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Voyous relâchés à Dreux : les explications tortueuses de Christiane Taubira
Mis à jour le 05/08/2013 à 23:43 - Publié le 05/08/2013 à 23:16
Christiane Taubira, la garde des Sceaux, le 2 août.
La garde des Sceaux a déclaré lundi qu'elle ne «portait pas de jugement sur les décisions de magistrats» après la libération de trois délinquants faute de place dans la prison de Chartres.
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, s'est rendue à Chartres lundi pour y entendre les explications des magistrats locaux après la libération de trois délinquants faute de place dans la prison locale. Invitée de France 2 lundi soir, elle a pourtant refusé de livrer toutes les explications sur cette affaire. La ministre a simplement déclaré qu'elle ne «portait pas de jugement sur les décisions de magistrats». Sur le fond du dossier, elle a repris l'argument déjà avancé par la Chancellerie en expliquant que l'incarcération des délinquants condamnés n'avait pas été «annulée mais différée de deux à quatre semaines».
Une affirmation contestée par des policiers. L'intervention assez brouillonne de la garde des Sceaux intervient alors que l'affaire de Dreux rebondit dans le camp socialiste. Lundi matin, Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée, avait précisément dit attendre des «explications» au sujet d'une affaire qui a justifié un rapport du numéro deux du commissariat de Dreux pour alerter sa plus haute hiérarchie sur l'incident.
Le chef de file des députés socialistes a été plus loin dans ses propos, en estimant qu'il s'agissait d'une «affaire qui n'est pas normale». C'est que d'aucuns à gauche mesurent les risques que font peser de telles décisions sur la crédibilité de la politique pénale conduite par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, résolument hostile à la création de nouvelles places de prisons.
Bruno Le Roux a rappelé que «le ministre de l'Intérieur a montré qu'il était en accord avec les policiers qui ont dénoncé cela». Et l'élu de Seine-Saint-Denis d'ajouter, un brin ironique: «La ministre de la Justice a demandé des éclaircissements. C'est le moins que l'on puisse faire.»
La circulaire de septembre 2012Se disant «particulièrement étonné» par la décision du parquet de Chartres dans cette affaire, il a estimé que «quand il y a condamnation, il doit y avoir exécution de cette condamnation». Et ce proche de François Hollande de préciser: «Le but aujourd'hui de la politique pénale, ce doit être bien entendu la réparation par la sanction, mais surtout la lutte contre la récidive». Or, poursuit-il, «les prisons, telles qu'elles sont aujourd'hui, avec leur surpopulation, l'absence de politique d'individualisation», ne «jouent pas totalement» leur «rôle dans la lutte contre la récidive. C'est pourquoi Christiane Taubira est devant un chantier immense».
À droite, les attaques se font de plus en plus virulentes contre la garde des Sceaux. Éric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, a accusé lundi Christiane Taubira de «mettre en péril le pacte républicain». Il a qualifié sur France 2 de «choquante et scandaleuse» la décision prise à Dreux. Selon lui, «ce n'est pas une décision isolée», mais «la conséquence directe de la politique que conduit le gouvernement, que conduit la garde des Sceaux». À ses yeux, en effet, Mme Taubira «souhaite» que les délinquants soient remis en liberté. «Elle l'a même écrit dans une circulaire du 19 septembre 2012», affirme l'auteur en 2011 d'un rapport sur l'exécution des peines, où il préconisait de porter le parc pénitentiaire de 56.000 à 80.000 places d'ici à 2018, en créant des modèles d'établissements mieux adaptés aux profils des délinquants.
À l'entendre, le message de la ministre «installe dans notre pays une situation d'impunité pour les délinquants». Or, rappelle-t-il, «la France est, avec la Belgique, le pays d'Europe qui dispose de moins de places de prison».
Éric Ciotti a donc demandé à François Hollande de «lancer des instructions dès aujourd'hui pour abroger cette circulaire scélérate de septembre 2012 qui donne des instructions pour éviter la prison» puisque, selon lui, «le seul message efficace pour éviter la récidive, c'est la prison ferme». L'ancien ministre UMP Benoist Apparu a qualifié, pour sa part, d'«ahurissant» et «surréaliste» que, «au cœur de l'été, nous ayons trois personnes condamnées qui ne passeront pas une nuit en prison». Député, président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan a déclaré qu'il est «impératif de construire au moins 20.000 places de prisons supplémentaires. Le gouvernement socialiste préfère remettre en liberté les délinquants plutôt que de construire ces places indispensables».