Jamel Administrateur
Messages : 14896 Date d'inscription : 25/10/2011 Localisation : Lyon
| Sujet: Editorial : Rentrées Jeu 12 Sep - 10:13 | |
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Jeudi 12 septembre 2013
Editorial : RENTREES
Par M. Saadoune
Le président de la République a fait officiellement sa rentrée en remaniant le gouvernement. Des limogeages, des arrivées, des changements de portefeuille. Quelques noms de proches placés dans les ministères stratégiques. A cette rentrée politique qui sera gravée dans le marbre du Journal officiel de la République, les analystes y verront un signe que le chemin vers l'élection présidentielle est désormais ouvert. Et que Bouteflika et ses proches restent dans la partie au moins pour peser sur le choix du successeur. Le système algérien est ainsi fait. Si le président de la République n'a pas la «totalité» du pouvoir, celui-ci ne s'exerce pas sans lui. La vie politique algérienne qui n'avait déjà rien de réjouissant a atteint un summum de léthargie depuis l'accident de santé du président de la République. Et malgré l'activisme public du Premier ministre et ses efforts, parfois pénibles, pour assurer au monde que le pays fonctionne «normalement», l'Algérie devenait encore plus bizarre politiquement que d'habitude. Aucun pays au monde, hormis ceux qui sont totalement verrouillés, ne peut présenter cette caractéristique algérienne d'une vie publique atone, suspendue à ce point à la santé du président. C'est que l'architecture du système fait de la présidence le lieu central pour l'impulsion de l'action du gouvernement et même pour le fonctionnement ordinaire de l'Etat avec l'approbation des projets de loi et les nominations. La tendance a été amplifiée par le style de gouvernance du président Bouteflika. La politique est devenue encore fantomatique en Algérie ces derniers mois. Même les appels à la mise en œuvre de l'article de la Constitution relatif à l'empêchement pour raison de santé ont été vite tus ou étouffés. Le système n'aime pas trop qu'on essaye de brusquer les choses et encore moins que l'on accélère les successions. On préfère prendre du temps, préparer les choses, «fabriquer» des consensus
Pourtant, au-delà des personnes, ce qui est apparu au cours des derniers mois est l'ampleur du vide national alors que des questions politiques et économiques graves se posent pour le pays. On peut, sans problème, faire marcher tant bien que mal des administrations publiques et les entreprises, mais dans un système centralisé, déjà peu réactif, la baisse d'activité présidentielle brouille la vision. Le long épisode du congé de maladie présidentiel devrait, dans une situation normale, amener à prendre en charge cet aspect dans le cadre de la révision constitutionnelle
dont on ne sait plus si elle est toujours à l'ordre du jour. A moins de le faire au pas de charge, sans débat réel, il y a déjà un télescopage en termes de calendrier entre une présidentielle qui arrive déjà et l'idée d'une révision de la Constitution. Sans se faire d'illusions, on peut souhaiter que cette «rentrée» présidentielle permette enfin de dégeler la scène politique. Car au-delà des personnes, une présidentielle est, «normalement», une occasion de faire des bilans, de poser ouvertement les grandes questions de l'avenir d'un pays et d'une région. Rien n'indique que les choses iront vers cette direction vertueuse. Mais rien n'interdit de souhaiter pour le pays la vie politique sérieuse et ambitieuse qui lui manque. | |
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