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Sujet: George Duke dans la stratosphère du jazz Mar 13 Aoû - 16:55
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George Duke dans la stratosphère du jazz
Publié le 7 août 2013 à 21:26
Disparition. Le claviériste, compositeur, producteur et chanteur californien s’est éteint à 67 ans.
George Duke à l'oeuvre.
La nouvelle de la mort de George Duke, lundi, dans un hôpital de Los Angeles des suites d’une leucémie, est tombée hier. Pour les fans de rock, il restera un collaborateur majeur de Frank Zappa, de Chunga’s Revenge en 1970 à Bongo Fury en 1975. L’histoire du jazz, elle, retiendra qu’il a accompagné les débuts d’Al Jarreau à la fin des années 60, succédé à Joe Zawinul dans le groupe de Cannonball Adderley, composé et produit deux titres pour Miles Davis (Backyard Ritual sur l’album Tutu, et Cobra surAmandla) et tournait encore il y a deux ans en trio aux Etats-Unis avec Marcus Miller à la basse et David Sanborn au saxophone. Sa Brazilian Love Affair avec les chanteurs Milton Nascimento et Flora Purim et le percussionniste Airto Moreira ne passa pas non plus inaperçue. Enfin, il servit puissamment le funk et la pop en jouant sur Off the Wall de Michael Jackson et en alignant des albums aux compositions moyennes mais toujours défendues par des musiciens exceptionnels : des bassistes Stanley Clarke et Louis Johnson aux batteurs Billy Cobham et Steve Ferrone.
Filles.
Dans les années 80, certains déploraient qu’un musicien aussi talentueux s’illustre aux commandes de redoutables machines à danser, avec un répertoire évoquant au mieux Shalamar, Kool & The Gang et George Benson. Mais il faisait remarquer que depuis qu’il avait lâché le jazz-rock et s’était reconverti en crooner funky, il y avait beaucoup plus de jolies filles à ses shows.
C’est en assistant à l’âge de 4 ans à un concert de Duke Ellington que George Duke contracte la folie du piano. Le gamin né à San Rafael, au nord de San Francisco, et qui vit dans le ghetto noir de Marin City, commence aussitôt son apprentissage, complété par celui du trombone et de la contrebasse.
Parmi ses fascinations : Ray Charles, qu’il rencontre très jeune, Woody Herman, David «Fathead» Newman, et Miles Davis, à qui il voue un culte. Frais émoulu du conservatoire et de l’Université de San Francisco, George Duke fonde un trio et joue avec le violoniste français Jean-Luc Ponty. C’est lors d’une tournée de ce dernier qu’il attire l’attention de Frank Zappa et de Julian «Cannonball» Adderley, avec qui il jouera en parallèle dans les années 70. Lorsqu’il rencontre Zappa, George Duke connaît son Stravinsky sur le bout des doigts, a déjà joué avec Dizzy Gillespie, Bobby Hutcherson et Kenny Dorham, et, grâce à sa maman, il n’ignore rien d’artistique, du gospel de Mahalia Jackson au ballet classique. Mais le guitariste et compositeur avant-gardiste va néanmoins bouleverser tous ses repères. Après l’avoir engagé en mai 1970 pour un concert des Mothers of Invention avec le Los Angeles Philharmonic à UCLA, Zappa demande à Duke d’intégrer son groupe et de se mettre aux synthétiseurs et au chant.
Surnaturel.
Entouré d’un Fender Rhodes branché sur une chambre d’écho Echoplex et d’un modulateur en anneau Oberheim, des synthétiseurs ARP 2600, ARP Odyssey et Mini-Moog, George Duke livre des solos surnaturels, comme le rappellent les albums Waka/Jawaka ou Roxy & Elswhere.
Il se révèle également excellent chanteur, même si, modeste, George Duke prétendra toujours le contraire. En 1999, à l’instar de Chick Corea et Joe Zawinul, il livrait une œuvre pour trio jazz et orchestre symphonique intitulée Muir Woods Suite, créée par le Cincinnati Symphony Orchestra. Mais c’est de l’étincelant sorcier du clavier jazz et funk que l’on se souviendra.