Tunisie : l'Intérieur attribue l'assassinat de Mohamed Brahmi à un salafiste «extrêmiste»

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Tunisie : l'Intérieur attribue l'assassinat de Brahmi à un salafiste «extrémiste»

Publié le 26.07.2013, 11h56 | Mise à jour : 14h58


Le député tunisien Mohamed Brahmi, le 19 octobre 2012 à Tunis.
 
Au lendemain de l'assassinat par balles du député d'opposition Mohamed Brahmi devant son domicile, des centaines de Tunisiens ont de nouveau manifesté vendredi à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda. Une grève générale a été lancée en signe de protestation, provoquant l'annulation de nombreux vols aériens. La présidence de la République tunisienne a également décrété un jour de deuil national ce vendredi. Alors que la famille de l'opposant met en cause Ennahda, le ministre tunisien de l'Intérieur accuse un salafiste «extrémiste» d'être impliqué dans la mort de Mohamed Brahmi et dans celui de Chokri Belaïd, tué il y a près de six mois.

La piste du salafiste «extrémiste». 

«Les premiers éléments de l'enquête ont montré l'implication de Boubaker Hakim, un élément salafiste extrémiste», affirment ce vendredi le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou. Il indique que l'homme est également impliqué dans l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, tué aussi par balles le 6 février 2013. «L'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd.» Jeudi, Chhiba Brahmi, la soeur du défunt, avait lancé, en pleurs : «J'accuse Ennahda» (les islamistes au pouvoir) de l'assassinat de (son) père. «Notre famille avait le sentiment que Mohamed allait connaître le même sort que Chokri Belaïd», avait-elle ajouté.

Des centaines de Tunisiens manifestent ce vendredi à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda. «C'est aujourd'hui qu'Ennahda doit tomber», crient les manifestants, des syndicalistes pour la plupart défilant sur l'avenue centrale Habib Bourguiba, encadrés par un dispositif de sécurité. Les protestataires s'étaient rassemblés auparavant sur la place emblématique Mohamed Ali devant le siège du syndicat UGTT à Sidi Bouzid, la ville natale de l'opposant assassiné et point de départ de la révolte qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

Tous les vols de Tunisair et de sa filiale Tunisair Express ont été annulés ce vendredi et aucun avion n'a décollé, conformément à l'appel à la grève de la puissante centrale syndicale UGTT. Les compagnies Air France, Alitalia et British Airways ont également annulé leurs vols depuis et vers Tunis, les techniciens au sol étant en grève. Les quelques cafés habituellement ouverts lors du ramadan sont fermés, les marchés peu animés et plusieurs commerces ont leurs rideaux baissés. En revanche, le tramway et les taxis assurent un service minimum.

La présidence de la République tunisienne a décrété un jour de deuil national ce vendredi à l'occasion de l'enterrement du député. Le président Moncef Marzouki a ajouté que les drapeaux tunisiens seraient également mis en berne. Dans un discours adressé jeudi au peuple, il a estimé que l'assassinat de Mohamed Brahmi visait à discréditer les révoltes du Printemps arabe.

Le Parlement européen dénonce l'assassinat et la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a demandé «une enquête rapide et transparente». La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a condamné «avec la plus grande fermeté» l'assassinat et a appelé la Tunisie à une «réponse citoyenne et pacifique».

VIDEO. La colère et les larmes de la fille de Mohamed Brahmi (en arabe)



Chef d'un parti d'opposition tunisien, le député Mohamed Brahmi a été tué par balles ce jeudi devant son domicile près de Tunis. Il s'agit du second assassinat d'un opposant en six mois, après celui de Chokri Belaïd. Dans les deux cas, leurs partisans ont accusé les islamistes au pouvoir d'être derrière les meurtres.