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L'exécutif va informer les responsables politiques sur la situation en Syrie
Le 01.09.2013 à 11h27 • Mis à jour le 01.09.2013 à 13h21 Cette rencontre intervient alors que François Hollande subit depuis samedi la pression de l'opposition pour qu'un vote soit organisé au Parlement sur la perspective d'une frappe contre le régime d'Assad.
Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, recevra lundi à 17 heures à Matignon les principaux responsables parlementaires pour les informer de la situation en Syrie avant le débat au Parlement prévu mercredi.L'annonce intervient alors que François Hollande subit depuis samedi la pression de l'opposition pour qu'un vote soit organisé au Parlement sur la perspective d'une action militaire de la France contre le régime de Bachar Al-Assad, tenu pour responsable de l'attaque chimique meurtrière du 21 août. Alors que les frappes aériennes semblaient imminentes, Barack Obama, déterminé comme François Hollande à
"punir" ce régime, a annoncé samedi qu'il allait consulter le Congrès américain.
Avec les ministres des affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la défense, Jean-Yves Le Drian, le chef du gouvernement recevra les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, les présidents des commissions des affaires étrangères et de la défense de l'Assemblée et de la commission des affaires étrangères et des forces armées du Sénat, ainsi que les présidents des groupes politiques de la majorité et de l'opposition des deux chambres.
LES DOUTES DE LA CLASSE POLITIQUECette rencontre intervient alors que les ténors de la classe politique expriment leurs réserves sur la perspective d'une intervention. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS), approuve la perspective d'une frappe en Syrie. Mais il met toutefois en garde contre
"une vengeance sans suite", dans un entretien au
JDD. Il précise néanmoins :
"On ne peut pas laisser ces actes abjects sans réponse, mais la communauté internationale doit être plus précise sur les objectifs que nous poursuivons."Le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a lui dénoncé un
"esprit munichois" chez des dirigeants de l'opposition qui émettent des réserves au sujet d'une action militaire de la France en Syrie. Harlem Désir a implicitement visé le président de l'UMP, Jean-François Copé, qui, après avoir approuvé sur le fond et la forme la détermination de François Hollande à agir en Syrie, déclare dans une interview à
Sud-Ouest Dimanche qu'
"avant toute décision, il faut attendre les conclusions des inspecteurs de l'ONU". Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a dénoncé
"les propos ignobles et d'une extrême gravité" de M. Désir et demandé à François Hollande et Jean-Marc Ayrault de les condamner.
Dans une
"Lettre ouverte au président de la République" publiée par
Le JDD, François Bayrou, le président du MoDem, reproche à François Hollande de se préparer à intervenir militairement en Syrie pour la
"donner à des forces fondamentalistes engagées dans une entreprise globale d'instauration de l'islamisme politique".
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, estime, dans un entretien au
Parisien Dimanche, que
"la France n'a pas intérêt à entrer dans une guerre de religion" en Syrie. Pour le sénateur du Territoire de Belfort,
"il eût mieux valu privilégier une posture de négociations et faire de la France un intermédiaire entre les camps qui s'opposent dans ce qui est une véritable guerre civile intercommunautaire".
Concernant les hésitations du président américain sur d'éventuelles frappes, M. Chevènement pense qu'
"une erreur a été commise par le président Obama quand il a déclaré, en août 2012, que l'emploi de l'arme chimique serait une ligne rouge conditionnant une intervention occidentale".
"Il s'est piégé lui-même", selon lui.
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a dénoncé dimanche sur Radio J un
"esprit munichois" chez des dirigeants de l'opposition qui émettent des réserves au sujet d'une action militaire de la France en Syrie.
"Je ne voudrais pas que les mêmes qui recevaient M. [Bachar] Al-Assad un 14 juillet montrent aujourd'hui un esprit munichois face à ces atrocités", a lancé M. Désir en allusion à une visite controversée en France du dictateur syrien sous le quinquennat Sarkozy.
PAS DE VOTE DES PARLEMENTAIRESSi quelques appels en ce sens ont été lancés jusque dans les rangs de la majorité, l'exécutif semblait dimanche matin peu enclin à organiser un vote des parlementaires.
La présidente de la commission des affaires étrangères, la socialiste Elisabeth Guigou a rappelé, dimanche, sur i-Télé, qu'au terme de la Constitution de la V
e République, le chef de l'Etat et chef des armées détient
"la responsabilité de décider" et peut se passer de l'accord du Parlement pour engager les forces armées à l'étranger.
"Il le peut absolument, c'est la lettre et l'esprit de la Constitution", a dit l'ancienne ministre.
D'après l'article 35 de la Constitution,
"le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote".
Un vote ne doit légalement intervenir que si la durée de l'intervention excède quatre mois, comme ce fut le cas récemment pour le Mali.
"Lorsque la durée de l'intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement. Il peut demander à l'Assemblée nationale de décider en dernier ressort", souligne le même article.
Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a affirmé, au sujet du vote du Parlement réclamé par l'opposition sur l'opportunité de frappes contre la Syrie, qu'on ne
"change pas la Constitution en fonction des événements". M. Valls a par ailleurs estimé qu'il y avait une
"légitimité" à agir en Syrie,
"à partir du moment où on a violé des règles internationales concernant l'utilisation de gaz chimiques".
Il a affirmé que
"la détermination du chef de l'Etat est intacte" et que
"le pire serait de ne rien faire", qualifiant le
"gazage" en Syrie de
"crime contre l'humanité". Mais il a estimé que la France ne pouvait agir seule en Syrie, insistant sur la nécessité d'une coalition internationale pour intervenir.
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