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Egypte : des détenus islamistes tués lors d'une tentative d'évasion
Le 17.08.2013 à 04h45 • Mis à jour le 19.08.2013 à 07h49 Au total, quelque 1 004 sympathisants des Frères musulmans, dont 558 au Caire, ont été interpellés lors des manifestations de vendredi dans tout le pays.
Trente-six détenus, partisans présumés des Frères musulmans, ont été tués, dimanche 18 août, dans des circonstances encore peu claires, lors d'un transfert du Caire à une prison de la banlieue. Les autorités assurent qu'ils sont morts en tentant de s'évader, après que des inconnus ont attaqué le convoi de la police, qui transportait au total plus de 600 Frères musulmans faits prisonniers. Dans un communiqué, "l'Alliance contre le coup d'Etat", une coalition pro-Morsi, a pour sa part accusé la police de les avoir "assassinés".
En fin de journée, le ministère de l'intérieur a publié un communiqué précisant que les hommes étaient morts asphyxiés par les gaz lacrymogènes des policiers. Un policier, brièvement pris en otage, est gravement blessé, ajoute le ministère.
Ces décès viennent alourdir un bilan d'au moins 800 morts en cinq jours. Dimanche ont notamment été organisées les funérailles de l'un des fils de Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie, qui a été tué vendredi au Caire au cours des manifestations de
"la journée de la colère".- 250 partisans des Frères musulmans poursuivis pour meurtre
Un ami d'Ammar Badie, le fils du guide spirituel des Frères musulmans Mohamed Badie, mort vendredi au Caire, prie à ses funérailles, le 18 août.
Près de 250 partisans supposés des Frères musulmans sont visés par une enquête du parquet pour meurtre, tentative de meurtre et terrorisme, selon l'agence de presse MENA. Elle n'a en revanche donné aucun détail ni sur les conditions de ces poursuites en justice ni sur leur délai. Au total, quelque 1 004 sympathisants des Frères musulmans, dont 558 au Caire, avaient été interpellés vendredi.
- Les autorités interdisent les milices de quartiers anti-islamistes
Des partisans du gouvernement de transition égyptien manifestent le 17 août devant la mosquée Al-Fateh, au Caire.
Le ministère de l'intérieur a prononcé l'interdiction des
"comités populaires", des milices de quartiers anti-islamistes qui ont récemment essaimé en Egypte. Ces groupes d'autodéfense sont formés en général de jeunes armés qui s'en prennent aux partisans des Frères musulmans. Le ministère affirme avoir pris cette décision car ces groupes mènent
"des actions illégales". Dans plusieurs quartiers, des résidents membres de ces
"comités" ont installé des barrages, fouillant les véhicules et vérifiant les papiers d'identité à l'entrée de leur quartier ou de leur rue.
- Des manifestations pro-Morsi annulées par "sécurité"
Un partisan du président déchu Mohamed Morsi lors d'une manifestation au Caire le 18 août.
Certaines des manifestations des islamistes au Caire prévues dimanche ont été annulées pour
"raisons de sécurité", a indiqué Yasmine Adel, la porte-parole de l'Alliance contre le coup d'Etat. La coalition des pro-Morsi avait promis neuf nouvelles manifestations sous le slogan
"La semaine du départ du coup d'Etat" et appelé à des défilés après la prière, vers 16 heures. Signe du manque apparent d'organisation des Frères musulmans, la confrérie, dont la plupart des dirigeants sont désormais incarcérés ou en fuite, plusieurs communiqués contradictoires ont annoncé l'annulation ou le maintien des neuf cortèges prévus.
L'armée bloquait des grands axes du Caire, pour empêcher ces manifestations, tandis que le ministère des biens religieux a annoncé que les mosquées ne seraient désormais plus ouvertes que pour les prières, tentant ainsi d'éviter les rassemblements dans ces lieux de culte. Des images de télévision ont toutefois montré des défilés en dehors de la capitale.
- Le général Al-Sissi dit que l'Egypte ne pliera pas devant la violence
Des partisans du général Abdel Fattah Al-Sissi (sur l'affiche), le 8 juillet au Caire.
Lors d'une réunion dimanche avec les principaux chefs militaires et de la police, le général Abdel Fattah Al-Sissi, le chef de l'armée, a assuré que l'Egypte ne
"plierait" pas devant la violence des islamistes.
- Citation :
- "Quiconque imagine que la violence fera plier l'Etat et les Egyptiens doit revoir sa position, nous ne resterons jamais silencieux face à la destruction du pays [...], qu'on terrorise son peuple et qu'on renvoie une mauvaise image aux médias occidentaux avec des combats dans les rues."
Le général Sissi a toutefois affirmé qu'il y avait de
"la place pour tous en Egypte". Moustapha Higazy, conseiller du président par intérim, Adli Mansour, avait déjà assuré que les membres des Frères musulmans n'ayant pas commis de violences pourraient participer à la transition dans le pays
"en tant que citoyens égyptiens".
"Quiconque, issu ou non des Frères musulmans, voulant rejoindre la marche pacifique des Egyptiens vers le futur est le bienvenu", a-t-il dit.
- François Hollande plaide pour de nouvelles élections
Un policier frappe un partisan de Mohamed Morsi lors de l'évacuation d'un sit-in au Caire le 14 août.
Après un entretien avec le ministre des affaires étrangères d'Arabie saoudite, Saoud Al-Fayçal, dimanche, François Hollande a jugé que le niveau des violences en Egypte n'était
"pas acceptable" et plaidé pour que des élections soient organisées
"dans un délai rapide" afin de permettre au pays de sortir de la crise par une solution politique.
Les dirigeants de l'Union européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont averti le gouvernement égyptien que l'UE était prête à "réexaminer urgemment, dans les jours
qui viennent", ses relations avec ce pays si la violence ne cesse pas. Le président de l'UE et celui de la Commission européenne avertissent qu'une nouvelle escalade dans la violence pourrait avoir
"des conséquences imprévisibles". Une réunion des ministres des affaires étrangères de l'UE se tiendra cette semaine après un travail préparatoire lundi à Bruxelles des représentants des 28 Etats membres.