a été «kidnappé» par les éléments de sécurité dans la ville marocaine de Assa Azzak. Le directeur du journal Lakome est en garde à vue.La violation des droits de l’homme et la répression des manifestations est décidément une seconde nature chez les autorités marocaines. Un jeune Sahraoui est décédé hier, succombant à ses blessures, suite aux affrontements violents qui ont eu lieu, lundi, dans la ville marocaine d’Assa, après la dispersion brutale du sit-in de Tizimi par les forces marocaines, a indiqué hier l’Agence de presse sahraouie (SPS).
La victime, Rachid Echine Ould Mimoun, élève au lycée Okba Ibn Nafaa, «a reçu un coup mortel au niveau du cœur», a précisé la même source.
Les affrontements ont fait des dizaines de blessés parmi les Sahraouis, qui n’ont pas pu se rendre à l’hôpital, en raison du siège sécuritaire imposé à cette ville, rappelant ainsi le tristement célèbre démantèlement du camps Gdeim Izik en 2010 dans la ville occupée d’El Ayoun, qui a fait une quarantaine de morts.Les gendarmes et les policiers de sa majesté ont la gâchette facile, à plus forte raison quand ils ont en face des militants sahraouis, qu’ils soient des jeunes ou des femmes.Cette fois encore, le bras armé du roi n’a pas raté sa cible, le jeune lycéen a, d’après des sources concordantes, reçu un coup mortel à l’aide d’un objet tranchant.
Un meurtre édifiant pour le Congrès Selon le journal arabophone marocain on-line Lakome, dont le brillant directeur et éditorialiste, Ali Anzoula, est en garde à vue depuis quatre jours – pour une sombre affaire de vidéo d’Al Qaîda publiée dans son journal –, «la gendarmerie royale a sorti illégalement la dépouille de la jeune victime de la morgue de l’hôpital de la ville d’Assa Ezzak». Une délégation de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), qui s’est rendue au siège de la brigade pour se plaindre de la disparition du corps, a été renvoyée manu militari. Le même refus a été essuyé par d’autres sections locales des ONG des droits de l’homme.
Un mort et une dizaine de blessés La même source précise que les éléments de la sécurité qui ont «kidnappé» la dépouille de Rachid Echine, l’ont emmenée, hier matin, à bord d’une voiture de marque Prado vers une destination inconnue. Fait troublant, les «ravisseurs» n’ont même pas présenté une autorisation du procureur du roi pour faire sortir la dépouille de l’hôpital. Par ailleurs, la même source précise que d’autres jeunes Sahraouis, dont Mohamed Souakh, Abd Eddaim Bouzid, Abdessalam Cherkaoui, Boutmit Oubaha, Mohmed Ouakou Ibrahim, Younes Laghzal et Othmane Abd Eddaim Ounadji, ont été blessés.
A signaler que ces tragiques événements ont eu lieu, lundi, quand les forces de sécurité marocaines ont donné l’assaut contre cinq tentes dressées par les tribus Aït Toussi et Terkez après avoir trouvé un accord avec les Aït Zekri à propos de leurs limites territoriales authentifiées par des documents datant de 1936.
Cette intervention musclée des forces de sécurité du makhzen, qui a provoqué la mort du jeune Sahraoui, intervient au lendemain de la présentation, par John Kerry, d’un rapport sur la situation des droits de l’homme au Maroc. Dans ce document de quatre pages remis lundi aux commissions du budget du Congrès, le secrétaire d’Etat américain a souligné des «restrictions excessives et continues, particulièrement sur le droit de réunion pacifique et la publication de tout plaidoyer pour l’indépendance ou pour un référendum qui inclurait l’indépendance comme option».
On y apprend aussi «plusieurs violations des droits de l’homme : absence de procès équitable pour des manifestants pro-indépendance, arrestation de militants lors de distribution de tracts, et même le blocage de certains sites internet considérés controversés, comme ceux préconisant l’indépendance». Et le meurtre, hier, du jeune Sahraoui Rachid Echine tombe comme un cheveu sur la soupe du roi qui voulait lifter l’image liberticide de son royaume ainsi pris en flagrant délit.
Hassan Moali
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