Jamel Administrateur
Messages : 14896 Date d'inscription : 25/10/2011 Localisation : Lyon
| Sujet: Syrie : Obama consulte tous azimuts, avant de frapper Ven 30 Aoû - 5:29 | |
| WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International
Syrie : Obama consulte tous azimuts, avant de frapper
Publié le 30/08/2013 à 07:11
Le président est pris entre le désir d'envoyer un message d'avertissement sans ambiguïté à Assad et la peur de glisser dans un conflit élargi financièrement trop coûteux. Comme il paraît loin ces derniers jours, «le pivot vers l'Asie» revendiqué par l'administration Obama, avec le compte à rebours qui s'est soudain enclenché pour d'éventuelles frappes américaines limitées contre les installations aériennes du régime d'Assad. Il est fascinant d'observer comment l'Amérique, échaudée et épuisée par dix ans de guerre en Irak et en Afghanistan - et qui annonçait très sérieusement il y a un an son désengagement du Moyen-Orient, se prépare à nouveau à s'engager dans une nouvelle opération militaire dans la région, malgré toutes ses préventions et ses promesses de ne plus s'y laisser prendre. Cette volte-face prouve qu'il n'est pas si facile, pour la superpuissance Amérique, d'échapper à ses responsabilités de gendarme du monde. Certes, l'administration Obama n'a toujours pas fourni publiquement de preuves définitives de l'utilisation d'armes chimiques par Assad mais elle n'a cessé ces dernières heures de communiquer sa conviction que c'est bien le régime syrien qui a utilisé ces armes et qu'il s'agit là d'un acte inacceptable que le président américain n'entend pas laisser impuni. Si la nature précise de la riposte militaire limitée (sans engagement de troupes au sol) qui va sans nul doute être décidée - continue de faire débat au Pentagone et au département d'Etat, le président s'est engagé dans des consultations intenses avec ses alliés étrangers et le Congrès, pour discuter ses intentions, sonder les leurs et prendre conseil. Il a notamment consulté ce jeudi maints parlementaires lors d'un briefing téléphonique déclassifié. Son message est clair, ont expliqué plusieurs responsables de l'administration. Il y aura une riposte américaine contre l'utilisation d'armes chimiques, quelle que soit l'attitude de ses alliés. Car l'Amérique a les preuves et la justification légale de mener une frappe, même sans mandat de l'ONU. Fil d'équilibristeLes discussions tous azimuts sont bien évidemment destinées à forger un contexte favorable à l'action que le président a décidé d'engager. Beaucoup d'élus notamment démocrates estiment que le président doit soumettre ses plans à l'approbation du Congrès avant d'engager le pays dans une nouvelle aventure militaire. La partie est d'autant moins facile pour Obama, que l'opinion publique américaine est extrêmement réticente à l' idée d'une nouvelle guerre, même éclair, à l'étranger, craignant un embourbement et des rétorsions de l'Iran sur Israël. La communauté des experts militaires et diplomatiques reflète elle aussi ce scepticisme, même si elle reconnaît dans l'ensemble que l'inaction pourrait se révéler peut-être plus problématique encore que l'action, un argument clé de l'administration Obama pour agir. Le président se retrouve en réalité sur un fil d'équilibriste, pris entre le désir d'envoyer un message d'avertissement sans ambiguïté à Assad pour prévenir toute nouvelle utilisation des armes chimiques, et la peur de glisser dans un conflit élargi que le budget américain ne pourrait assumer. La faible marge de manoeuvre financière dont il dispose lui a été rappelée à plusieurs reprises par les hauts cadres du Pentagone, dont le chef d'état major Martin Dempsey. Mais les analystes soulignent aussi le danger d'en faire trop peu et de s'en tenir à des frappes limitées symboliques qui n'affaibliraient pas suffisamment les centres de commandement aériens vitaux, voire encourageraient même Assad à s'enhardir. «Une mission peu claire» est aussi dangereuse qu'une main trop lourde, a résumé le journaliste Pierce Morgan jeudi soir sur CNN. Le camouflet opposé par le parlement anglais à la volonté d'intervention requise par le premier ministre David Cameron, n'ajoute pas à l'optimisme à Washington. Beaucoup mettent en garde contre une action unilatérale et solitaire de l'Amérique en Syrie, qui donnerait à Assad des arguments rêvés pour sa propagande. «J'espère que les Britanniques iront quand même, de même que les Français et d'autres pays de la Ligue arabe», a noté l'experte Robin Wright, notant que le rapport des inspecteurs de l'ONU qui seront présents à Damas jusqu'à samedi «pourrait peut être changer les choses». Faisant écho à plusieurs responsables de l'administration, qui se sont confiés au New York Times, le général Hayden, ancien directeur de la NSA puis de la CIA, a parié toutefois que le président irait jusqu'au bout de sa démarche, même en solitaire. «C'est bon politiquement d'avoir des alliés, mais les Etats-Unis ont la puissance qu'il faut pour agir», a-t-il jugé jeudi. | |
|