WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International
Espagne : Francisco José Garzón, le cheminot au coeur de l'enquête
Mis à jour le 26/07/2013 à 10:17 - Publié le 26/07/2013 à 10:08
La locomotive que conduisait Francisco José Garzón. Ce dernier a été blessé dans l'accident .
Le conducteur du Madrid-El Ferrol va être entendu dans la journée par les enquêteurs, qui souhaitent comprendre pourquoi ce cheminot expérimenté roulait à 190 km/h au lieu de 80 dans un virage dangereux.
«C'est un gars normal et responsable». C'est ainsi que les habitants du village de Monforte de Lemos, en Galice, décrivent Francisco José Garzón, le conducteur du train à grande vitesse ayant déraillé à quelques kilomètres de Saint-Jacques de Compostelle, faisant au moins 80 morts. L'enfant du pays, âgé de 52 ans, a été placé sous le régime de la garde à vue, bien qu'il soit toujours hospitalisé. Il sera entendu par les enquêteurs ce vendredi, et sera assisté par un avocat, comme la loi espagnole le lui permet.
Originaire de Galice, Francisco José Garzón est entré à la Renfe, la SCNF espagnole, il y a trente ans. Il travaillait alors à la gare de Monforte de Lemos, son village natal. «Il a commencé comme simple manoeuvre, et il a grimpé les échelons», explique l'un de ses proches à Publico. Après vingt années de service, ce cheminot devient assistant de conducteur de train en 2000, puis conducteur à part entière en 2003. Affecté sur la ligne Madrid-Barcelone, il obtient en 2010 sa mutation en Galice. L'homme, divorcé sans enfant, s'installe à la Corogne pour s'occuper de sa mère, malade.
Aux commandes pour les 200 derniers kilomètres du trajet
Ce jeudi 25 juillet, Francisco José Garzón était aux commandes du train à grande vitesse Alvia faisant la liaison entre Madrid et El Ferrol. Le cheminot est monté dans le train à Ourense, à 200 kilomètres du terminus, afin de relayer le conducteur déjà en place. La suite du trajet est connue du cheminot, qui travaille sur cette liaison depuis plus d'un an. Une grande ligne droite de près de 100 kilomètres, à parcourir à 220 km/heure, l'attend. À l'approche de Saint-Jacques de Compostelle, il doit freiner rapidement pour passer à 80 km/heure une série de virages avant la gare. Mais ce jour-là, le train ne ralentit pas.
Coincé dans la cabine de pilotage, Francisco José Garzón, légèrement blessé, s'est écrié par radio: «je devais être à 80, je suis à 190! J'espère qu'il n'y a pas de morts, sinon j'aurai ça sur la conscience». L'homme, qui a aidé des passagers à sortir des voitures, a été vu au téléphone dire plusieurs fois: «on a déraillé, qu'est-ce qu'on va faire, qu'est ce que je peux faire?» Quelques heures plus tard, les enquêteurs ont décidé de lancer des investigations sur le cheminot, défendu par les syndicats du rail pour son professionnalisme.
Une publication Facebook polémique
Les médias espagnols ont aussi mené leur enquête sur le conducteur. ABC s'est penché sur son compte Facebook, fermé quelques heures après le drame. Le journal a trouvé une photo datant de mars 2012, où l'on peut voir le tableau de bord d'un train. L'aiguille indique une vitesse de 200 km/heure, une allure classique sur un train à grande vitesse. «Mec, tu vas trop vite, freeeeeeeeeeeeeeine», écrit l'un de ses amis. «Je suis à la vitesse maximale autorisée, si je vais plus vite, je me prends une amende!», répond le conducteur. «Comment tu perdrais tous tes points [de permis voiture, ndlr] si la
guardia civil [police espagnole] te choppait», plaisante un autre ami. «Quel plaisir ça serait de passer devant la police et de faire péter le radar. La Renfe se prendrait une sacrée prune!», lui répond le cheminot.
- Citation :
- diegogmx @diegogmx
El maquinista del tren de Santiago? Alardeando de ir a toda hostia en Facebook? #AccidenteSantiago pic.twitter.com/DSIsM18JTe
9:18 AM - 25 Jul 2013
Cette petite phrase, relayée par tous les médias, a tôt fait de transformer Francisco José Garzón en fou du volant aux yeux d'une partie de l'opinion publique espagnole . D'autres dénoncent au contraire «un journalisme de caniveau» sortant une déclaration de son contexte. «Ça date de mars 2012, il y a un an. Un Alvia [TGV espagnol] peut aller à 200 km/h. Où est le problème?», écrit un internaute sur le site d'ABC. «La seule question qu'on devrait se poser, c'est pourquoi le train n'a pas freiné automatiquement si la vitesse maximale autorisée a été dépassée. Quelle est la responsabilité de la Renfe?», lance un autre. Seule l'enquête, qui vient à peine de débuter, pourra le déterminer.