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ACQUISITION DE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE : La France "saigne" le Maghreb
Par Mohamed TOUATI - Dimanche 01 Septembre 2013 -La majorité des personnes qui en ont bénéficié ont entre 30 et 40 ans
13.807 Marocains, 7280 Algériens, et 4286 Tunisiens forment le trio de tête des ressortissants étrangers qui ont opté pour la nationalité française.Le gouvernement socialiste veut faciliter l'accès à la nationalité. Une décision qui pourrait favoriser l'intégration des populations qui y postulent et leur permettre de ne plus rester en marge de leur société d'accueil. Elle pourrait, par contre, avoir un effet néfaste sur leurs pays d'origine en particulier et faire très mal au projet de construction du Maghreb puisqu'elle participe à une saignée des ressources humaines des principaux pays qui doivent former l'ossature de ce bloc économique en gestation. Les Marocains (13.807, Algériens (7280) et les Tunisiens (4286), forment effectivement le trio de tête des ressortissants étrangers qui ont acquis la nationalité française.
La majorité des personnes qui en ont bénéficié ont entre 30 et 40 ans. Un indice qui renforce ce type d'observation.
«Cela correspond grosso modo, avec des nuances, au poids des flux migratoires et des populations étrangères en France. Quant à l'âge, la grande masse des nouveaux Français correspond aux catégories de la population active entre 20 et 60 ans, la classe d'âge la plus importante se situant entre 30 et 40 ans», fait remarquer Maxime Tandonnet, haut fonctionnaire et ancien conseiller de l'ex-locataire de l'Elysée, Nicolas Sarkozy, sur les questions relatives à l'immigration.
Un phénomène qui semble reparti à la hausse après avoir subi un recul notoire, estimé entre 30% et 40%. Sous la houlette de l'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, le nombre des naturalisations qui avoisinait les 100.000 par an au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy est descendu à environ 46.000 en 2012. Une tendance que compte inverser l'actuel patron de la place tout en émettant des conditions.
«La naturalisation doit devenir l'aboutissement d'un processus d'intégration réussi et doit être facilitée pour ceux qui le souhaitent et le méritent. Cela sans transiger avec nos principes et nos valeurs, ni brader notre nationalité», a déclaré Manuel Valls. Une procédure qui profite surtout aux nationalités marocaine, algérienne et tunisienne. «Si le nombre d'étrangers naturalisés est reparti à la hausse depuis 2012, la composition de cette population n'a pas réellement varié: les pays du Maghreb sont toujours sur-représentés; l'âge moyen des personnes naturalisées se situe toujours dans la moyenne des 30-50 ans; les femmes sont toujours un peu supérieures aux hommes; tandis que les étrangers naturalisés sont mieux insérés sur le plan professionnel que la moyenne des étrangers», note Mehdi Thomas Allal, maître de conférenceS à Sciences Po et coordonnateur du «pôle immigration, intégration et non-discrimination» pour le thinktank Terra Nova.
Pour l'Algérie. Elle représente une saignée qui met en exergue son projet vraisemblablement avorté de faire revenir ses compétences et ses forces vives. «Le plus grand défi que nous devons relever aujourd´hui est la bonne gestion des ressources humaines, qui reste un acquis stratégique, à travers l´orientation et la formation du capital humain», avait déclaré Abdelaziz Bouteflika, le 19 mai 2008, à l´occasion de l´ouverture des Assises nationales sur l´enseignement supérieur et la recherche scientifique.
Cinq ans plus tard, il est regrettable de constater que nombre de nos compatriotes qui ont décidé de couper les ponts avec l'Algérie ne cesse d'augmenter.